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9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 18:00

 

 

 

 

 En ces temps obscurs de neige, de froid, sur fond de réchauffement climatique planétaire, en ces temps où je dois envelopper mes chaussettes d’un sac plastique avant de mettre mes tennis, en ces temps où, hier, me refusant à sortir sous trente centimètres de neige, je passai l’après-midi à ne rien foutre, et, culpabilisant, regardai un film soviétique de 1934 histoire d’avoir l’air intellectuel… il nous faut l’intermède Mimi Mathy.

 

Pour les internautes étrangers à la France et à sa magnifique culture télévisuelle, Mimi Mathy est une actrice naine.

Mimi Mathy joue depuis fort longtemps dans une série intitulée Joséphine, ange gardien. Son rôle est celui d’un ange gardien, au sens littéral du terme. Dans chaque épisode, Mimi Mathy – alias Joséphine – se trouve un pauvre mortel vivant une situation difficile. Depuis les cieux, Mimi Mathy décide d’intervenir. Elle s’immisce alors dans la vie du mortel, et intervient, à coups de baguette magique, pour arranger son problème. Au terme de l’épisode, le mortel a surmonté sa phase difficile, et Mimi Mathy disparaît aussi bêtement qu’elle est apparue, ravie d’avoir exécuté sa mission.

 

N’ayant pas la télévision, je découvris cette série en passant une soirée chez ma grand-mère.

Je fus absolument abasourdi par la nullité de l’épisode. A côté, Julie Lescaut, Les Feux de l’Amour ou Navarro, c’est du Tarkovski, je vous assure.

Avec toute la cruauté dont elle peut parfois, et inopinément, faire preuve, ma grand-mère commenta :

 - J’aime bien cette série, parce que, Joséphine, elle me fait rire quand elle marche. Regarde. Elle sautille, elle se dandine comme une pauvrette. Elle est vraiment marrante.

De mon côté, le visionnage de deux épisodes ne me porta pas à sourire.

Il nourrit, chez moi, une aversion totale pour ce personnage.

 

Quelques mois plus tard, j’eus l’occasion d’exprimer l’origine de cette aversion.

 

J’étais à mon travail rémunéré de salarié du privé.

De temps en temps, je suis amené à me rendre dans les bureaux de mon entreprise pour faire signer des papiers, valider des commandes, ce genre de choses.

La comptable prend son temps, quand je suis là, ça lui fait de la visite. Deux ou trois employés de bureau, de sexe masculin, se la radinent aussi – on me demande de mes nouvelles, on me parle de la pluie et du beau temps, bref, je crée un petit moment de loisir.

Nous étions donc tous là, autour du bureau de la comptable qui traînassait à purger la paperasse dont j’avais besoin.

Elle me demanda ce que j’avais regardé à la télé, la veille au soir.

 - Ben j’ai pas la télé, en fait.

 - Ah bon ? Moi, j’ai regardé Joséphine, ange gardien. Tu connais ?

 J’émis un son de gorge atrophié. Les employés de bureau eurent des gloussements significatifs.

 - J’aime beaucoup cette série, continuait la comptable. Voir cette femme qui fait le bien autour d’elle… Elle est vraiment géniale. Je comprends que ce soit la personnalité préférée des Français.

 Allez savoir pourquoi, pris d’un soudain élan de spontanéité, je lâchai :

 - Ah bon ? La personnalité préférée des Français ?

 - Oui oui. Ça t’étonne ?

 - Un peu, ouais ! Putain, c’est le mal incarné, Mimi Mathy !

 Cette phrase déclencha l’hilarité chez les employés mâles. La comptable décilla.

 - Pourquoi tu dis ça ?

 - Je dis ça en pensant aux nains. C’est terrible ce qu’elle leur fait !

 Les mâles s’écroulèrent entre deux bureaux.

 - Non mais chuis sérieux ! Je suis sûr que les nains la détestent !

 - Sûrement pas ! riposta la comptable. Au contraire, elle donne une bonne image, et elle a permis à leur… leur… à ces gens d’être visibles à la télévision !

 - Mais à quel prix ? Je suis prêt à parier que les nains n’ont qu’une envie : la fusiller !

 - Oh ! s’écria la comptable.

 Les mâles étaient enchantés du divertissement, et m’encouragèrent à exposer mes arguments.

 - Pourquoi tu dis ça Stoni ?

 - Oui pourquoi les nains ils veulent fusiller Mimi Mathy ?

 - On veut savoir ?!

 - Bon, moi, personnellement, j’ai rien contre l’actrice. Je la connais pas, cette femme. C’est ce qu’elle représente qui m’énerve, et qui doit aussi énerver les nains. Eux, je suis certain qu’ils ont un truc personnel à lui reprocher, tu vois !

 - Pourquoi ? Pourquoi ?

 - Parce qu’elle est foutrement pas tirable ? gloussa un homme.

 - Exactement, répondis-je.

 Fou rire généralisé.

La comptable hurla au scandale.

 - Comment vous pouvez parler d’elle comme ça… c’est dégueu !

 - Ce qui est dégueu, c’est que, justement, ce rôle de connasse de Joséphine soit un rôle asexué. On montre des nains à la télévision, mais on ne peut pas les montrer en tant que personnes sexuées. Il faut qu’ils soient des sortes d’entités mystiques, religieusement foutraques, et tout le monde sait qu’un ange… ça ne baise pas !

 - Vous êtes dégueus ! Dégueus, tous ! Et ça vous fait rire, vous !

 - Ouais franchement c’est pas marrant ! Pensez aux nains, bordel de merde ! Les nains, ce sont des gens comme vous et moi. Ils ont une sexualité comme la nôtre, ils font l’amour et ils ont même des enfants. Le degré de réaction, de saleté intellectuelle, d’obscurantisme de ce personnage, qui les ravale tout à coup au rang d’esprits châtrés… tout ça parce qu’ils ne sont pas « beaux »… ça me donne envie de gerber !

 - Enfin Stoni, ils allaient pas faire une série où Mimi Mathy elle couchait avec des gens !! C’est n’importe quoi ! C’est pas du tout le ton de la série !

 - C’est vrai que l’image de deux nains qui s’embrassent, ça aurait pu déranger les gens. Mais je n’en demande pas tant. Le personnage de Joséphine aurait pu être une femme naine, bien vivante, pas du tout ange. Mais non ! Ça n’allait pas ! Parce qu’une femme naine, même si elle n’a pas d’aventure sexuelle dans la série, on conçoit bien qu’elle a malgré tout une sexualité. Peut-être qu’elle se masturbe… Elle a des fantasmes, comme tout le monde, il y a des choses qui l’excitent… Et ça, ça n’était pas possible ! Un nain ne doit pas avoir de sexualité ! Alors, on fait quoi ? Joséphine, ange gardien ! Et quand je pense que Mimi Mathy ose se poser comme une représentante de la diversité à la télévision… C’est une honte, bordel de tapioca !

 Tandis que les salariés mâles applaudissaient à deux mains, les larmes aux yeux, les joues rouges, le souffle coupé, la comptable se dépêcha de me refiler ma paperasse.

 

 

C’était donc l’intermède Mimi Mathy.

 

 

 

 

 

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13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 17:22


jy-crois-pas.jpg

Citoyens, ouvrez les yeux !!

 

 

 

 


 J’ai des amis qui ont eu un bébé.

Désormais, leur monde entier gravite autour du bébé. On les comprend. Et je dois avouer qu’il est marrant, ce bébé. Pour une fois, je ne lui trouve pas une tête de Gorbatchev, et je ne ressens donc aucune sensation désagréable quand je le regarde.

En présence d’un bébé, je conserve toujours une distance toute empreinte de respect.

 

Un bébé, ça ne rigole pas. Je pense que, si je ne le fais pas chier, il ne me chiera pas dessus. Donnant donnant. J’évite de les toucher et de les prendre dans mes bras.

 

Mes amis sont obnubilés par le bébé. Encore une fois, on les comprend. C’est le leur. Et donner la vie restera le plus élémentaire, et le plus fondamental travail que l’homme et la femme pourront jamais faire.

A côté, l’aventure spatiale, c’est de la gnognotte.

Cela dit, quand vous êtes extérieur au bébé (et que vous gardez prudemment vos distances), les séances de visionnage des vidéos du bébé, l’exposition des photos du bébé, l’exhibition du bébé en personne, puis la discussion sur le bébé, sont, à la longue, un peu emmerdantes.

Ce n’est pas bien grave.

 

Mes amis me demandent ce que j’en pense. Du bébé.

 - Ma foi, il a pas une tronche de Gorbatchev, il est plutôt pas mal !

 - Il est mignon, hein ?

 - C’est bien ce que je dis.

 - Regarde comme il est tout petit. T’as vu ses petits petons-petons, comme ils sont petits ?

 Je jette un coup d’œil faussement curieux sur les petons-petons. Le bébé (un mois) intercepte ce regard et accouche d’un sourire ravi.

 - Oh t’as vu il a fait risette !

 - Il a fait quoi ? toussé-je, embarrassé.

 - Risette ! T’es écrivain, tu sais pas ce que ça veut dire ?

 Je regarde mon pote, que je connais depuis nos quinze ans. On a joué les lascars ensemble, insulté tous nos profs, fumé un peu d’herbe, déconné et parlé cul non-stop : maintenant, il prononce naturellement l’expression faire risette.

J’y crois pas.

 - Si en fait, mais venant de ta bouche, ça faisait trahison.

 Il se marre. Et reprend les petons-petons en photo pour la cinquantième fois de la journée.

 - Chaque jour on prend les petons-petons en photo, comme ça on verra l’évolution dans le temps.

 - Jusqu’à quand ?

 - Oh, jusqu’à ce qu’on en ait marre.

 - Du bébé ?

 - Non ! De prendre les petons-petons.

 - Oh, fais-je déçu.

  - On en aura jamais marre de notre gros bout de chou peton-peton mimi !

 Là-dessus, mon pote hisse le bébé à bout de bras devant moi, histoire que je n’en perde pas une miette visuelle.

 - Fais gaffe, j’ai peur qu’il se mette à pisser, là.

 - Mais non, et puis il a sa petite grenouillère trop mimi peton-peton !

 Le bébé s’agite et accumule les sourires ébahis. Je le toise froidement. Qu’est-ce qu’il a à me draguer comme ça, celui-là ?

 - Il t’aime trop Stoni ! Chérie ! Viens voir comme peton-peton il aime trop Stoni il lui fait plein des risettes !

 - Ben tu peux le reposer, en plus je trouve qu’il pue.

 - Mais non il pue pas !

 Mon pote renifle le cul de la grenouillère.

 - Ah si, t’as raison. Il a fait son popo le peton-peton chou ?

 Néanmoins, il ne le change pas.

 - Oh, il schlingue à fond, quand même. Tu lui fous pas une nouvelle couche ?

 - J’ai pas envie, en fait.

 Mon pote préfère se péter une clope tranquille. A la fenêtre – la cigarette ayant, sur un bébé, les conséquences du bombardement de Hiroshima Nagasaki, comme chacun le sait.

Je le rejoins pour fumer aussi, et n’aimant pas rester seul dans le périmètre du bébé.

 - On dirait que tu t’en méfies ! ricane mon pote.

 - Du bébé ?

 Il hoche la tête.

 - Bien sûr que je m’en méfie. Y’a pas plus crapule qu’un bébé.

 - Déconne pas ! Il est tout innocent, regarde-le !

 - Innocent ? Mon cul, ouais ! Il marche à fond dans le système, il est déjà super social-démocrate. Je me méfie de lui comme d’un adulte !

 - Oh, tu déconnes, pas vrai ?

 - Tu crois que ton fils est protégé du politique par son bas âge. Alors que tu sais très bien qu’il est déjà intégré dans les rapports humains, et les rapports économiques. Et je vais te dire pourquoi le bébé universel est le pire des vendus : il est entré dans la dialectique de la consommation et de la production dès sa naissance. Et pour l’instant, il en est encore au stade le plus parasitaire. Le projet économique de la bourgeoisie, c’est le retour au statut de bébé. Consommer sans produire !

 - C’est pas un vendu, peton-peton !

 - Oh que si ! A fond ! Crois-moi !

 - Mais c’est un fils d’ouvrier !

 - Et alors ? Il consomme sans produire.

 - Mais il a pas le choix, le pauvre !

 - Parce que vous l’élevez comme on a élevé des enfants depuis l’instauration de la division de classes. Vous lui donnez le lait sans lui faire comprendre qu’il a fallu un acte de travail pour seulement acquérir ce lait. Pour avoir du lait, on travaille.

 - C’est le lait de sa mère, réplique mon pote d’un ton vexé.

 - Et alors ? Pour produire son lait, elle doit manger, et pour manger, vous devez travailler. T’es d’accord avec moi ? Et quand bien même vous ne travailleriez pas – vous seriez des bourgeois, par exemple – pour manger vous auriez besoin de la force de travail de la société. On n’achète pas de poireaux au supermarché sans le personnel de mise en rayon, sans les transporteurs de poireaux, les producteurs de poireaux, puis ceux d’engrais… etc.

 - Tu voudrais qu’on le nourrisse… en lui faisant comprendre que ça vient du travail ? Mais c’est impossible !

 - Pourquoi ? Il faudrait simplement établir un stimulus, une gestuelle, qui signifie ce lien de causalité. Mimer le travail. Ou le dire, s’il comprend ce qu’on dit.

 - Mais il comprendrait pas ! Il est trop petit !

 - Il comprend assez pour me faire des sourires tandis qu’il me connaît ni d’Eve ni d’Adam. Et t’inquiète pas, il le fait pas sans bonne raison. Il comprend qu’il doit pleurer pour obtenir le lait. Il comprend l’affection que vous lui portez. Et il y répond. Ce n’est pas un être amorphe. Et s’il répond, c’est parce qu’il y trouve un intérêt. L’intérêt surdétermine tout comportement humain.

 Mon pote a un instant de silence, puis passe à la phase de révolte :

 - Peton-peton il a rien demandé à personne, c’est dégueulasse que tu le juges comme ça !

 - Cette petite crapule qui pense qu’à se goinfrer ? Putain, je suis gentil, encore ! Il marche à fond dans le système bourgeois !

 Là-dessus, le bébé commence à se manifester. Il pousse des hoquets de révolte, lui aussi.

 - T’entends tu lui as fait peur, avec tes conneries !

 - Tu vois que c’est une crapule ! Il braille quand on remet en cause sa position parasitaire !

 - N’empêche, je suis pas d’accord. Un bébé il a vraiment pas le choix, il peut qu’être un parasite.

 - Ça plaît assez aux enfants pour qu’ils le restent jusqu’à leurs dix-huit ans – voire plus, s’ils peuvent se le permettre.

 - Tu veux faire bosser les enfants ?

 - Non, je voudrais qu’ils ne se complaisent pas dans leur paradis de consommation unique. L’enfance est la meilleure initiation, et conversion, qu’il soit au système capitaliste. L’enfance est le projet – régressif, comme tu le vois – de la bourgeoisie capitaliste. Tout ce que je veux, c’est qu’ils aient conscience de la dialectique de la consommation et de la production. Une société communiste saurait mettre en place ce genre d’initiation révolutionnaire : elle n’aurait pas le choix, de toute façon.

 - Tu voudrais endoctriner les gamins !

 - Pas plus qu’ils ne sont actuellement endoctrinés par le plaisir que, culturellement, on invente autour de la consommation du bébé. Le biberon, mais sans principe de réalité. Le biberon, sans que l’on dise la sphère de la production. C’est un endoctrinement, et nous y sommes tous passés. Nous sommes foncièrement des nostalgiques de notre enfance – rêve de parasitisme bourgeois. Nous sommes, nous des travailleurs et des fils de travailleurs, les meilleurs agents de propagande du capitalisme. Tu saisis la perfection paradoxale de la chose ?

 - Ouais, je sais pas…

 Dans son landau, le bébé remue ciel et terre en poussant des sons de désespoir.

 - En fait tu dois avoir raison, tempère mon pote. Mais pourquoi l’endoctrinement que je fais à mon gamin passe comme une lettre à la poste ? Je veux dire : je le fais. J’aurais dû m’en rendre compte.

 - C’est un endoctrinement non-dit. Tout le politique capitaliste – quand je dis politique je parle des relations entre les hommes – est non-dit. C’est le génie de l’intersubjectif.

 - Peton-peton c’est une crapule, acquiesce mon pote.

 - La pire !

 - La pire. Ouais, à la fois, je m’en doutais. Il arrête pas de me réveiller la nuit, alors que je me lève à cinq heures du mat.

 - Un vrai petit con arrogant bourgeois !

 - Je te le fais pas dire !

 Mon pote se décide à prendre le bébé dans ses bras, ce bébé qui me fusille d’un regard noir.

 - Je vais changer la couche de peton-peton. Tu sais, je vais réfléchir à un moyen de traduire l’ordre du travail.

 - Bordel de merde, si tu fais ça, tu vas élever le premier bébé révolutionnaire de France.

 - C’est vrai. J’ai de grands projets, pour lui.

 

 

 

 

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 19:38

 

 

 

« Moi, Stoni, 25 ans, travailleur du privé, communiste, écrivain, hyperréaliste radical, marxiste, fumeur de tabac, ex-mannequin, ex-deejay, ex-punk, ex-lascar, aliéné notoire, artiste, guitariste, ukuléléiste, autodidacte, robespierriste, fils d’une toxicomane et d’un immigré névrosé… »

 

 moi...

 


Note de l’éditeur :

 

Un sale petit connard de vingt-cinq berges raconte, sans honte ni vergogne, sa vie totalement dérisoire dans un monde qui ne l’est pas moins.

 

D’une petite ville de province, banlieue mi-rurale mi-urbaine, au Paris des  réunions politico-mondaines littéraires où cet avorton fout un souk pas possible, vous découvrirez les ravages causés par le matérialisme dialectique, le marxisme-léninisme et l’hyperréalisme radical sur un jeune esprit impressionnable.

 

Témoignage choc d’une génération perdue, sacrifiée et désoeuvrée, ce livre fait partie de ceux qu’on n’oublie pas.

 

Se réclamant des personnalités les plus stals que la terre ait connues (Rousseau, Robespierre, Marx, Lénine, Malcolm X et R2D2), ce petit con sait inquiéter.

 

La question étant : combien, parmi nos jeunes, prendront son chemin ?

 

A lire d’urgence – pour esprits avertis.

 

 

 

 

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10 décembre 2009 4 10 /12 /décembre /2009 13:55



 

Je n’ai toujours pas allumé le chauffage. Je suis sûr que je vais tenir jusqu’au printemps.

Les joies du réchauffement climatique.

 

Je constate également ne pas avoir suivi de cours d’histoire quand j’étais en terminale.

Certes, je n’allais pas souvent au lycée.

Certes, j’étais alors en bac techno (STT, aujourd’hui me semble-t-il on dit STG).

Enfin, quand même. Tout le monde s’en fout.

 

 

 

 

 

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4 décembre 2009 5 04 /12 /décembre /2009 19:10




Attention, ça rigole pas.

 

 

 


  Bon saint-bernard à mes heures (comme tous les sadiques refoulés), j’ai gracieusement relu, et corrigé, la thèse de doctorat d’un camarade.

 

 La thèse portant sur la linguistique, mes apports se limitèrent à la construction des phrases, aux fautes d’orthographe, de grammaire, etc…

 

 Néanmoins, je pris un grand plaisir à lire ce travail, puisque – malgré mon ignorance totale – je le compris de bout en bout.

 

 Je me rendis donc à la soutenance du camarade, souhaitant aller au terme de ma démarche. Après tout, cette thèse, je m’y étais attaché, et puis, je désirais encourager le doctorant.

 

 N’ayant jamais suivi d’études supérieures, je pénétrai dans l’antre universitaire (une grande école de sciences humaines où ça rigole pas du tout) en parfait plouc que je suis.

 

 Ce que je vis me conforta absolument dans le choix que je fis, bien des années auparavant, de ne pas faire l’université… bref.

 

 

 D’autres potes du camarade assistaient à la soutenance.

 

 

 Lorsque le jury présenta sa sentence, j’entendis que mon ami recevait son titre de docteur, avec la mention « très honorable ».

 

 Curieux, je me penchai vers mon voisin et demandai :

 

 - C’est bien comme mention ?

 

 Le voisin en ouvrit des yeux comme des soucoupes.

 - Ben c’est la seule mention qui existe…

 Il était très embarrassé.

 - Et on peut ne pas avoir de mention ? demandai-je encore.

 - Euh… ben à toutes les thèses auxquelles j’ai assistées, le doctorant a toujours eu une mention, et c’était celle-là…

 - Tout le monde l’a, quoi ?

 - Oui oui…

 Méfiant, il s’écarta de trois pas.

 

 Nous sortîmes de la salle. Mon ami nous invita à boire un coup, histoire de fêter ça.

 

 Dans le café universitaire, je compris que tous ses potes étaient thésards. Ils se mirent à parler de leur thèse, de leur directeur de thèse, du sujet de leur thèse, de leurs ambitions universitaires, de leur future soutenance.

Je me plaçai dans un petit coin avec mon coca, en présageant de partir au plus vite.

Finalement, une étudiante me repéra et m’interrogea :

 - Et toi, tu fais quoi comme thèse ?

 Je ne pus refouler un rire nerveux.

 - Non, je fais pas de thèse, en fait je suis même pas étudiant. Je suis venu car je suis un ami de machin, c’est tout.

 - Oh. Mais quel est ton cursus ? Tu t’es arrêté quand ?

 - Au bac techno, à vrai dire.

 - Ah…

 Elle grimaça de biais, et se tourna vers d’autres personnes.

Comme j’allais m’éclipser tout à fait discrètement, mon ami vint se réfugier à mon côté.

 - Qu’est-ce que t’en as pensé, Stoni ? Ils m’ont bien démoli, t’as vu ?

 - A mon avis, c’est la règle du jeu, t’en fais pas. Ces mecs-là, le jury, c’est tous des profs. Ils vont pas dire que ton travail est sans défaut, à toi qui n’es qu’un étudiant.

 - Ouais mais quand même…

 Un autre thésard se greffa à notre duo. Avec mon ami, ils reprirent une conversation entamée plus tôt.

Visiblement, mon ami avait osé remettre en cause Aristote.

 - Quand même, lui dit le thésard, tu peux pas jeter toute la philosophie d’Aristote ! C’est la base de toute la pensée occidentale !

 Réflexion d’autant plus marrante que mon ami est Chinois.

Mon ami qui s’excusa en haussant les épaules, mais qui ne démordit pas :

 - Ecoute, moi, Aristote, je ne le considère pas comme un élément fondateur dans ma culture, voilà…

 Cette réponse, pourtant enrobée de délicatesse et de modération, mit le feu aux poudres.

Durant dix minutes, le thésard – en philosophie – s’excita sur tous les bienfaits d’Aristote, et ne lâchait pas mon ami, voulant lui faire admettre ce qu’il n’admettrait pas…

Mon ami se ratatinait avec désarroi, timide et honteux.

Pendant ce temps, je suivais le monologue du type, jusqu’à ce que je finisse par l’interrompre :

 - Ouais bon, Aristote tu kiffes, on a compris, c’est ok !

 Le thésard me tua du regard.

 - Qui t’es, toi ? Tu travailles sur Aristote ?

 - Ouais, fis-je pour rigoler.

 Seulement, le thésard ne rigolait pas. Il me prit au sérieux, lui. Les poings sur les hanches, il me toisa avec condescendance :

 - Ah bon ? Je t’ai jamais vu dans les cours de notre Grande Ecole de Sciences Humaines ?

 - En fait, c’est que je suis à l’université de Moscou.

 - Ah bon ? Vraiment ?

 Il rougit de jalousie.

Je ne savais pas que l’université de Moscou était réputée.

 - Ouais ouais, chuis doctorant là-bas. Mais ils m’ont détaché ici, pour faire des recherches.

 - Sur Aristote ?

 Je hochai la tête.

 - Et c’est quoi, le sujet de ta thèse ?

 D’autres thésards s’agglutinèrent autour, curieux.

 - Le sujet de ma thèse, c’est Aristote et la carotte.

 Ils battirent des cils. Du regard, ils se consultèrent, dans l’espoir que l’un d’entre eux sache de quoi j’étais foutrement en train de parler.

Peine perdue !

 - Aristote et la carotte ? reprit le thésard fou furieux.

 - Tu connais pas l’anecdote ?

 - Non, c’est dans quel livre ?

 - L’Organon.

 - Mais quel traité ?

 - Les Topiques.

 Ils se creusèrent tous le ciboulot, cherchant dans leurs souvenirs des Topiques la mention d’une carotte.

En vain.

 - Ça me dit rien, ta carotte !

 - C’est dommage. C’est au moment où Aristote raconte comment il s’est foutu une carotte dans le cul.

 Un grand silence suivit.

Je demeurai sérieux comme un pape. Ils doutaient !

 - Tu veux dire… littéralement ?

- Ouais, mais il dit pas « foutre dans le cul ». De toute façon, traduit du grec ancien, ça perd en authenticité. Ça m’étonne que vous vous en rappeliez pas ! Dans les Topiques, Aristote il fait style : bon maintenant les gars ont fait une petite pause ! Et là, il raconte comment il s’est foutu une carotte dans le cul. Ce que j’expose dans mon travail, c’est qu’on sait peu, aujourd’hui, quel lubrifiant il a utilisé. Aristote parle d’huile d’olive. Mais, chez Diogène Laërce, on trouve une allusion à de l’huile de raisin. Il est évident que l’huile d’olive est un lubrifiant bien plus efficace, cela dit, Diogène met le doute ! Je m’interroge également sur la portée symbolique, épistémologique et philosophique de cet acte. Pourquoi une carotte ?

 - Ok, super drôle. Génial. Merci.

 - Attendez, je vous ai pas encore dit le point culminant de la thèse. Car je réponds à une interrogation jusqu’ici insoluble : combien de temps Aristote a-t-il gardé la carotte dans le cul ?? Putain c’est fort, les mecs, je vous jure !

 - En vrai, tu fais quoi comme thèse ?

 - Je vous l’ai dit.

 Le thésard pro-Aristote, qui tout à l’heure agressait mon ami, se montra encore hargneux : il n’appréciait pas qu’on rigole sur Aristote !

 - Parce que tu trouves ça marrant, de te foutre de la gueule d’Aristote ?

 - Euh, ouais. Vachement. Mais si ça te dérange, j’arrête. Je m’en fous, hein.

 - T’as lu Aristote ?

 

 

 Ah je l’attendais celle-là !

 Nous avions déjà vu que j’adore les questions « T’as lu Trucmuche ? » dans l’article sur Lukacs.

 

 - Mais oui j’ai lu Aristote, fis-je d’un air très responsable.

 - Et tout ce que tu trouves à dire, c’est ton histoire de carotte ?

 - C’est ce qu’il y a de mieux chez Aristote, je te promets.

 - Mais t’as lu la Poétique ?

 - Oh putain ça me fait chier la Poétique ! On arrête avec ça, les mecs. Si vous continuez sur Aristote, ça devient obscène, je vous jure. La Poétique, c’est pire qu’un film porno. Stop !

 - Mais après Platon il…

 - Oh il nous emmerde Platon ! Socrate il est marrant, ok, mais ça va pas plus loin ! C’est bon Platon, là !

 - T’as lu Kant ?

 - Tu fais dans le genre terrorisme intellectuel, toi !

 - Non mais réponds !

 - Ouais.

 - Et t’as compris ?

 - Pour ce qu’y a comprendre…

 - Ah ouais ? Parce que même moi, j’ai pas tout compris… Explique-moi !

 - Kant ? Comme ça ? En deux minutes ? Ok, Kant il pique tout chez Rousseau, il pose un vocabulaire sur ces concepts volés, et puis il se fout une carotte dans le cul !

 - N’importe quoi !

 

 Là-dessus, je disposai.

 

 L’enculage de mouche, ça va cinq minutes.

 

 

 

 

 

 

 

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3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 12:04


Un témoignage authentique de la violence du militantisme au quotidien.
Attention, certains passages peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes.

 

 

 

 


 Un dimanche matin, j’étais à Paris.

 

 Comme j’aime la bouffe, j’adore me balader dans les marchés.

 

 Et puis comme ça, je tombe sur deux militants en train de distribuer des tracts (en langue d’encarté, on dit « tracter »).

 

 Il y en a un qui porte un autocollant « PCF » sur la poitrine.

 


 

 Parce que j’ai le temps, et que j’ai bien envie de rencontrer des camarades parisiens, je m’arrête.

Les deux mecs me tendent illico un tract.

Je n’ai pas encore eu le temps de dire que j’étais au Parti.

 

 Je regarde le tract : « Front de Gauche ».

J’esquisse un sourire poli et le leur rends.

 - Merci, mais en fait, je suis un camarade. Je connais.

 Le mec « PCF » se fend d’un sourire enchanté.

L’autre, un jeune minuscule qui sautille sur place, en révulse des yeux surexcités.

Il commence à m’inquiéter, celui-là.

 - T'’es d’où ? demande-t-il.

 Je réponds brièvement.

 - Et ça se passe bien la campagne Front de Gauche, chez vous ?

 

 J’ai déjà exposé dans un ancien article que je n’étais pas extrêmement enthousiasmé par le Front de Gauche.

Donc j’explique :

 - Ben personnellement je suis pas pour la démarche, mais bon. Ouais je pense qu’ils font ça bien, les autres.

 - Quoi t'es pas pour la démarche ? hurle le petit.

 En hurlant, il décroise les bras, qu’il agite.

Je repère alors un autocollant « Parti de Gauche », bien dissimulé à la naissance de son aisselle – si je puis dire.

Putain je suis dans la merde.

 - Ben non chuis pas pour la démarche.

 - Et pourquoi ça ?

 Le mec « PCF » ne dit plus rien, renfrogné.

Tous les deux me fusillent d’un regard pour le moins comminatoire.

Je hausse les épaules.

 - Bah, chais pas !

 Ou la tactique dite « du gros débile ».

 - Tu sais pas ?

 - Nan, chais pas, c'est juste que ça me dit rien !

 - Mais c’est pas possible !

 La conversation est menée tambour battant, et de façon monopoliste, par le petit « Parti de Gauche ».

Le « PCF » s’écrase.

 - Attends, dis-moi ce qui te plaît pas dans le Front de Gauche, je veux comprendre !

 Visiblement, la tactique dite « du gros débile » ne prend pas.

N’ayant pas envie de baratiner pendant des heures sur « ce qui ne me plaît pas », je dégaine la vérité, telle l’arsenal militaire  complet de l’URSS, têtes nucléaires et Spoutnik compris :

 - Ecoute, je traîne avec le réseau des camarades proches d’André Gerin, tu vois ce que c’est ? Et nous on kiffe pas trop le Front de Gauche, c'est tout !

 Le petit « Parti de Gauche » manque de piquer l’ultime arrêt cardiaque de sa vie.

 - Ah bon ? Vraiment ?

 Le mec « PCF » se réveille.

Je comprends que, depuis un certain temps, leur curiosité devait accroître au sujet du réseau des stals, et qu’ils devaient mourir d’envie de rencontrer un de ses membres.

Avec moi, voilà chose faite.

Ils ne vont pas me lâcher aussi facilement.

 - Ah bah c’est marrant ça ! marmonne le mec « PCF ». T'es donc stalinien, camarade ?

 Je lorgne sur ce con en me demandant où est passée sa putain de solidarité de classe.

 - Si pour toi, être dans ce réseau c’est être stalinien, ben ouais, j’en suis !

 - Je vous comprends pas, lâche le petit « Parti de Gauche ».

 Je braque sur lui des prunelles intéressées.

Ah ouais, il nous comprend pas. Ben voyons.

 - Vous préférez l’alliance avec le PS plutôt que le PG ?

 - Non.

 - Alors pourquoi vous voulez pas du Front de Gauche ?

 Je le mate en répondant mentalement « comment te dire, connard ? Ah, en fait, c’est juste que j’ai rien à en foutre de ton petit parti de 3 000 adhérents ! ».

Mais je dis rien.

Comme tous les pauvres, j’ai tendance à être trop poli.

 - Non mais c’est vrai pourquoi vous voulez pas du Front de Gauche ? qu’il insiste. C’est dingue ça !

 - Ouais ! renchérit le mec « PCF ».

 - Bon, les gars, je suis à Paris pour le boulot, et là j’avais un moment de détente, j’ai envie de me balader, j’ai pas envie de me prendre la tête…

 - Pourquoi tu réponds pas à nos questions ? vocifère le petit « Parti de Gauche ».

 - Ben j’ai pas envie, là.

 - T'as peut-être du mal à exposer tes arguments contre le Front de Gauche ?

 - Non, je m’en balance, je te l’ait dit. Franchement, paye l’agression, ça va !

 - Je t'agresse pas !

 - Euh, si, légèrement quand même.

 - C’est vous qui êtes agressifs avec votre position rétrograde, là !

 - Nous qui ?

 - Le réseau !

 - Attends mon pote, t'es même pas du Parti !

 - Ben je dis ce que je veux quand même !

 - Ouais, mais j’ai rien à en foutre putain ! Je veux voir le prix des saucissons, là-bas !

 Je me tire.

Dans mon dos, le petit « Parti de Gauche » s’égosille :

 - N’empêche je comprends toujours pas votre position !

 Je me retourne.

 - Oh t'es relou toi !

 - Quoi ?

 

 

 Anecdote absolument insipide envoyée depuis le monde merveilleux de la politique de classe.

 

Merci.

 


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29 novembre 2009 7 29 /11 /novembre /2009 17:52



 

En exclusivité totale pour le Blog de Stoni, je publie gratuitement une bande dessinée de Pif le chien, qui fut censurée en son temps.

 

Comme je fouinais dans le grenier d’un certain parti communiste de France, j’ai déniché ce magnifique brûlot satyrique.

 

Composées en 1968, ces planches devaient paraître dans le journal l’Humanité. Les émeutes de mai retardèrent malheureusement leur publication, qui fut ensuite purement annulée.

 

Vous trouverez après les planches des liens et des explications concernant cette œuvre de haute voltige.

 

 

 

 

 





 

 

Résumé :

 

Hercule invite Pif à une réunion de sexualité de groupe. Invoquant un soviet dissident intempestif, Pif refuse.

Revanchard, Hercule fonde alors la « Nouvelle Revue Pour La Sexualité De Groupe Et Contre Les Soviets Dissidents Intempestifs », avec pour principaux rédacteurs Gilles Deleuze et Félix Guattari.

 

 

Liens :

 

Définition de « sexualité de groupe »

 

Définition de « soviet dissident »

 

Définition du mot « stal » (utilisé par Hercule p. 2)

 

 

 

Contexte historique :

 

Cette bande dessinée illustre la profusion contestataire propre à mai 68. L’allusion à Félix Guattari, et à son pair Gilles Deleuze, rappelle l’opposition qui déchirait alors « gauchistes marxisant » et communistes. Les premiers accusant les seconds de « les empêcher de jouir en rond » (sic).

L’œuvre touche au vif une façon tout à fait parallèle d’envisager l’émancipation humaine.

 

Historiquement, nous sommes certains que la revue fondée par Hercule a réellement existé. Les articles rédigés par Deleuze et Guattari n’ont malheureusement pas été conservés.

 

Hercule, qui décéda en janvier 2009 des suites d’une bronchite, a laissé trace de son activité journalistique dans son agenda.

Nous y trouvons ainsi écrit, à la page du 18 mai 1968 : « réunion de sexualité de groupe ».

Puis, à la page du 21 mai 1968 : « démonstration NRPLSDGECLSDI à Guattari et Deleuze ».

L’abréviation NRPLSDGECLSDI recouvrant, nous le gageons, l’appellation de la  Nouvelle Revue Pour La Sexualité De Groupe Et Contre Les Soviets Dissidents Intempestifs.

Enfin, à la page du 29 mai 1968 : « diffusion en librairie  de la NRPLSDGECLSDI ».

 

Des témoins assurent avoir acheté la revue dans certaines échoppes germanopratines, mais ne l’ont hélas pas conservée.

 

Une page de l’histoire politico-littéraire française à fouiller, donc…

 

 

 

 

 

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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 19:21

 

 

 

 Une vague connaissance me dit un jour :

 - J’ai un ami qui écrit…

 J’ouvris grand les yeux, afin de l’encourager à poursuivre.

 - Et comme tu écris

 Je hochai la tête.

 - Je peux lui passer tes coordonnées, pour qu’il te pose quelques questions ? Je crois qu’il a besoin d’aide…

 Sans trop avoir confiance en mes capacités à aider qui que ce soit, je hochai une seconde fois la tête.

 

« L’ami qui écrit » me contacta très vite.

Nous nous rencontrâmes.

Il était un peu plus âgé que moi, et rapidement, je compris que sa confiance en sa propre capacité littéraire supplantait la mienne, de loin.

Il m’interrogea avec circonspection sur ce que j’écrivais, quels étaient mes éditeurs, etc.

Il en tira le commentaire suivant :

 - Ouais… Tu fais du narratif, quoi…

 Ceci prononcé avec un dédain total.

 - En effet, je fais du narratif, eh bien, j’écris des romans…

 - Moi, je veux m’éloigner de la forme narrative classique.

 Ça se présentait très mal.

Je me renseignai à mon tour sur ses écrits, n’osant plus prononcer le mot « roman », ce qui handicapa lourdement la conversation.

 - J’essaie de casser les codes et les règles, mais de ne pas non plus trop bousculer le lecteur, parce qu’il faut garder en tête le fait qu’on doit le respecter… Alors tu vois, je développe un imaginaire sombre et désespéré, je ne m’attends pas à être compris, je crois que je vais choquer.

 Je restai pantois.

 - Euh, mais tu fais quoi au juste ?

 - Je viens de te le dire.

 - C’est de la poésie, du roman, de…

 - Ni l’un ni l’autre. Je t’ai déjà dit que je ne m’intéresse pas aux codes classiques.

 Il n’y avait pas que son imaginaire qui était désespéré, visiblement.

Là-dessus, il dégaina un manuscrit de 500 pages, qu’il posa sur la table du café.

Je considérai la chose en silence.

 - Tu veux jeter un coup d’œil, me dire ce que tu en penses ?

 Je tirai la ramette de papier de mon côté, et l’ouvris au hasard, au milieu.

Je tombai sur des phrases interminables, truffées de fautes d’orthographe et de grammaire, incompréhensibles. Bref, c’était très mal écrit.

J’allai une centaine de pages plus loin. Illisible, toujours.

Je refermai le manuscrit.

Il décilla des yeux de merlan frit.

 - Mais regarde mieux !

 - Tu l’as envoyé à des éditeurs ?

 - J’ai commencé, un peu.

 - Tu as eu des retours ?

 Il se trémoussa sur son siège, haussa les épaules, renifla.

 - Pas vraiment, c’est trop tôt pour le dire…

 - Ce que je viens de faire, c’est ce que n’importe quel éditeur – ou lecteur – fait en recevant un manuscrit.

 - Et alors ?

 - Tu as relu plusieurs fois, à voix haute ?

 - Oui, une fois. Pas plusieurs, c’est trop long.

 - Eh bien, tu devrais prendre le temps de le faire.

 - Je connais mon texte par cœur, répliqua-t-il avec violence. Je sais de quoi ça parle, pas la peine !

 - Je m’en doute, mais c’est pour revoir ton rythme. A voix haute, on entend très bien ce genre de choses. Les répétitions, également, la musicalité, parce qu’il faut que ce soit un minimum joli à entendre… La mode, ce sont les phrases courtes. Essaie d’épurer au maximum les par conséquent, en outre, c’est pourquoi

 - La mode ? Mais moi, je ne suis pas la mode.

 - Alors, il te sera très difficile de trouver un éditeur. Pourquoi ne pas revoir quelques petites choses ? L’important, c’est ce que tu as à dire, et pas tellement comment tu le dis, n’est-ce pas ?

 - Je constate que tu ne me seras pas d’une grande aide.

 Il rougit, serra les dents et partit.

 

 

  Je le recroisai par hasard.

 - De toute façon, personne ne me comprendra.

 - Alors, n’envoie pas ton manuscrit à des éditeurs. A quoi bon ?

 - Mais nous n’écrivons pas le même genre de choses.

 A vrai dire, je ne savais pas ce qu’il écrivait, ne l’ayant jamais compris.

 - Je t’ai donné mon avis, et il s’applique à n’importe quel domaine littéraire. Fais-en ce que tu en voudras…

 - Mais tu ne m’as rien dit !

 - Tu t’es levé et t’es parti.

 - T’avais même pas lu mon livre !

 - J’avais compris que ce n’était pas publiable en…

 Les mots étaient prononcés, j’avais amorcé la bombe : elle explosa.

 - Pas publiable ? haleta-t-il.

 - Tu ne me laisses pas finir… Pas publiable en l’état…. Et puis, ce n’est que mon avis. A chaque fois que des gens me font lire leur travail, je leur répète que je ne suis pas éditeur, et que je peux tout à fait me tromper. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Selon les pratiques des éditeurs que je connais, selon les échos récoltés par des confrères, je peux simplement te dire que ton manuscrit, tel quel, n’est pas publiable. Mais je suis loin de connaître tous les éditeurs de France…

 - Comment tu peux affirmer ça sans avoir lu le livre ?

 - Mais on ne le lira pas !

 Je sortis de ma sacoche un vieux bouquin des Editions Sociales (L’internationale Communiste, pour être précis) et le brandis devant lui.

 - T’as raté un épisode, mon pote. Regarde bien. Je suis un lecteur pour une maison d’édition. Je suis payé pour lire les manuscrits. Je reçois ton manuscrit.

 J’agitai le livre.

 - Je l’ouvre au hasard, je lis deux phrases.

 Ce que je fis.

 - Ces deux phrases vont me faire décider si, première option, je fous le manuscrit au rebut, ou si, deuxième option, je vais lire un peu plus loin. J’ai essayé de te le dire l’autre jour, tu m’as pas écouté.

 - Et qu’est-ce que tu en sais, que ça se passe comme ça ?

 - Je suis auteur…

 - T’es même pas connu !

 - C’est de moi ou de toi, dont tu veux parler ? Ecoute, fais comme tu le sens. Je t’ai dit tout ce que j’avais à dire.

 

  Selon les aléas des rues de mon quartier, nous étions destinés à nous revoir.

Il traînait les photocopies de son manuscrit avec haine et désespoir. Nous nous rencontrions parfois chez COREP, où je tirais des impressions, et où il dupliquait son œuvre par intermittence.

Je regardais les pages sortir de la photocopieuse en étreignant une singulière impression : c’était du gâchis. Pour lui. J’en étais épuisé à sa place.

 - T’as retouché ton manuscrit ?

 - Un peu, j’ai rajouté des passages.

 - T’as retouché ton style ?

 - Jamais. Plutôt mourir.

 Il insista pour me le faire lire une nouvelle fois. Je refis ce que j’avais fait au café, et en tirai la même conclusion.

 - Cette fois encore, tu voudras pas m’écouter. Alors…

 Je lui rendis le manuscrit.

 - Je dérange, prétendait-il. Les éditeurs. C’est pour ça qu’on me refuse.

 - Déranger comment ?

 - Ce que j’écris. C’est trop différent.

 - Je pense pas que les éditeurs soient des gens dérangés par la différence, eux ils pensent à faire du fric. C’est tout.

 - Facile à dire pour toi, qui restes dans leurs normes.

 - Si c’est ce que tu penses… C’est comme tu voudras.

 Il écumait les salons et festivals littéraires, son manuscrit sous le bras. Hargneux, volubile et débordant d’orgueil.

 - Tu devrais pas faire ça, ils détestent qu’on leur refourgue un manuscrit de 500 pages alors qu’ils sont en déplacement. Ils vont le jeter à la fin de la journée.

 - Non ! Parce que je peux leur parler, en même temps…

 - Ils se fichent de ce que t’as à dire. T’es un caca, pour eux. Une merde. Tu perds ton temps.

 - T’es jaloux, tu veux décourager ceux qui veulent faire ton métier.

 - Je devrais te parler des éditeurs, t’as besoin de savoir qui ils sont exactement.

 - T’es en conflit avec le tien, alors forcément, tu vas tout déformer ! En plus comme t’es coco, t’en profites pour faire de la propagande ! Non merci !

 Il me montra sa lettre d’accompagnement : trois pages de délire verbal sur ses prétentions littéraires.

 - Raccourcis-la. Souhaite-leur bonne lecture, lèche leur le cul en leur disant que tu as l’honneur de leur soumettre ton travail, et c’est tout. On ne la lira pas, cette lettre.

 - Mais il faut bien que j’explique, sinon ils ne vont pas comprendre mon livre !

 - Alors ton livre a un gros problème.

 Un jour, il m’annonça en fanfare :

 - J’ai un contact !

 - C’est très bien ! Qui est-ce ?

 - Un éditeur que j’ai rencontré dans un salon, il m’a promis de lire le manuscrit. Je ne crois pas que ça lui plaira, parce que c’est un éditeur trop conventionnel, tu vois… Mais il pourra peut-être me recommander.

 - Qu’est-ce que tu lui as dit ?

 - J’ai parlé de mon livre.

 - Tu lui as dit pourquoi tu lui donnais le manuscrit ?

 - Oui, pour publication.

 - Bon, je te l’ai déjà dit une fois, mais t’aurais mieux fait de mentir en racontant que tu voulais seulement son avis…

 - Mais je veux pas son avis !

 - T’aurais juste un peu baratiné. Si le livre lui avait plu, de toute façon, il t’aurait aussitôt parlé de publication. Et il se serait senti moins agressé à la base : juste un avis, il aurait été soulagé, et il l’aurait lu plus volontiers.

 - En tout cas j’espère qu’il me recommandera !

 - Ça m’étonnerait qu’il le fasse, et s’il le fait, ce sera pour se débarrasser de toi.

 - Quoi ?

 - Une recommandation, ça fait fond de tiroir. Je te le conseille pas du tout. Un éditeur qui reçoit un manuscrit recommandé par un autre éditeur, il se demande aussitôt : « mais si c’est si génial que ça, pourquoi il l’a pas publié, lui ? ». Ne le fais pas. En revanche, retiens bien les adresses qu’il te donne, ça peut être utile.

 - T’y connais rien !

 Je me contentai de tendre les lèvres.

 

 Quelques mois plus tard, il continuait à foncer droit dans le mur.

Ça me fatiguait.

Il avait encore ajouté des chapitres à son livre illisible, et le renvoyait une seconde fois aux éditeurs qu’il avait déjà ciblés.

 - Change le titre.

 - Jamais de la vie !

 - Alors il passera automatiquement à la poubelle. Quelle importance, le titre ?

 - Non !

 - Tu te prends trop au sérieux. C’est qu’un pauvre livre dont, qu’il soit édité ou pas, plus personne ne se souviendra dans deux cents ans. Mes livres aussi, c’est du vent. Les livres de tout le monde, c’est du vent. J’ai peine pour toi, à te voir t’énerver et te ronger, pour cette foutue ramette de papier. Décompresse, pète un coup, putain.

 - Parle pour toi ! Moi je fais de la vraie littérature ! Personne m’achètera ! Jamais !

 J’abandonnai.

 

 Je n’ai pas compris pourquoi il le prenait comme ça. Je ne comprends toujours pas.

Tant pis.

 

 

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12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 17:43



 



Le dernier lauréat du prix Goncourt, Marie NDiaye, a déclaré avoir quitté la France après l’élection de Nicolas Sarkozy.

 

En gros, elle ne supportait pas l’ambiance.

 

Elle quitta donc la France pour se rendre en Allemagne, où elle semble résider.

 

Nous sommes bien contents pour elle, si elle se sent mieux.

 

J’ai toutefois une pensée émue pour les 90 % de Français, écrivains ou pas, qui n’ont guère le choix, et qui d’aventure aimeraient l’endroit où ils vivent, et qui supportent l’ambiance (peut-être aussi qu’ils n’ont rien à en foutre, ou qu’ils se sont habitués…).

 

Une camarade chinoise me dit un jour :

 - J’aime la France, mais je suis désolée pour les Français que leur pays aille sur une mauvaise voie, avec la droite.

Je lui ai répondu :

 - Bah, tu sais, on a survécu à trois invasions boches, alors je pense qu’on est capables de tenir le coup encore un bon moment.

 

Si l’avis d’un écrivain à 0,65 € vous intéresse, moi je dis que je préfère rester en France, parce que la déferlante anticommuniste due aux célébrations des 20 ans de la Chute du Mur en Allemagne, ça m’aurait cassé les couilles encore plus que le pauvre Sarkozy.

 

Et puis j’aime le vin, le camembert et le saucisson.

 

Rien ne vaut un bon gueuleton de gouerhs (pardon, de Français).

 

 

 

 

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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 15:56


 

 Avec la crise…

 



  Un soir où je fais mes courses chez Lidl, je rejoins les files d’attente devant les caisses enregistreuses. Chaque caisse déroule une belle trentaine de consommateurs pourvus de leurs chariots et paniers. L’attente sera longue.

 

Même chose chez McDonald, le lendemain midi. La queue commence dans la rue, sur dix bons mètres, pour tout vous dire.

 

Ces visions sont choses courantes. Mais, sortant du taf, l’estomac tenaillé par l’envie d’un Big Mac, je me sens pour le moins contrarié.

 

A cet instant, me revient une image de mon manuel de géographie au collège.

 

Une photographie représentait la file d’attente monstrueuse devant une épicerie en URSS (chapitre « les dégâts du communisme en Europe de l’Est », dans le programme pas du tout orienté de l’Education Nationale, évidemment).

 

Une variante s’imposait avec la photographie de citoyens russes, en interminable file indienne, devant le premier McDonald ouvert à Moscou (1990).

 

Si, l’autre soir, on avait pris en photo les clients chez Lidl, on aurait tout à fait pu l’insérer dans un livre d’histoire avec pour légende : « Les pays capitalistes souffrent d’une véritable pénurie alimentaire ».

 

Mais, bordel de pine… on est en URSS !

 

Quelques jours plus tard, je partage le même constat en allant rendre visite à des poteaux.

Aucun d’entre nous ne chauffe, depuis les baisses de température, et personne ne compte le faire pendant toute la durée de l’hiver.

Nous survivons dans nos appartements respectifs grâce à un complexe système vestimentaire alliant pull-overs, couvertures, ponchos, écharpes et chaussettes de ski.

Mes poteaux se justifient :

 - Le chauffage, ça coûte trop cher. Alors, tant pis…

 

J’hésite à appeler un photographe nord-coréen, afin d’illustrer des livres de géographie propagandistes : « De jeunes Français dans leurs appartements, emmitouflés pour affronter l’hiver sans chauffage : les dégâts de la pratique libérale. Notez le port des moufles. »

 

Là-dessus, je passe devant un magasin d’habillement où je repère, en vitrine, une grosse veste bien chaude à prix abordable.

J’entre et me renseigne sur ladite veste.

 - Ben, on en a plus !

 Déconfit, je lâche un :

 - Oh…

 Comme le vendeur reste à me contempler sans rien dire, je rajoute :

 - Je peux pas en commander une ?

 - Ah non c’est pas possible, vous comprenez, on a pas une telle maîtrise sur nos stocks !

 - Et, hum, quand est-ce que vous allez en recevoir des nouvelles ?

 - J’en sais rien ! Peut-être jamais ! Avec la crise !

 - Bon…

 - Vous avez qu’à appeler de temps en temps, si vous êtes chanceux, vous tomberez sur le bon jour et on vous la mettra de côté ! Mais alors il faudrait nous appeler tous les jours ! Parce que tout le monde la veut, cette veste !!! A ce prix-là…

 - C’est pas grave… Merci quand même…

 

La scène se reproduisit quand je convoitai un volumineux pull à grosses mailles (indispensable pour affronter un hiver soviétique sans chauffage).

 - On en a plus !

 - Vraiment ?

 - Oui, on met des articles en vitrine qu’on a pas ! C’est tout H&M, ça !

 - Désolé pour vous, alors…

 - Imaginez ce qu’on doit répondre aux clients, après !

 - Ouais, j’avoue, c’est chiant…

 - C’est la honte, plutôt ! On a plus rien !

 - Ecoutez, merci pour votre temps…

 

« De jeunes Français mal habillés, en raison des crises cycliques de l’économie capitaliste. »

 

 Le lendemain, mon éditeur me passe un petit coup de fil l’air de rien.

 - Stoni, tu comprends, on doit couper tout le chapitre quinze…

 - Pourquoi ?

 - Bof, j’aime pas !

 - Putain de tapioca ! Je suis pas d’accord !

 - Ah bon ? T’es pas d’accord ?

 - Nan !

 - Quel dommage… Je n’ai pas envie de contacter mon avocat pour casser le contrat d’édition… Ça voudra dire que tu devras me rendre ton maigre salaire de caca… euh pardon ! d’écrivain nécessiteux… Je n’aimerais pas en arriver là !

 - Ok, je vais voir ce que je peux faire…

 - Tu sais ma poule, un éditeur a toujours un point de vue plus objectif que l’auteur… Fais-moi confiance !

Cette fois, j’ai encore eu la chance d’avoir été prévenu.

Vous pouvez aussi tout à fait  découvrir qu’on a supprimé, modifié, ou réécrit votre texte, quand vous tenez l’exemplaire définitif tout juste sorti d’imprimerie, et que vous n’avez plus aucun recours… Pratique normale, banale et ordinaire, dans le fabuleux monde de l’édition.

 

« Un romancier contestataire censuré dans son travail par le chantage des autorités politico-mondaines à la solde du régime.»

 

 Je récapitule l’affaire avec Aniki.

 - Files d’attente, rationnement, pauvreté, hivers glaciaux et censure. Putain, je suis en URSS !

 - Et pourtant, tu restes communiste ?

 - Oui. Quitte à me faire enculer, je préférerais que ce soit pour la bonne cause.

 - T’es vraiment un stal, merde.

 - Je sais.

 

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