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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 16:30

 

 

 


 

editeur telephone

 

 

 

 

Régulièrement, je reçois des messages similaires à celui-là (publié avec l'accord de l'auteur, dans le respect de son anonymat et synthétisé par mes soins) :

 

« Stoni,

 

Je lis ton blog que je kiffe trop. Moi aussi j'écris, j'envoie mon roman dans des maisons d'édition et j'ai aucune réponse ! Que faire ? Je comprends pas ! Personne n'a jamais donné suite !

Est-ce que c'est utile de les rappeler ? Peut-être qu'ils m'ont oublié ?

 

Tu crois que j'ai fait une boulette ?

Je peux t'envoyer mon manuscrit pour que tu me dises ce que t'en penses ?

J'ai écrit une histoire à propos d'une rock-star boulimique sur le retour. Je trouvais ça original ! Je suis désespéré. Je pense à arrêter l'écriture.

S'IL TE PLAIT AIDE-MOI ! »

 

Je rédige donc cet article en réponse à tous les internautes qui m'envoient ce genre de sollicitation.

 

Avant tout, je précise que je ne peux pas lire vos manuscrits. Je n'en ai pas le temps et ce n'est pas mon travail. Je ne corrigerai pas vos fautes d'orthographe ni de grammaire. Je ne pourrai pas non plus vous donner des adresses d'éditeurs, car, pour ce faire, il faudrait que j'aie lu votre manuscrit.

Je suis évidemment dans l'incapacité totale de vous « recommander »...

 

Mes journées sont courtes, mon travail prenant, vraiment, je suis désolé.

 

Me proposer de l'argent en échange d'une lecture est également inutile...

 

En revanche, je peux utiliser ce blog pour vous éclairer un minimum sur le devenir de votre pauvre manuscrit esseulé dans les diverses maisons d'édition francophones.

 

Comme préambule à ce qui va suivre, je vous conseille de lire les articles : « J'écris des romans, je suis un caca ! » et « Des conseils pour se faire publier ».

 

 

 

Commençons par le commencement : le manuscrit.

 

Au commencement était le verbe, et le verbe était Dieu.

 

Cette formule biblique s'applique au monde de l'édition : sachez que tous vos espoirs, toute votre capacité à être édité et à devenir un écrivain « rémunéré », sont contenus dans votre manuscrit.

 

Dans la fabuleuse cosmogonie politico-mondaine de l'édition, Dieu, c'est le manuscrit.

 

Votre petite personne n'a aucune importance là-dedans, comme vous allez très vite vous en rendre compte.

 

Avant d'envoyer votre manuscrit à des éditeurs... relisez-le plusieurs fois à voix haute. Cela permet d'entendre les mauvaises tournures, de repérer les fautes de frappe, les répétitions, les phrases trop longues et de revoir votre ponctuation.

 

La mode est aux phrases courtes – sujet, verbe, complément – mais si vous êtes inspiré par quelques mânes proustiennes, ma foi, rien ne vous empêche d'aller à contre-courant. Pour un premier roman, j'éviterais cependant les phrases étalées sur dix lignes.

 

A éliminer : les connecteurs « ainsi », « c'est pourquoi », « par ailleurs », « par conséquent », « donc ». Oui je sais pour « donc », c'est dur. Mais essayez d'en enlever un maximum. Les éditeurs détestent le « style scolaire ».

 

 

Moins votre manuscrit sera mal orthographié, plus il aura de chances d'être lu.

Faites un gros effort là-dessus, ça paiera. Les joies du dictionnaire et de ses pages « grammaire, accords, concordances, genre, pluriels » s'ouvrent à vous !

En outre, vous enrichissez votre culture de la langue française ! N'est-ce pas magnifique ?

 

Admettons que vous ayez relu votre manuscrit à voix haute.... cinq ou six fois minimum... et que vous ayez travaillé l'orthographe et la grammaire.

Il est désormais temps de mettre en page votre manuscrit.

 

Pas d'autre format qu'un classique 21 x 29,7.

 

Choisissez une police d'écriture simple. Sans déconner, j'ai déjà vu des manuscrits en police Comic. Franchement, c'est la honte. Rabattez-vous sur Times New Roman ou Arial, bref, n'importe quoi de passe partout. Les polices ronflantes du genre Bookman Old Style, on évite aussi.

 

La taille de la police est au minimum de douze.

 

Vous placez un interligne double.

 

Les alinéas ? On s'en fout.

 

Les pages seront numérotées.

 

Sur la couverture, figureront le nom de l'auteur (le vrai, pas un pseudonyme, le pseudonyme c'est quand on signe un contrat d'édition qu'on le choisit ! Sauf si vous vous appelez Ben Laden et que vous voulez faire paraître le grand roman bucolique champêtre sur lequel vous avez bossé des années durant dans l'ennui de votre bunker), le titre du livre, le genre (« roman » si c'est un roman, « témoignage » si c'est un témoignage, « récit » si c'est un récit, « essai », etc...), le nombre de pages, votre adresse et votre numéro de téléphone.

Ces deux derniers points sont très importants. Ils permettront à l'éditeur de vous contacter, même s'il a perdu votre lettre d'accompagnement.

 

Pas d'illustration en couverture. On trouverait cela fort prétentieux !

 

Le manuscrit est relié. Ça coute une fortune, je sais, encore une fois. S'il n'est pas trop épais, les spirales sont plus économiques. S'il dépasse 400 pages, je crains que vous ne deviez opter pour une reliure « thermocollée ».

A ceux qui hésiteraient à dépenser 5 euros de reliure, je dois décrire le bureau d'un éditeur : le bordel monstre. T'as des bouquins de partout, des manuscrits de partout, des cendars, des mégots, des vieux emballages de Petits Lu, des épreuves, des photocopies, des fiches de lecture. Dégueulasse et sacrément foutoir. Si vous ne reliez pas votre manuscrit, une dizaine de pages échoueront sous le cendrier, tandis qu'une cinquantaine d'autres iront s'égarer entre deux maquettes de bouquins.

 

 

Maintenant que vous avez votre manuscrit tout prêt, passons à la lettre d'accompagnement.

 

Vous y inscrivez vos coordonnées – sans oublier le numéro de téléphone – et celles de l'éditeur si la fantaisie vous en prend.

Personnellement, j'utilisais un modèle type dont je ne changeais que la date.

 

En gros, ça devrait ressembler à ça :

 

« Messieurs,

 

Je vous soumets mon manuscrit Le Grand roman champêtre, un roman d'amour.

 

Âgé de de cinquante-trois ans, je réside en Afghanistan où je pratique la spéléologie scientifique. Je reste malgré tout joignable par Internet et par téléphone.

 

J'attends avec impatience tout avis ou conseil de votre part.

 

Vous souhaitant bonne lecture,

 

Veuillez recevoir, Messieurs, mes sincères salutations.

 

 

Oussamo Bonladon »

 

 

Si, comme Oussamo, vous souhaitez parler un peu de vous, deux lignes suffiront amplement.

 

Vous pouvez résumer l'histoire de votre roman. Là encore, deux à cinq lignes feront l'affaire.

 

Chose à ne pas faire (car pure perte de temps ) :

 

«Je vous soumets mon manuscrit Le Grand roman champêtre, un roman d'amour.

 

Calfeutré, hélas, dans quelque excavation malsaine et souterraine depuis plusieurs années, ce roman a été un véritable défouloir pour une imagination stimulée par l'enfermement. La narration est volontairement provocatrice, puisque j'utilise quatre narrateurs omniscients qui sont : Dieu, la Chèvre de Monsieur Seguin (le politicien), Toad de Super Mario Kart et moi-même. Mes influences littéraires se situent à la marge de tout ce qui se fait actuellement : mon modèle est Céline (la serveuse chez McDonald, pas l'écrivain), quant au style, je me réfère volontiers à Enid Blyton. Par ailleurs, j'ai appris à écrire auprès de Monsieur Philip Roth de l'université de Harvard où j'ai... »

 

Ce genre de tirade part souvent d'un bon sentiment.

Autant vous dire qu'elle ne sert à rien. On ne la lira pas, sinon pour en rire, même si elle est très bien écrite et sincère.

 

Les compliments, flatteries, ne me semblent pas indispensables... Même s'ils sont sincères...

 

Les précisions du genre « J'ai participé à un atelier d'écriture organisé et dirigé par François Bon... » sont également à bannir.

Tous les éditeurs savent que les ateliers d'écriture animés par des écrivains le sont soit pour arrondir leur fin de mois, soit pour asseoir leur notoriété.

Si vous étiez si doué que ça, en atelier d'écriture, François Bon vous aurait recommandé de lui-même à un copain éditeur.

Alors, ne parlez pas de votre atelier d'écriture avec François Bon.

 

Résumons notre propos : un manuscrit relu, corrigé, bien présenté, propre et relié, et une lettre d'accompagnement concise.

 

Maintenant, direction le centre de photocopie local où vous dupliquez votre manuscrit et votre lettre en cinq ou six exemplaires.

C'est pas mal pour une première salve d'envois.

 

Lire aussi : y'a-t-il des mauvaises périodes pour envoyer mon manuscrit ?

 

 

 

A qui envoyer mon manuscrit ?

 

 

Ha ha ! La colle, n'est-ce pas ?

 

Avant d'envoyer à l'aveuglette au Seuil, Robert Laffont et Gallimard, passez un peu de temps sur Internet et/ou en librairie, histoire de vous sensibiliser :

 

- aux éditeurs existants (petits et gros),

- aux genres qu'ils publient,

- aux styles d'histoires qu'ils ont choisis...

 

N'envoyez pas votre manuscrit aux éditeurs qui ne font que de la traduction, ni aux maisons d'édition de livres de poche... qui ne font que de la réédition.

 

Feuilletez les livres en librairies, cherchez ceux qui ressembleraient un peu au vôtre (pour le thème abordé, l'univers, le style d'écriture).

Vous repérerez ainsi les petits éditeurs bien distribués (si l'on trouve leurs livres à la Fnac, ou chez Gibert, ou à la « grosse » librairie indépendante de votre quartier, c'est pas mal).

 

Quand vous « surfez » sur les sites des éditeurs, n'oubliez pas la page « Liens » qui vous conduira vers d'autres éditeurs que vous ne connaissiez pas forcément.

 

Ne négligez pas les grosses maisons d'édition. Il faut essayer et les petits éditeurs et les gros éditeurs. Vous n'aurez pas plus de chances d'être édité chez l'un ou chez l'autre.

Les gros éditeurs reçoivent certes BEAUCOUP de manuscrits...

Les petits éditeurs en reçoivent moins, mais n'ont pas les moyens financiers pour éditer plus d'une dizaine de livres par an.

 

Certains éditeurs proposent aux auteurs d'envoyer leur manuscrit par internet.

Là, je ne suis pas très enthousiaste.

Faites-le si l'éditeur ne vous paraît pas très en adéquation avec votre livre, mais que vous voulez quand même essayer. Dans le cas contraire, préférez l'envoi papier.

Pourquoi ? Vous avez déjà essayé de lire un livre sur un écran d'ordinateur (outre le vôtre, de livre, bien sûr) ? C'est très fatiguant. A mon avis, les manuscrits numériques ne sont pas lus.

 

Combien d'envois faut-il faire ? Autant qu'il faudra... Il est difficile de se faire une idée de la viabilité de votre bouquin, si vous n'avez pas sollicité au moins une trentaine (voire une cinquantaine) d'éditeurs.

Faites vos envois à la fréquence qui vous sied. Vous pouvez joindre une enveloppe affranchie avec votre manuscrit, pour que l'éditeur vous le retourne en cas de refus. Cela dit, le prix en timbres de ce retour sera souvent équivalent à celui de vos photocopies et d'une reliure... Faites votre petit calcul.

 

Si vous êtes à Paris, vous devriez pouvoir déposer votre manuscrit chez l'éditeur même (ou du moins à l'accueil), en personne, ce qui vous épargnera les frais d'envoi.

Attendez-vous à être plus ou moins bien reçu...

 

Disons que vous avez envoyé votre manuscrit à une cinquantaine d'éditeurs, et que, au bout d'un an, vous n'avez eu aucune réponse positive (ce qui risque fortement d'arriver).

Vous souhaitez retoucher le livre, en espérant l'améliorer, et retenter votre chance ?

Pas de problème. Mais quand vous effectuerez un second envoi, changez le titre du livre.

 

Evitez de déposer votre manuscrit au stand de l'éditeur lors d'un festival littéraire.

Les éditeurs détestent ça. Ils n'aiment pas voyager chargés, vous comprenez.

 

 

 

Qu'arrive-t-il à mon manuscrit quand il est reçu dans une maison d'édition ?

 

 

Le manuscrit peut être lu soit très vite, soit pas très vite du tout.

 

Ça peut prendre une semaine, ou un an.

Le délai de lecture ne signifie absolument rien.

 

Dans une grande maison d'édition, celui qui vous lira, c'est un lecteur.

Un lecteur est payé par un directeur de collection pour lire les manuscrits. En général, il s'agit d'un auteur désireux de mettre du beurre dans ses épinards. Au passage, il pourra vous piquer plein d'idées et ressortir vos créations originales dans ses propres œuvres.

Le lecteur est payé soit forfaitairement, soit à la ligne.

Il est payé uniquement s'il lit le livre en entier, livre qu'il recommandera au directeur de collection.

Son intérêt, c'est de trouver un livre recommandable, pour toucher son salaire.

Il va donc lire très vite les manuscrits.

 

N'imaginez jamais que les éditeurs et les salariés de l'édition lisent un livre comme vous pouvez le faire.

Ils lisent un livre pour leur boulot.

Ça n'a strictement rien à voir.

 

Dans la petite maison d'édition, c'est l'éditeur en personne – ou son meilleur pote, ou sa maîtresse, ou le stagiaire non rémunéré du moment – qui va lire les manuscrits.

Il n'a pas beaucoup de temps pour ça (il a un dîner mondain à treize heures).

Lui aussi, il a tendance à se dépêcher.

 

Comment lit-on votre manuscrit ?

 

Le lecteur prend le manuscrit.

Il l'ouvre au hasard, plutôt au milieu.

Son œil prend, aléatoirement, une ligne en milieu de page.

Il est souvent question de milieu, n'est-ce pas ?

Le lecteur lit deux lignes.

 

S'il trouve les lignes « mal écrites » (tournures de phrase lourdingues, fautes à ne plus en pouvoir, etc.), il balance aussitôt le manuscrit.

 

S'il les trouve « pas trop mal écrites », il s'intéresse au propos de ces deux lignes.

Disons :

 

« Anaïs batifolait dans les champs, tandis qu'Amaury l'épiait derrière une botte de foin. Il défit son pantalon et entreprit de se masturber. Un crapaud grimpa sur son soulier gauche, quand...»

 

Le lecteur ne cherche pas à savoir si ce texte a l'air bon, ou intéressant.

 

Je rappelle qu'il en est toujours à deux lignes de lues.

 

La seule question que le lecteur se pose, c'est : « L'éditeur pour qui je travaille publie-t-il des livres où un mec espionne une nana derrière une botte de foin tout en se branlant ? »

 

Voilà le grand mystère dévoilé.

 

Tel est le critère de sélection des maisons d'édition quant à votre manuscrit.

 

Si la réponse à la question qu'il se pose est : « Non, l'éditeur pour qui je travaille ne publie pas ce genre de livre », le lecteur balance votre manuscrit.

 

Si la réponse à la question est : « Oui, ça le bloquerait pas trop cette botte de foin et la branlette », le lecteur va prendre une autre page au hasard, plutôt au début du livre. Là encore, il va lire deux lignes.

Il se posera encore la même question.

 

La réponse est une nouvelle fois « oui » ?

A cet instant, et seulement à cet instant, il va commencer de lire votre manuscrit par la première page.

 

Voilà comment sont lus, et refusés, les manuscrits dans les maisons d'édition.

 

Il n'est pas question, il n'est jamais question, de talent, ni de virtuosité, ni d'originalité, ni de génie.

La question c'est : « Est-ce ce texte correspond aux critères de l'éditeur ? De la collection ? ». Et c'est tout. N'allez pas chercher midi à quatorze heures.

L'éditeur publie les livres qu'attend, et réclame, son lectorat. Il a un genre, un style, un secteur. Il veut s'y tenir.

L'éditeur ne prend jamais de risques. L'éditeur n'a pas de « coup de cœur ». L'éditeur vend du papier, point barre.

 

Pour en savoir plus à ce sujet, lisez l'article « J'écris des romans, je suis un caca. »

 

Bon ! Le lecteur lit donc votre manuscrit depuis la première page.

Il peut très bien s'arrêter en cours de route : fausse alerte ! Ce n'est pas ce qu'il croyait. Manuscrit au rebut.

 

S'il le lit en entier, ça veut dire qu'il va rédiger une fiche de lecture à l'attention du directeur de collection.

C'est cette fiche de lecture qui va lui permettre d'être payé.

Dans cette fiche, courte (une page environ), le lecteur fait un petit topo sur votre bouquin.

 

Il transmet ensuite le manuscrit au directeur de collection, ou à l'éditeur.

 

C'est ce dernier qui va prendre LA décision (sauf s'il est chapeauté par un directeur commercial, ou par un big boss emblématique, ce qui arrive souvent chez les poids lourds de l'édition française).

 

Le directeur de collection a sur son bureau plusieurs manuscrits accompagnés de leurs fiches de lecture.

 

Il lit d'abord la fiche de lecture.

 

« Ce roman bucolique et champêtre est en fait un ouvrage pornographique cinglant, une critique sociale acerbe sur l'idéologie du désir et la marchandisation du sexe. Chapitre savoureux sur une partouze entre humains et lombrics.

L'auteur signe Oussamo Bonladon : Oussama Ben Laden ??? A vérifier !!! »

 

L'éditeur (ou le directeur de collection) est tout content. Voilà qui a l'air croustillant et qui correspond bien aux critères de sa collection !

 

Il ouvre votre manuscrit et le lit, pépère.

 

Mais le manuscrit ne lui plaît pas. Il s'en rend compte au bout de dix lignes.

Il balance le manuscrit et, à l'occasion, aura une remarque incisive pour humilier le lecteur en public (« Ah ah, quelle merde ce livre champêtre que tu m'as recommandé l'autre jour ! Tu crains, mon pauvre vieux ! »).

 

Votre manuscrit est refusé. Vous ne saurez rien de son voyage depuis le lecteur jusqu'à l'éditeur.

Vous recevrez une petite lettre de refus impersonnelle au possible.

 

 

Deuxième possibilité.

L'éditeur lit le manuscrit en entier. Mais ça ne le fait pas.

 

Il a bien aimé le texte, mais lui, dans les livres qu'il édite, c'est plutôt des partouzes entre humains et canaris. Ben ouais, c'est ça son secteur, au mec.

Ne riez pas ! C'est sur des critères aussi futiles, incompréhensibles, inavouables, que votre manuscrit sera jugé.

Bref, il est un peu dépité, le pauvre éditeur. Il vient de perdre deux heures à lire votre truc.

S'il a du temps devant lui, il va prendre un bristol et écrire à l'arrache : « Mon cher Oussamo, c'était pas mal, mais vous devriez plutôt écrire sur des partouzes entre humains et canaris. Au plaisir de vous relire, l'Editeur. »

Et il vous renvoie le manuscrit avec ce petit mot.

 

S'il n'a pas de temps devant lui (remise de prix littéraire à vingt heures – non ce n'est pas un auteur de sa maison qui est récompensé, mais ça fait voir du monde, sa maîtresse y sera, et puis, y'aura des petits fours de chez Fauchon), il vous renvoie le manuscrit à ses frais avec une lettre de refus impersonnelle imprimée par le « Service Manuscrits ».

 

 

 

 

 

Je précise que l'histoire de la partouze était un exemple, censé vous faire sourire.

En réalité, bien entendu, l'éditeur ne va pas seulement vous juger sur la nature de la partouze, ni même sur la présence d'une partouze ou non dans votre manuscrit (sauf s'il s'agit de Grosses Partouzes Editions).

 

Simplement, je tenais à vous faire entendre que les critères de l'éditeur semblent tout à fait incohérents, incompréhensibles, injustes – parfois même idiots – aux yeux de l'auteur.

 

Imaginons que vous ayez écrit un livre de science-fiction où vos personnages sont des extra-terrestres de type humanoïde. L'éditeur pourra penser en lisant votre livre « Pas mal ce texte, mais mon secteur, c'est les extra-terrestres de type masse gélatineuse. Dommage ! ».

 

Vous écrivez un roman historique où vos personnages vont faire caca. Eh oui, moi je regrette que dans les romans historiques les personnages ne vont jamais faire caca. Il n'y a jamais – ou trop rarement – de passage trivial sur le quotidien humain. Bref, en lisant votre manuscrit, l'éditeur pourra penser : « Pas mal ce texte, mais mon secteur, c'est le roman historique très sérieux, hiératique et tout, où les personnages sont hugoliens et ne vont jamais faire caca. »

 

Je ne vous conseille pas d'écrire des livres avec des partouzes.

C'était une parabole pour vous prouver à quel point vous seriez sciés, si vous appreniez quels sont les critères de sélection de l'éditeur. Des vétilles, des détails, des choses impensables, mais qui pour lui font sens.

C'est ainsi.

Passons.

 

 

 

 

Voilà tout ce qui arrive à votre manuscrit quand il est refusé.

 

 

A lire aussi : dois-je rappeler les maisons d'édition à qui j'ai envoyé mon manuscrit et qui ne me répondent pas ?

 

 

En cas d'acceptation ? Ou d'acceptation très très partielle ?

Ou de « ni accepté, ni refusé » ?

 

C'est une autre histoire que je vous raconterais un autre jour, si vous le voulez bien...

 

 

 

Lire la suite : A l'aide, un éditeur m'a rappelé !

 

 

 

 

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commentaires

H
Bonjour Stoni, <br /> Merci de laisser ce blog en libre accès même si je sais que vous ne l'alimentez plus! <br /> Si toutefois vous lisez encore les commentaires, j'ai une question: quand on renvoie un manuscrit beaucoup retravaillé à une maison d'édition qui l'avait refusé trois ans avant.... : c'est du suicide? ou bien c'est jouable? Je suppose qu'il vaut mieux pas dire qu'on a déjà envoyé le texte une première fois....??? Merci à vous pour toute cette aide. H
Répondre
O
Bonjour H, merci de me contacter à john@powerhand-athletic.com. A très bientôt.
T
Merci pour ce blog qui donne l'occasion de lire gratuitement des conseils
Répondre
O
Bonjour Titi, merci de me contacter à john@powerhand-athletic.com. A très bientôt.
L
Je viens de découvrir votre blog et j'en suis absolument ravie! Un grand MERCI pour tous ces conseils et ces vérités que vous avez dévoilés pour nous! C'est un grand plaisir de vous lire.
Répondre
S
De rien La Rosée, et en plus c'est gratos.
T
Je suis un assez grand adepte de sites du genre Sus aux fautes pour corriger mes manuscrits. Et d'autres textes, d'ailleurs... Quelqu'un en connaît d'autres qui sont bien ?
Répondre
O
Bonjour La rosée, merci de me contacter à john@powerhand-athletic.com. A très bientôt.
O
Bonjour La rosée, merci de me contacter à john@powerhand-athletic.com. A très bientôt.
L
Terrible cette page encore ! Je dévore ton blog et j'apprends, j'apprends...<br /> Zlatan du Gauche.
Répondre

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