Un lecteur du blog m’a alerté sur la parution d’un article du Monde rapportant un sondage effectué auprès de plus de mille auteurs au sujet de leurs… relations avec les éditeurs.
Que constaté-je, camarade lecteur ? Eh bien, que tout ce que j’écris sur le blog à ce propos semble être l’expérience quotidienne de maints autres écrivains.
Pauvres de nous !
Les résultats du sondage sont édifiants.
Je te restitue l’intégralité de cet article. Les résultats complets du sondage sont là.
Le Monde | 12.03.12 | 14h05
Et si la corde finissait par casser ? La dégradation des relations entre éditeurs et auteurs fait partie des sempiternels sujets de l'édition française. Rendus publics, lundi 12 mars, à quatre jours du Salon du livre de Paris, qui se tiendra à la porte de Versailles jusqu'au 19 mars, les résultats du 4e baromètre des relations entre auteurs et éditeurs, réalisé par la Société civile des auteurs média (SCAM) auprès de 1 145 écrivains, sont pourtant riches d'enseignements.
Certes, 61 % des auteurs interrogés se déclarent satisfaits des relations avec leurs éditeurs. Mais ce chiffre, de prime abord satisfaisant, traduit en fait un recul de 10 % du taux de satisfaction des écrivains, alors qu'entre 2010 et 2011 les éditeurs avaient gagné deux points de confiance.
En 2012, 31 % des écrivains se disent même insatisfaits, contre 22 % l'an passé. Et quelque 8 % des écrivains estiment que leurs relations sont devenues conflictuelles. Ces résultats témoignent d'"une certaine crispation", note la SCAM, avec un art consommé de la litote.
Pour la première fois, la SCAM a réalisé ce sondage en partenariat avec la Société des gens de lettres (SGDL). Elle a enregistré un bond de près de 50 % du nombre de réponses, qui sont passées de 600 à près de 1 200.
MAUVAISE PROMOTION DU LIVRE
La SCAM souligne que les écrivains interrogés représentent tous les secteurs de l'édition. Le degré de satisfaction est traditionnellement plus élevé chez les auteurs de livres universitaires, professionnels ou scolaires, voire chez les auteurs d'essais. Pour les écrivains de fiction et de non-fiction, les auteurs de jeunesse et de BD, le degré de défiance à l'égard de leurs éditeurs est donc encore plus élevé.
Dans le détail, les auteurs se disent satisfaits à 57 % (- 4 points par rapport à 2011) dans leur collaboration avec les éditeurs sur le travail de création. Ils le sont à 55 % (- 1 point) sur les contrats qu'ils se voient proposer. Mais ils sont 66 % à se dire mécontents du travail de promotion et de communication fait par l'éditeur sur le livre publié, et 63 % insatisfaits à propos de l'exploitation commerciale.
(chez Stoni, on en parle un peu dans l’article sur les Editions Rue Fromentin)
Du côté des rémunérations, on observe quelques tendances lourdes avec une baisse des contrats comprenant des à-valoir qui se double d'un recul de leur montant. Au total, 40 % des à-valoir sont compris dans une fourchette située entre 1 500 et 3 000 euros, 30 % au-dessus, contre 37 % en 2010, et 30 % au-dessous. La proportion de faibles à-valoir est en augmentation. Par ailleurs, pour 60 % des écrivains interrogés, les droits d'auteur sont inférieurs à 10 % du chiffre d'affaires que générera l'oeuvre.
(chez Stoni, j’en ai parlé dans l’article sur le flouze)
La crispation des auteurs atteint son point culminant sur la question de la reddition des comptes (lorsque l'éditeur lui fait part du nombre d'exemplaires vendus), encore très opaque. La moitié des auteurs déclare ne pas en recevoir du tout. Les autres la jugent peu claire et incomplète. Les auteurs se plaignent d'être peu ou pas du tout mis au courant des projets de traduction, d'adaptation, voire de mise au pilon de leurs ouvrages.
(chez Stoni, j’ai déjà abordé ce véritable scandale, qui ouvre la voie à tous les détournements de fonds possibles et imaginables, dans l’article sur la distribution)
Enfin, sur l'édition numérique, la majorité des contrats ne comporte pas de clause numérique (63 %) et les éditeurs ne font signer d'avenants sur les contrats précédents que dans 18 % des cas. Surtout, les éditeurs continuent de proposer un partage des droits équivalent à celui de l'édition imprimée, alors que la rémunération pour l'exploitation numérique est en moyenne inférieure de 15 %. A ce stade, les revenus numériques demeurent dérisoires.
Les auteurs mécontents de leur sort pourront méditer les propos d'Arnaud Nourry, PDG d'Hachette Livre, interrogé le 8 mars, au cours de l'assemblée générale du groupe Lagardère : "La marge sur le ebook est bonne, même si elle est réalisée sur un chiffre d'affaires plus faible. L'ebook a des effets vertueux."
Alain Beuve-Méry
Article paru dans l'édition du 13.03.12
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