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22 janvier 2014 3 22 /01 /janvier /2014 10:41

 

 

L'autre jour, j'ai croisé une connaissance d'un ancien boulot. Nous sommes contents de nous revoir et allons prendre un café.

Qu'est-ce que t'es devenu en deux ans. Qu'est-ce que tu fais maintenant.

Ce type est assez expansif. Je trouve qu'il s'agace pour pas grand-chose. Nous parlons politique et le mec s'énerve. Moi, je reste assez calme.

Et ma placidité, ça l'énerve davantage encore.

- Moi je suis pas encarté et je me sens concerné. Toi, t'es encarté, et on dirait que tous ces problèmes en France ça t'effleure même pas !

- Ben si, mais bon...

 

Avant, j'étais pareil que lui.

Puis je suis devenu marxiste.

 

L'avantage, quand vous êtes marxiste, c'est que vous comprenez beaucoup mieux ce qui se passe. Le comprend-on de la bonne façon ou pas, là n'est pas la question. Moi, en tout cas, je comprends, et ça me va très bien, ma petite grille de lecture. Si les gens n'ont pas la même que moi, ma foi, tant mieux pour eux. Ou tant pis.

Je clope en profitant du soleil qui tape sur la terrasse où nous sommes installés. Je clope trop, d'ailleurs. Ça craint.

Je ne sais pas quoi lui dire. Ouais, je devrais peut-être m'exciter, moi aussi. Mais non. De toute façon...

- Réagis, quoi ! Tu peux pas laisser faire le gouvernement !

- Ouais je sais.

- On dirait pas !

Ouais je sais qu'on dirait pas.

Mais je vais vous dire un truc : j'ai rien à en branler de ce qu'il fait, le gouvernement. Ça fait des décennies qu'on s'encaisse des gouvernements de droite ou des pseudo gouvernements de gauche. J'ai vraiment rien à en foutre.

 

RIEN A EN FOUTRE !!!! JE M'EN BATS LES STEAKS !

 

Quand ta réponse à tout est : révolution marxiste-léniniste, t'as rien à en foutre.

Enfin non, j'ai pas rien à en foutre non plus. Mais y'a un moment où...

- Bof, tu sais... laissons les gens tranquilles. Quand ils voudront faire la révolution, ils la feront. Et il y aura des camarades qui les aideront comme ils le pourront, grâce à nos études, nos expériences, grâce au marxisme, au matérialisme dialectique, des trucs comme ça genre...

- Mais les gens c'est tous des cons, ils votent à droite, faut pas compter sur eux !

Ouais. Non.

Laissons les gens tranquilles. La paix, s'il vous plaît.

Les pauvres votent à droite ? Ben. Tant pis, non ?

Je sais pas. C'est peut-être de notre faute, à nous le Parti, s'ils votent à droite.

J'en sais rien. Je ne suis pas en colère. Pas contre les gens. Ni contre le capitalisme, d'ailleurs. Le capitalisme, je le connais. Je l'ai cerné. Immense nuance.

J'ai choisi mon camp. Le problème, c'est que mon camp est dans un sale état, il fait peine à voir, exsangue, laminé, déserté, débile et friable.

Je ne dis pas ça à mon ami. Je sirote mon coca en cherchant à changer de sujet de conversation.

- Alors t'as repris des études à la fac, ça se passe bien ?

- Ouais, super. Mais toi c'est génial que t'écrives toujours. Tu sais, le truc qui me dégoute quand je vois ce que les gens lisent dans le métro... c'est que c'est toujours de la merde, pas vrai ?

Moi aussi j'aime bien regarder ce que les gens lisent dans le métro. Ce ne sont jamais des auteurs que je connais. Oui, c'est peut-être « de la merde ». Je ne sais pas. Encore une fois, je m'en fous.

Mon ami s'enflamme de nouveau.

- T'es écrivain et tu t'en fous que les gens lisent Marc Lévy ?

- Ben, si ça leur plaît...

- Franchement Stoni tu me déçois ! Comment on brade la culture ! Tu t'en rends pas compte ? T'as vu les livres qu'on vend dans les supermarchés ? Et les gens, ils s'en contentent ! Ils marchent à fond ! Qu'est-ce qu'ils sont cons !

- Ouais mais bon, au moins dans l'édition c'est pas tes impôts qui paient. Je veux dire, ça fait une différence, non ?

- Mais ça t'énerve pas que les gens ils lisent tous de la merde ?

- Pas tous, quand même...

- Ce con de Marc Lévy il se fait des millions !

- Oh, tant mieux pour lui, tu sais, moi...

- Mais toi tu crèves la faim !

- Euh non, j'ai un salaire, je mange, ça va... Je gagne pas des millions ça c'est sûr, mais faut pas exagérer...

- Mais t'es défaitiste ! éructe-t-il, écœuré.

- Ouais, peut-être...

- T'es comme mon petit frère qui a quinze ans !

- Ah bon ?

- Il s'en fout de tout, il réagit à rien !

- Ah... Ça lui passera peut-être.

Moi aussi, y'a longtemps, j'étais comme ça.

Je méprisais les autres. Parce que je lisais des bouquins chanmé, et que j'avais quatorze balais. J'avais l'impression d'être au-dessus du lot. J'étais en colère contre les autres. J'avais quatorze ans, quoi.

Et puis, je suis devenu marxiste. J'avais quoi ? Vingt ans ? Vingt-deux ? J'en sais rien. Une chose est sûre : ça m'a fait du bien.

- Y'a bien un truc qui te déçoit, quand même ? Dis-moi, Stoni. Un truc qui te déçoit !

- Oh, y'en a plein. Mais ça me met pas en colère.

C'est vrai que je n'aime pas quand des travailleurs se moquent de moi parce que je suis communiste, ou qu'ils serinent ça a déclenché un massacre, le communisme. Oui, ça me déçoit. Sur le coup, ça ne fait pas plaisir. Mais on s'habitue.

Il y a beaucoup de choses qui m'ont déçu. Ma foi. Je m'en suis remis. On n'a pas tellement le choix, non ?

- Si, y'a un truc qui m'a déçu. C'est le Parti.

- Ah, tu vois !

- Mais c'est pas grave... Y'a pas eu mort d'homme...

- T'es chiant de tout accepter, à la fin !

Non, je suis réaliste.

Un camarade aurait répondu : il y a encore des lieux de résistance au Parti, il faut se réunir, se serrer les coudes, lutter, militer...

Ouais. Non.

Je crois que je suis seulement bon pour travailler, dans une entreprise et dans l'écriture de romans.

 

Laissons les gens tranquilles. Hyperréalisme radical. Moi, ils ne m'ont rien fait.

 

 


Envie de partager ? (ton argent, ton corps... non je déconne)
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7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 13:23

  

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Quand on ose évoquer devant moi Roland Garros, je hausse légèrement le menton, adopte une moue qui marque trop l'indifférence pour être qualifiée de dédaigneuse – mais ça y ressemble – plisse des yeux altiers, détourne un regard quasi offensé d'être rappelé à de telles trivialités et, avec toute la supériorité de classe dont je suis capable, articule d'un ton faussement égal : " Oh, moi, le tennis, je ne connais pas. Parlez-moi de cyclisme, là je pourrais vous emboîter le pas, mais, le tennis ? Non, je ne connais pas."

Puis je retourne vaquer à mes petites affaires comme si de rien d'était.

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Cette mascarade, qui me vient spontanément, que je ne puis contrôler, tend à signaler en termes civilisés : "écoute mon pote, je déteste ton putain de sport de bourge qui déprogramme régulièrement mon sport de pauvre, alors changeons de sujet de conversation si tu veux bien".

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De l'hégémonie quotidienne de la lutte des classes.

Et du snobisme de classe, bien sûr.

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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 10:43

 

 

http://img.over-blog.com/300x215/1/18/64/00/design/5664b.jpg

Sois un bon prolétaire :

détourne la plus-value !

 

 

 

 

 

En ces temps de crise économique et de chômage massif, un devoir s'impose à tout prolétaire détenteur d'un contrat de travail : détourner la plus-value de son patron.

Détourner la plus-value, c'est récupérer quelques miettes du pactole que le capitalisme se fait sur ton dos, camarade-lecteur.

 

Depuis des années, je pratique le détournement de plus-value. Comme je ne suis pas chien, voici quelques tuyaux que tu pourras peut-être appliquer à ton taf.

 

 

Utilise les transports en commun.

 

Aujourd'hui, afin d'encourager les modes de déplacement "doux", les patrons sont obligés de te rembourser au moins la moitié (sur ta fiche de paye) de ton abonnement de transports en commun. En plus ça te débarrasse de la bagnole qui reste, je le rappelle, un véritable gouffre financier. Les transports en commun te fourniront en outre une magnifique excuse pour arriver en retard au boulot. "Le bus 13 était encore arrêté !" Ah là là, quelle plaie cette ligne 13.

 

Attention ! Les travailleurs à temps partiel ne seront pas entièrement remboursés de leur abonnement, car le dédommagement sera calculé au prorata de leur temps de travail, s'ils travaillent à moins de 50 % de 35 heures. Eh oui ! Nous les travailleurs à temps partiel, on est bizarrement foutus : on va au boulot mais on en revient pas. Entre la fin de notre journée de taf et le lendemain, on se dématérialise, on utilise pas le bus pour rentrer chez nous, on se télétransporte. On est forts quand même. Une énième mesure qui précarise et appauvrit davantage encore les travailleurs à temps partiel, qui en général roulent sur l'or comme chaucn le sait.

 

Attention ! Aujourd'hui, afin d'encourager les modes de déplacement "doux", les travailleurs qui vont au taf en vélo ne se verront attribuer aucune sorte de dédommagement. Ben ouais, on ne peut pas les fliquer. L'abonnement de transports en commun constitue une preuve : l'état de vos chambres à air n'en est pas une, visiblement.

 

 

Prends ta douche au boulot !

 

Ce détournement de plus-value ne concerne que les heureux travailleurs qui disposent de douches au boulot.

Le matin, déguste tranquillou ton petit-dej, enfile un survêt, prends les transports en commun, débarque au boulot en étant faussement essouflé et en proclamant "aaah le jogging du matin, quel pied !" Et file te laver à la douche de l'entreprise, histoire d'alléger ta facture d'eau. Si ton patron apprend que tu cours tous les matins, il en sera tout impressionné et t'assimilera probablement "à la France qui se lève tôt". Alors qu'en réalité, tu détournes la plus-value en bon petit prolétaire bolchévisant que tu es.

 

Hélas, la présence de douche sur le lieu de travail reste rare en France. Sauf peut-être dans les entreprises boches, vu que c'est courant là-bas. Si jamais tu travailles pour une entreprise boche, sache que le détournement de plus-value n'est pas un droit, mais un devoir. Les boches n'avaient pas qu'à nous envahir plusieurs fois, ni imposer à l'Europe l'austérité bruxelloise. Tout se paye un jour ou l'autre. Tout.

 

 

 

Pique le maximum de matériel de bureau !

 

Stylos, papier, scotch, ciseaux, etc... On en a toujours besoin à la maison, et mine de rien, ça coûte cher ces conneries. J'adore marquer un petit détour mensuel par l'armoire à fournitures de bureau du taf. L'air dégagé, je prends un stylo bille, puis je bourre rapidos mes poches de "consommables", comme ils disent. Il s'agit là d'une tradition familiale. Mes parents étaient des experts en détournement de plus-value. Ils volaient les fringues chez Carrouf, ont constitué leur première vaisselle en se servant chez Pizza Paille, et mon père nous équipait pour l'année scolaire grâce à son boulot. Merci le patron de Papa, je te dois ma grande réussite dans l'Education Nationale !

 

(eh sinon, non, mes parents n'ont jamais été en prison. enfin pas à ma connaissance)

 

Pique le PQ à ton taf !

 

Ô jour béni où tu trouveras la cachette du PQ à ton taf ! Contrairement au matériel de bureau, le PQ est toujours enfermé dans une place forte dont la plupart des salariés ignorent le seul emplacement. D'où l'intérêt de sympathiser avec le personnel de nettoyage. Les rouleaux de PQ d'entreprise étant volumineux, ce menu larcin devrait te fournir de quoi t'essuyer pendant plusieurs mois.

 

 

 

Fais caca au taf !

 

Ce fut ma première mesure prolétarienne prise en réaction à l'abonimable oppression de la troïka (UE – BCE – FMI). En solidarité avec le peuple grec, je décidai de poser ma crotte au taf, désormais. On ne se rend pas compte, mais faire caca, ça coûte la peau du cul (c'est le moins qu'on puisse dire). Le papier, l'eau consommée par la chasse d'eau ? Tout cela se paye (ou se vole pour le PQ, je sais). Si tous les travailleurs ne faisaient plus que caca au taf, dorénavant, nous serions probablement à deux doigts de couler le capitalisme.

 

Pour certains d'entre vous qui évoluent dans un environnement de bureau propret, faire caca au taf comporte des risques. Mais il existe des gens charmants qui ont pensé à vous.

 

 

 

Utilise internet à ton taf !

 

Et économise le prix de l'abonnement. Ok, cela ne concerne que les moins accros d'entre nous à internet, qui pourront s'en passer le soir (à moins que tu ne vives sur ton lieu de travail, mais je ne te le souhaite pas). Cela demande un minimum de discrétion et une certaine habileté à passer de la fenêtre d'Internet Explorer à celle d'un tableur Excel en un quart de seconde. Je suis ouvrier et je ne suis pas censé utiliser un ordinateur. Mais j'ai trouvé une feinte : j'ai un jour déclaré tout haut que j'allais "constituer une base de données pour améliorer mon rendement". Mon patron était vachement impressionné. Depuis, je passe des heures sur internet en prétendant "mettre à jour la base de données" et ne manque jamais de signaler comme ça au passage "que la base de données me permet d'être beaucoup plus efficace". Alors ouais, ça ne marche que si ton patron n'y connait rien en informatique. Mais vraiment rien, hein.

 

 

 

 

Voilà les premières mesures de détournement de plus-value qui me sont venues à l'esprit. Si tu en as d'autres à me soumettre, fais comme les jeunes : "lâche-toi dans les coms !" (Quand je dis lâche-toi, ça ne veut pas dire faire caca. Parce que le caca, c'est exclusivement au taf, c'est clair ?)

 

 

 

 

Suggère d'autres mesures à Stoni

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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 13:21

 

 

caca stoni

 

 

 

 

J’aurai été communiste en dépit des communistes eux-mêmes.

Ces jours-ci, je ne les supporte plus. Lorsque je lis, par hasard, dans un magazine, un journal, sur internet, le nom de Marx, une détestable sensation d’agacement s’empare de moi. Ce qui est mal. Marx n’a rien à voir avec tout ça.

Ce sont certains communistes qui m’énervent.

Pourtant. Chez moi, j’évite du regard mes rayonnages d’ouvrages communistes. A la bibliothèque, je fuis les étagères qui s’y rapportent. Ce qui est mal. La théorie n’a rien à voir avec tout ça.

 

Je m’interroge.

Au-dessus de mon bureau, j’ai affiché, en bon pauvre connard socialisant de base, les portraits de Rousseau et Robespierre. Et, ces jours-ci, si le communisme me saoule, je dois avouer que Robespierre, tout au contraire, m’inspire une admiration qui confine à la dévotion. Je le regarde. On dirait qu’il me regarde. Il me dit : « tu n’es pas un bon camarade ». Je lui réponds : « toi non plus, tu n’étais pas un bon camarade, ils t'ont fait guillotiner ». Il ne réplique pas. Je l’ai vexé. Je soupire.

 

J’en ai marre. De ces communistes qu’hélas je côtoie, de ces communistes chiants qui ont le malheur, justement, d’être communistes. Je n’en peux plus d’entendre leurs grandes leçons de socialisme, de lutte de classes, de matérialisme dialectique, leurs incantations pseudo-révolutionnaires, alors que ces gens n’ont jamais foutu le pied dans une putain d’entreprise de toute leur vie. Je veux dire, seulement FOUTRE LE PIED. Sans déconner. Ok, je sais. Marx non plus n’a jamais travaillé en entreprise de sa vie, me rétorqueront les sages et les bien avisés. Ils auront raison. Mais Marx, il me saoule aussi. Qu’il aille niquer sa bonne.

 

Je ne connais pas un seul camarade qui travaille en entreprise à un poste de subalterne. Tu te rends compte ? Je n’en connais aucun.

Sauf moi. Ce stupide ouvrier qui se lève tous les matin à six ou sept heures pour aller bosser.

Et pendant ce temps, les « camarades » en question, ceux qui m’agacent, contemplent le monde, l’actualité, analysent, dissertent, et moi je travaille.

Quelle putain de répartition des tâches à la con. Mon être de classe les emmerde. Il y aura toujours une classe laborieuse, toujours une classe oiseuse – à défaut d’être véritablement oisive – et c’est donc ça le socialisme pour lequel je me suis encarté.

 

Au cours de nos rares réunions, ils profèrent leur mépris des travailleurs, des petites gens, des pauvres gens, de mes amis, de mes proches, de mon père, de ma mère, de mes grands-parents, de mes frères, de mes sœurs, ils s’en fichent, ce n’est pas vrai, la classe ouvrière ne les intéresse pas, ne les a jamais intéressé, leur cause c’est la leur, pas celle des autres, leur cause c’est l’arrogance, leur cause c’est, tout simplement, être supérieur, se distinguer – et que ce soit par la politique, l’art, l’argent, cela revient au même et cela me dégoûte.

 

Peut-être parce que moi-même je cherche à me distinguer par la littérature.

Peut-être parce qu’ils sont comme moi.

Mais moi je travaille. Moi, je suis de et dans ce monde, je vis de et dans ce monde, qu’ils appellent – c’est selon – le salariat, la classe ouvrière élargie, le monde du travail, et qu’ils n’ont jamais voulu pénétrer. Sauf que moi je suis un hybride et c’est peut-être pire encore. Une monstruosité. Mi-travailleur, mi-je-ne-sais-quoi. Mi-artiste à deux balles. Mi-connard.

 

Je me fatigue. Ils m’épuisent.

 

 

 

Tu es un mauvais camarade, me dit Robespierre.

Et moi je suis désolé.

 

 

 

 

 

 

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20 juillet 2012 5 20 /07 /juillet /2012 14:11

 

 

http://ukrainetrek.com/images/stakhanov-ukraine-city-views-20.jpg

 

 

 

Ce matin, mon patron :

- En ce moment, c'est plutôt calme, n'est-ce pas Stoni ?

Moi (qui viens de passer deux heures sur internet en faisant semblant de « remettre à jour la base de données ») :

- Ouais c'est sûr.

- Dans ce cas, ne venez pas lundi.

- Je poserai un jour de congé.

- Non, je vous donne votre jour, ne prenez pas un jour de congé pour rien.

 

Ce dialogue n'a rien de fictionnel. Il se répète une fois par mois environ. Mon patron n'est pas un mordu de boulot. Alors il ne voit pas pourquoi je devrais venir tandis qu'il n'y a aucun colis à livrer. C'est une forme d'allocation au chômage technique qu'il finance lui-même, puisqu'il me paye un jour d'absence gratis.

 

Dans ces conditions assez arrangeantes, tu te douteras que je l'aime bien, mon patron. Il ne me flique pas, au contraire. Il m'encourage, certains jours, à rester avec lui dans son bureau pour parler football ou cyclisme. Même que des fois, c'est moi qui lui rappelle que je suis là pour bosser et que, bon, ça fait plus d'une heure qu'on bavarde sur l'Euro (mon côté Stakhanov). Si je suis en retard, il s'en fiche. Si je veux modifier mes horaires, il me permet de les aménager comme je l'entends.

 

C'est un mec sympa, voilà tout.

Mais bon. Un inconvénient subsiste.

 

Car pour le communiste que je suis, un patron pareil ne me facilite pas la lutte de classes.

 

 

 

 

 

 

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 13:02

 



 

carte pcf

http://www.clubdia.fr/images/20110923_ClubDIA_04b.jpg

 

 

 

L'autre jour ma sœur me demande d'aller lui faire quelques courses au supermarché Dia du coin. Elle me donne sa carte fidélité pour avoir des réductions sur les produits. La carte Dia est rouge. Je la glisse dans mon portefeuille. Au moment de payer, je tends une carte rouge à la caissière. La caissière tente de la scanner, en vain. Puis elle regarde la carte et dit tout haut « mais c'est pas la bonne carte, celle-là est marquée  PCF ». Derrière moi, des étudiants éclatent de rire et glissent des allusions anticommunistes. Je donne la bonne carte Dia à la caissière qui me demande ce que c'est « PCF ». Je dis «oh un vieux truc » et je pars.

 

 

 

VDM - Vie De Militant.



La VDM Vie De Militant pouvant aussi, parfois, souvent, être une VDM Vie De Merde.







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19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 13:16

 

 

 

politesse-dictator.jpg

 

 

 

Pierre Laurent, charismatique Secrétaire national du Parti Communiste Français, a déclaré « à huis clos » (et c’est bien pour ça que toute la presse est au courant) ce lundi :

 

les conditions ne sont aujourd'hui "pas réunies"

pour que des communistes entrent au gouvernement

 

Source : le Parisien.

 

 

 

Déjà, je vois trop comment les mecs font leurs réunions à huis clos. «-  Sœur Marie-George, tu penseras bien à contacter le service des relations publiques pour qu'ils divulguent le contenu de nos magnifiques séances qui intéressent la terre entière ? - T'as oublié le mot magique, Pierrot. - S'il te plaît, Sœur Marie-George ? - Amen ! »

 

Enfin.

 

 

Stoni mode politesse dictator ne pouvait laisser passer cette boutade. Si elle révèle un excellent sens de l’humour chez ce monsieur Laurent (enfin un signe distinctif, je commençais à me demander si ce pauvre homme était en réalité un cyborg ou un droïde), elle trahit également une impolitesse grave.

 

Mon cher petit Pierrot, sache qu’on ne refuse pas d’entrer dans un gouvernement lorsqu’on n’y a pas été invité.

 

C’est un peu la moindre des choses. Bonne manière élémentaire !

 

 

pierre-laurent.jpg

 

 

Pour te faciliter l’appréhension de cette bonne manière, je vais te donner un exemple.

 

Disons que, dans une classe de 6ème, plusieurs élèves se battent pour être élus délégués de classe. Le petit François remporte haut la main et compte bien organiser une sauterie chez lui histoire de célébrer cette victoire. Si François ne m’a pas invité à cette fête, je ne peux décemment pas refuser une invitation qui n’a jamais existé.

 

Prends exemple sur ton ami Jean-Luc. Lui, au moins, témoigne d’une certaine constance dans ses engagements.

 

Or, je conviens qu’en te comportant comme si tu avais été invité, cela te confère virtuellement une importance que tu n’as visiblement pas, dans les faits, aux yeux de François.

 

 

Petit malin, va !

 

 

 

 

 

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Je te ferai des bisous



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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 13:47

 

 

 

 

 

Souviens-toi, ô camarade lecteur. Voici plusieurs semaines, je relatais un sinistre épisode de mon enfance. J’avais huit ans et j’avais annoncé à des « camarades » de classe que mes parents m’offriraient la Super Nintendo pour mon anniversaire. Ces dits camarades m’avaient alors froidement répondu : « non, tes parents t'ont menti, tu l’auras pas, t'es trop pauvre ».

 

Mais Fortuna, déesse ô combien surprenante, me réservait l’occasion délectable d’une vengeance en bonne et due forme.

 

 

 

ewok-wicket-jouet.jpgL’objet du litige

 

 

 

Depuis que je suis tout petit, je suis fasciné par la première trilogie de la Guerre des Etoiles. Ma grande sœur et moi avions des figurines des principaux personnages des films. J’avais même l’Amiral Ackbar. Hélas, nous n’avons jamais eu le Faucon Millenium ni le Quadripode impérial. Nous étions toutefois bien fournis. Nous avions la navette de Darth Vador. Et tous les ewoks.

 

Ces jouets ont été commercialisés jusqu’en 1985. Il ne fallait pas louper le coche.

 

 

http://farm6.static.flickr.com/5026/5607168356_4b26c7d637.jpg

 

Le truc qui te rend dingue, quand t'es gosse...

 

 

 

 

Pour les enfants de mon âge, nés en 1983, rares étaient ceux qui furent assez réactifs pour réclamer les jouets entre zéro et deux ans. Et bien peu avaient vu les films dans ce court délai.

Or, grâce à ma sœur de trois ans mon aînée, je disposais d’une formidable collection Starwars et je connaissais déjà les films par coeur.

Mes camarades découvrirent Starwars sur le tard, à l’âge de six ou sept ans.

 

C’est en 1991 que le drame petit-bourgeois du « blocus Wicket » se produisit.

 

Mes congénères qui découvrirent la trilogie à cette époque, n’avaient donc pas de jouets Starwars, ceux-ci n’étant plus disponibles dans le commerce depuis un sacré paquet de temps.

 

Sous les auspices de Fortuna et de George Lucas, je pris ma revanche prolétarienne.

 

Un des « camarades » de classe qui m’avaient traité de pauvre lors de l’épisode Super Nintendo, que nous appellerons Julien, m’invita à sa fête d’anniversaire. J’étais alors dans une phase Starwars et j’apportais mes figurines d’ewoks partout où j’allais.

Pour les malheureux qui ne connaissent pas, les ewoks sont des sortes de petits oursons sympas dont les enfants raffolent, présents dans le dernier volet Le retour du Jedi.

 

 

 

http://t2.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQdoZQ4s6YJem46SW5BgpB_W0JosHJPGWOZbk2xJMizEiGn9QLE6t_K1nYH  

Des modèle sains pour construire

sa personnalité

 

 

Lors de l’anniversaire, je fis sensation avec mes ewoks. Ils séduisirent tant que Julien oublia les magnifiques cadeaux offerts par ses parents : l’île au trésor Playmobil, le ranch Playmobil, soit, plein de trucs de malade. J’étais muettement stupéfait par sa chambre. Jamais je n’avais autant vu de jouets canon au mètre carré. Lorsque ma mère vint me chercher en fin d’après-midi, je récupérai mes figurines d’ewoks. Le drame petit-bourgeois éclata. Julien me raccompagna, avec sa propre génitrice, jusqu’au pas de la porte et m’ordonna de lui prêter Wicket.

Wicket, le plus petit des ewoks, le plus mignon, le plus cool, le plus marrant.

Je répondis :

- N-o-n.

Un non propre, sec et net. Julien le prit mal et demanda plus poliment. Je refusai encore.

A cet instant, il explosa en larmes.

- Prête-moi Wicket s’il te plaît ! Wicket ! Je veux juste Wicket ! Juste pour cette nuit, je te le rendrai demain à l’école !

J’observai, impassible, ces larmes abondantes en goûtant une savoureuse satisfaction. La mère de Julien intercéda :

- Allez Stoni, prête-lui ta figurine, je ferai attention à ce qu’il te la rende demain à l’école.

- Non.

Julien pleura de plus belle. Le putain de caprice, je veux dire. Un truc de ouf. Il devenait tout rouge, il ne respirait plus. Ma mère me suggéra à son tour de prêter Wicket.

- Tu vois bien que ça le rend triste, lui aussi il voudrait bien avoir un Wicket.

- Non.

Sans déconner, les ewoks – et spécialement Wicket – c’est pas un truc qui se prête. Du moins pas à ce petit con qui m’avait traité de pauvre. Je restai ferme, campé sur ma décision. Un putain de blocus communiste. Finalement, ma mère m’emmena et nous laissâmes Julien éploré.

 

Le lendemain à l’école, Julien vint me demander pourquoi j’avais eu la cruauté de ne pas avoir prêté Wicket.

- T'es pas sympa, je t'avais invité à mon anniversaire !

Et là, en le regardant droit dans les yeux, je lui ai asséné :

- Tes parents sont riches, ils pourront t'en acheter un, t’as qu’à leur demander.

- Mais ça se vend plus !

- Ah ? Alors dommage pour toi.

Il redevint tout rouge, le regard humide. J’ai souri et je me suis éloigné sans me retourner.

 

 

Ô, rare victoire de classe ouvrière !

 

 

 

 

 

 

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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 13:47

 

 

 

 

En ce moment, la vidéo d’une émission télé circule sur le ouaib. Sommairement intitulée « jeunes cons de droite », il s’agit d’un plateau où Jean-Luc Mélenchon répond aux questions d’un jeune public, dont des « jeunes cons de droite ». Je l’ai vite fait regardée ce week-end.

 

 

 

 

Cette nuit, j’ai rêvé que, à la place de Mélenchon, j’étais confronté à l’un de ces « jeunes cons de droite ». Je n’aime pas l’idée de récupérer le rôle de Mélenchon, mais mon inconscient a des ambitions d’ordre mégalo-politique, il faut croire. Quitte à faire des rêves politiques, j’avais préféré celui avec Thomas Hollande... Fort heureusement, dans mon rêve de cette nuit je ne faisais que débattre avec ce « jeune con de droite ». Mes fantasmes porno-politiques se limitent aux sociaux-démocrates, aux trotskards et aux écologistes. Au fond, je dois être un mec assez « gauche plurielle ». Quoiqu’il y ait toujours une dimension belliqueuse dans mes visions porno-gauchistes. Je ne rentrerai pas dans les détails. Enfin.

 

Dans mon rêve, donc, le jeune con de droite entamait la discussion exactement comme dans la vidéo de l’émission. J’étais très calme de bout en bout. C’était étrange car je formulais très vite mes réponses, cela dans un français correct. En réalité, lorsque je débats avec quelqu’un, je perds assez vite patience et je ne me montre pas aussi efficace qu’à l’écrit – loin de là.

Le jeune lançait ainsi les hostilités :

- Stoni, que pensez-vous de cette immense majorité de Français qui profitent du système des allocations sociales ?

- Quelles allocations sociales ?

- Le chômage, par exemple. Une majorité des bénéficiaires de l’allocation chômage ne veut pas travailler en vérité et vous le savez bien.

- Ecoutez, avec 10 % de chômage, il est parfois très difficile de seulement travailler tout court. Dans ce contexte, vouloir travailler ou pas, c’est encore une autre question.

- Vous jouez avec les mots.

- Non, je remonte à la racine de votre assertion. Les faits avant les interprétations.

- Il y a trop de chômeurs qui refusent les offres de travail qu’on leur propose, voilà ce qui entretient le taux de chômage !

Là une jeune fille intervint, comme dans la vidéo :

- Mais quand on est surdiplômé, je suis désolée, on ne peut pas accepter n’importe quel travail de merde !

Je répondis aussitôt :

- Mademoiselle, je suis ouvrier et smicard, vos propos sont tout à fait blessants car je suppose qu’un travail de merde c’est un travail comme le mien.

- Mais non, je…

Le « jeune con de droite » revint à la charge :

- Stoni, expliquez-moi pourquoi aux Etats-Unis, où il n’y a aucune aide sociale, les gens travaillent plus et sont plus heureux que chez nous ?

- Ce que vous dites est faux.

- Ah bon ? Vous allez me dire qu’en France on est plus heureux qu’aux Etats-Unis ?

- Non, le problème n’est pas le bonheur. Je ne m’amuserai pas à quantifier l’inquantifiable… Le problème c’est qu’il existe des aides sociales aux Etats-Unis. Vous recourez à des lieux communs. Vous ne savez guère de quoi vous parlez, je le crains.

- Ah oui vraiment ? Des aides sociales aux Etats-Unis ? Citez-les moi ?

- Par exemple les food stamps, le Medicare, il existe également des allocations chômage. Je ne dis pas que la protection sociale aux Etats-Unis est efficace, je dis qu’il existe un Etat providence, aussi faible et précaire soit-il. Vos propos sont ineptes. Cela ne vous empêche pas, toutefois, de rester sur votre position qui, j'imagine, est libérale.

Le « jeune con de droite » n’était pas content. Je souris.

- Vous savez, je suis heureux de parler avec un libéral. C’est très rare, en France. Je préfère les gens comme vous aux militants de droite pseudo-gaullistes. Vous, vous êtes la droite telle qu’elle est vraiment. Vous ne mentez pas, vous allez droit au but, vous ne déguisez pas les intérêts de votre classe. Vous avez le courage de réclamer le véritable projet de votre classe sociale. Comme j’ai le courage de réclamer le véritable projet de la mienne, qui n’est pas la démocratie, la liberté, l’égalitarisme ou je ne sais quoi encore. Je réclame le communisme, via une dictature du prolétariat. Vous voyez, vous et moi, on se bat idéologiquement à armes égales. Comme vous devez être déçu par la droite française ! Et surtout par le peuple de droite français !

- Je ne suis pas toujours sur la même ligne, mais…

- Cette droite et ce peuple de droite qui autorisent encore que les enseignants du privé soient rémunérés par l’Etat ! Quelle honte, pour des vrais libéraux ! Toutes ces structures éducatives promptes à gratter les fonds publics, tout comme ces sales fainéants de pauvres le font avec les allocations chômage… L’esprit d’initiative et de libre entreprise de votre mouvement devrait s’insurger devant ce scandaleux assistanat. Moi aussi ça me fait mal que les pauvres financent vos écoles. Et ça me fait mal que les pauvres soient taxés afin que l’Etat verse des allocations familiales à vos foyers bien dotés. Oui, moi aussi, je pense qu’il y a des gens qui profitent du système. Vos parents ont-ils refusé de toucher l’allocation familiale ? Je le souhaite pour vous. Ce serait un poids bien lourd à porter.

 

 

Je me suis réveillé.

 

Il y a quelques jours, j’avais rêvé que j’étais rémunéré pour regarder des films X en avant-première, en tant que cobaye. Les responsables me donnaient des fiches où je devais noter mes impressions. Ces gens venaient régulièrement vérifier que je ne m’endormais pas. Les films étaient tous d’excellente facture. A la fin, le chef venait me féliciter en personne pour mes appréciations très bien rédigées. Je lui répondais : « oh mais vous savez c’est normal, le sexe c’est toute ma vie, donc je m’implique à fond dans ce travail. »

 

 

Si je pouvais revenir à ce genre de rêves agréables et intellectuellement récréatifs, ce serait très plaisant. Mais bon, avec la chance que j'ai en général.

 





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26 mai 2012 6 26 /05 /mai /2012 12:44

 

 



 

 

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Le cannabis touche donc toutes les classes sociales

un problème insoluble ?

 

 

 

 

Je n'ai jamais aimé le cannabis, ce même pendant mon adolescence. De par chez moi, l'herbe était très difficile à dénicher. Seule la résine (de pitoyable qualité, bien évidemment) circulait. Je dois signaler qu'à cette époque, j'étais loin d'être communiste. Ayant été élevé par des sortes de hippies prolétariens bizarres, je n'étais pas très politisé. Disons que j'étais bien plus familiarisé à l'underground freak qu'à la lutte des classes.



Donc, je n'aimais pas le cannabis. C'était très cher, je préférais dépenser le peu de fric que j'avais dans des vinyles. Et puis, le cannabis, ça ne me faisait rien. Quand, un peu plus tard, j'ai rencontré des petits-bourgeois très fiers de faire « tourner un joint » que je refusai immanquablement, face à leur étonnement méprisant, je répondais : « moi, si j'ai envie de partir, j'écoute de la musique ». C'était vrai. Écouter mes disques me transportait à des années lumière, pendant des nuits entières, seul ou pas. Je veillais jusqu'au lever du jour, le casque du baladeur sur les oreilles. J'adorais me passer The lamb lies down on Broadway à l'aube.

Aucune substance n'aurait pu égaler ce que j'éprouvais lors de cet instant pur, vierge, fragile, presque effrayant de perfection, lumineux.



Le sexe, aussi, me semblait autrement plus attirant et enrichissant que les joints...



Je n'aimais pas l'alcool pour les mêmes raisons. D'abord, dans ma famille, personne ne buvait. Mon père n'y touchait pas, ma mère non plus. Je ne raffolais pas du goût de la bière, et pourquoi me saouler ? J'avais mes disques. Je ne comprenais pas les motivations de mes camarades, lorsqu'ils se bourraient la gueule. Tous, ils devenaient laids, les filles vomissaient, les mecs étaient brutaux avec elles, ils baisaient n'importe comment et avec n'importe qui. C'était ça, s'amuser ? Putain, je préférais mille fois aller à Paris aux soirées Respect du mercredi soir (entrée gratuite sans délit de faciès). Je ne comprends toujours pas les gens qui boivent. Une fois, je me suis saoulé, histoire de voir ce que ça faisait. J'avais dix-huit ans. Je ne me souviens de pas grand-chose. A un moment, j'ai mis la VHS d'un documentaire des Beatles, j'ai regardé en insultant John Lennon (wtf ? ), puis je me suis pissé dessus tandis que je me rendais, à quatre pattes, aux chiottes. Le lendemain, j'ai piteusement lavé mon jean dans un lavabo et je me suis dit que plus jamais je ne recommencerai. Je n'ai donc plus jamais recommencé.



Mais le cannabis avait quelque chose de différent. L'alcool me dégoûtait en tant que tel. Le cannabis me rebutait pour quelque chose de supérieur, de culturel, que je ne comprenais pas bien. Le cannabis me glaçait.

Et puis, je suis devenu communiste, et puis, j'ai enfin compris.



Le cannabis est une formidable initiation au système capitaliste, et un non moins formidable moyen de conversion des masses.

Le propre du capitalisme contemporain est de bousiller la conscience de classe des travailleurs, donc la marche de la lutte des classes, en imposant un dressage idéologique quasi universel. Ce dressage s'adresse tant aux bourgeois, petits-bourgeois, qu'aux couches moyennes, et j'en passe. Le joint fait partie de ce programme.

Le joint. Totem. Tabou.

Le joint est une petite marchandise de luxe. Luxe de bas étage, certes, mais luxe tout de même. En quoi est-il luxueux ? Le cannabis est une marchandise rare du fait de son approvisionnement illégal. Il est également fétichisé par toutes les auras culturelles dont on l'a couronné. Le joint ouvre l'esprit. Le joint transporte. Le joint transcende. Le joint représente un courant. Le joint transgresse.

Comme le système est bien fait, le joint est une marchandise de luxe qui reste abordable. Chacun peut se la payer. Si tu es pauvre, tu auras toi aussi ta petite marchandise de luxe transgressive ! Tu appartiens désormais à la caste supérieure des fumeurs de joint. Tu niques le système (tel le chef d'entreprise qui cherche à niquer le droit du travail – même combat).

 

 

 

 

Voilà toute la puissance de l'hégémonie du signifiant. Tu ne possèdes pas le référent (le véritable mode de vie bourgeois) ? Ah, mais ce n'est pas grave, tu détiens au moins le signifiant, le symbole, c'est-à-dire ton pauvre joint roulé à la sauvette ! C'est déjà ça !



Bon, camarade lecteur, à ce stade, le but du jeu n'est pas de lancer un Scud sur les fumeurs de joints. Avec un tel matraquage idéologique, on ne peut guère leur reprocher d'avoir cédé à ce pitoyable petit luxe bourgeois. De même qu'on ne reprochera pas à Pasolini d'avoir abusé des coupés sport. De même qu'on ne reprochera pas à Marx d'avoir engrossé sa bonne... Je pense qu'il n'y a guère d'intérêt à taxer les fumeurs de joints de social-traîtres. Le cannabis en tant que tel ne me pose aucun problème, c'est la façon dont il est produit et consommé qui me gêne. D'ailleurs, je suis personnellement pour la légalisation (et la nationalisation et la gratuité) de toutes les drogues.

Néanmoins...



Camarade-lecteur ! Si toi-même tu fumes des joints, ne te fouette pas en signe de repentance ! Pense à ceux qui ont d'autres vices capitalistes : les coupés sport, les émissions de télé-réalité, les fringues The Kooples ! Mais tâche de rester conscient du non-dit du joint et répands la bonne parole prolétarienne autour de toi !







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