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5 juin 2012 2 05 /06 /juin /2012 13:56

 

 

éditeur à-valoir

 

 

Mon cher camarade-lecteur, j’ai déjà abordé la question ô combien cruelle mais cruciale de la rémunération d’un écrivain dans l’article : « parlons fric ».

 

Aujourd’hui, je souhaite toutefois te donner davantage de précisions sur la négociation de ce dit à-valoir.

 

Si ce n’est pas déjà fait, je t'invite vivement à lire l’article « parlons fric » qui explique tout bien le principe d’un à-valoir.

 

Un à-valoir est donc une avance sur les ventes d’un roman versée dans le cadre de la signature d’un contrat d’édition.

 

Aussi, camarade écrivain, n’accepte jamais de signer un contrat d’édition sans à-valoir.

Hélas, cette pratique se répand, surtout chez les petits éditeurs pas sérieux. L’à-valoir est la condition sine qua non de la signature d’un contrat d’édition. Un éditeur qui ne te paie pas en avance n’est pas un éditeur sérieux, et chez lui, ton livre n’aura aucun avenir. Les promesses de rémunération en droits d’auteur (un an ou deux après la parution du livre) ne veulent rien dire. Si l’éditeur ne te paie pas dès la signature du contrat d’édition, crois-moi bien, il ne le fera JAMAIS.

 

JE RAPPELLE QUE L’A-VALOIR N’EST TRADITIONNELLEMENT PAS REMBOURSABLE ! Si l’éditeur annule la parution de ton roman après la signature du contrat (tragédie rare mais qui s’est déjà vue), tu garderas ton argent.

 

En outre, le chèque d’à-valoir est remis le jour même de la signature du contrat d’édition. N’accepte pas de signer un contrat sans que l’on te remette le chèque. Ou bien tu pourras toujours attendre pour l’obtenir : ce chèque deviendra la nouvelle arlésienne de ta vie.

 

C’est pourquoi je pense qu’il est bien mieux de rencontrer physiquement l’éditeur le jour de la signature du contrat. Quand l’auteur accepte de signer le contrat par correspondance, ça ralentit le processus, si je puis dire (envoi du contrat de l’éditeur à l’auteur – envoi du contrat signé de l’auteur à l’éditeur – envoi du chèque de l’éditeur à l’auteur - etc…).

 

 

 

Or, avant de signer le contrat et de recevoir ce chèque en mains propres, l’éditeur va te proposer un certain montant d’à-valoir – que tu accepteras, négocieras ou refuseras en fonction.

 

 

 

La négociation de l’à-valoir pour un premier roman

 

Dans ce cas, ta marge de manœuvre est réduite mais ce n’est pas une raison pour accepter n’importe quoi.

 

La mode est au faible à-valoir – crise économique oblige. Il faut cependant bien comprendre que le montant d’un à-valoir, faible ou fort, reste une somme dérisoire pour tout éditeur digne de ce nom. Or, quelle que soit la taille de sa maison, l’éditeur va toujours te faire croire qu’il n’a pas un rond, que les temps sont durs et que franchement, il a pas le choix le pauvre, il peut pas faire autrement que de te payer à coups de lance-pierre. Dans ce cas, il te fera miroiter d’autres avantages qui ne sont que mirages : versement des droits d’auteur après la parution du livre, avantages en nature (si si, je te jure, y’en a qui font ça !), futur à-valoir pour une prochaine sortie poche (oui bien sûr, on y croit tous). Ces derniers arguments sont des mensonges auxquels il ne faut pas céder.

 

L’à-valoir peut être versé en plusieurs fois. Par exemple, 300 € le jour de la signature du contrat, 500 € le jour de la parution en librairie. Je suis résolument contre cette pratique, courante chez les grands éditeurs. Un à-valoir en-dessous de 3 000 €, c’est versé en une seule fois. Putain quand on reste dans ce registre de sommes dérisoires, faut pas se foutre de la gueule du monde !

 

Voilà les différents niveaux d’à-valoir qu’on te proposera pour un premier roman.

 

A-valoir : nul. Zéro €. « T'en fais pas mon coco, je te paierai 100 000 € de droits d’auteur – ce sera un best-seller, fais-moi confiance – dès trois mois après la parution en librairie ! »

REFUSE TOUT NET ET VA VOIR AILLEURS.

 

A-valoir : inférieur à 500 €.

Du pur foutage de gueule. Refuse.

 

A-valoir : entre 500 et 1 000 € / entre 1 000 et 1 500 €.

C’est, hélas, la tranche la plus courante pour un premier roman. A mon avis, c’est très très très radin et, dans ce cas-là, même pour un premier roman, à ta place, je ferais comprendre à l’éditeur que je juge cette somme peu représentative de la qualité de mon travail.

 

En-dessous de 1 000 €, j’aurais tendance à carrément refuser le contrat d’édition. Ne serait-ce que pour tester l’éditeur… S’il se braque et reste sur son chiffre, il ne tient pas vraiment à t'éditer et tu as peut-être intérêt à aller voir ailleurs…

 

Entre 1 000 et 1 500 €, c’est encore une somme ridicule mais nous nous rapprochons du montant acceptable d’un à-valoir.

 

 

 

A partir de 1 500 € : somme tout à fait acceptable qui indique la présence d’un éditeur un tant soi peu sérieux. A accepter les yeux fermés (à condition, je le répète, qu’il soit versé en une seule fois !).

 

 

 

Plus l’éditeur te paie cher, plus il aura tendance à se bouger le cul pour bien vendre ton roman.

 

On est d’accord que, pour toi, 500 boules, 1 000 boules ou 1 500 boules, ça change pas grand-chose et nombre de jeunes auteurs ne pigent pas pourquoi il faut pinailler sur le pognon.

La raison est pourtant simple. Moi, si je suis éditeur et que je paie un petit jeune 500 boules pour son premier roman, franchement, si le bouquin est un échec, je m’en bats un peu les steaks : normal, le mec ne m’a pas coûté cher.

Attention, ça ne veut pas dire qu’avec un à-valoir de 1 500 boules, tu vas être traité comme un prince. Mais tu auras un peu plus de chances que l’éditeur fasse correctement son boulot.

 

 

Les arguments à utiliser pour négocier l’à-valoir d’un premier roman.

 

Je te dis de négocier, quand toi, jeune auteur égaré dans le monde de l’édition, tu es terrorisé à la seule idée d’adresser la parole à un éditeur. Tout marchandage s’annonce, dans ces conditions, sous de douloureux auspices ! Je te soumets donc de petits arguments chocs qui pourront faire mouche.

 

« J’ai entendu des primo-romanciers parler d’à-valoir nettement plus élevés, la norme serait plutôt de 1 500 €, je ne comprends pas bien le montant que vous me proposez. »

Ou l’argument choc que tu auras toujours sous la main ! Car, cet argument est vrai ! Sois sûr de toi quand tu le répéteras à l’éditeur.

 

« Vous me proposez une somme qui semble nettement en-dessous de la moyenne proposée aux primo-romanciers. Je suis à la recherche d’un partenaire sérieux, d’un collaborateur de confiance, et je vous avoue que je commence à douter. »

 

« Je suis à la recherche d’une maison d’édition solide, financièrement saine, et votre proposition me pousse à m’inquiéter… »

 

Je serai honnête avec toi : la négociation pour un premier roman sera très très délicate. Tu es un petit nouveau dans l’univers de l’édition, tout le monde ou presque se sent en droit te pisser dessus et de te conférer autant d’estime qu’à une vieille serpillière abandonnée dans un cagibi de cantine scolaire.

Toutefois, ça vaut le coup de tenter la négociation, ne serait-ce que pour voir la réaction de l’éditeur. Un type qui tient la route au mieux te donnera raison, au pire t'embobinera poliment. Un connard le prendra mal. Bon moyen de tester.

 

 

La négociation de l’à-valoir pour un deuxième roman

 

Tu as donc sorti un premier roman. Pas découragé pour deux sous, tu remets le couvert et ponds une deuxième grande œuvre littéraire.

 

Premier cas de figure : tu restes chez le même éditeur.

 

Pour une raison ou une autre, tu as décidé de rester chez le même éditeur. Tu lui soumets donc ton nouveau manuscrit. Fort heureusement, le mec est d’accord pour l’éditer.

Un bon conseil : parle tout de suite de l’à-valoir.

 

Évidemment, l’à-valoir pour un deuxième roman est supérieur au premier SAUF SI TON PREMIER ROMAN A ETE UN GROS BIDE. Et quand je parle de gros bide, c’est le super gros bide. L’éditeur a perdu des sous, ça a été la cata (autant dire, des ventes qui se situent en-dessous de 20 % du tirage initial).

 

Dès que l’éditeur te contacte pour te dire « magnifique ce deuxième roman, je veux l’éditer mon cher petit, oh oh ! », tu enchaînes aussitôt en annonçant que tu veux un plus gros à-valoir.

 

Par exemple, pour un premier à-valoir de 1 500 €, tu peux largement demander, pour le second, 2 000 € - 2 500 € (voire plus, si le livre s’est très bien vendu et qu’il y a eu des rééditions).

 

Normalement, l’éditeur devrait accepter. C’est une tradition, il n’y a aucune raison à ce qu’il te refuse une augmentation pour le deuxième roman.

Cependant, si tu ne la demandes pas toi-même, il ne te la proposera sûrement pas… Ben ouais, pas con le gus…

 

Si l’éditeur refuse cette augmentation, il y a de quoi s’inquiéter. N’hésite pas à lui dire directement que tu le prends très mal, à titres professionnel et personnel. Une discussion sérieuse s’impose…

 

Si ton premier roman a été un gros bide, il faut néanmoins garder en tête le fait que ce n’est pas ta faute, mais celle de l’éditeur : c’est son travail de vendre les bouquins, le tien se limite à les écrire, point barre !

D’ailleurs, dans ce cas de figure, il vaudrait peut-être mieux changer d’éditeur…

Si pour une raison X ou Y tu veux quand même rester chez lui, demande néanmoins l’augmentation de l’à-valoir. Comme je l’ai écrit plus haut, tu n’es pas responsable de l’échec commercial de ton premier roman. L’augmentation de l’à-valoir serait, au contraire, une bonne façon de te dédommager !

Hélas, l’éditeur aura alors toute la latitude de refuser cette augmentation – puisqu’il aura été financièrement perdant sur ton premier bouquin et qu’il prend donc « de gros risques » pour ce second. Argumente un peu, mais, exception mise à part, je crains que ce ne soit peine perdue…

 

Deuxième cas de figure : tu changes d’éditeur.

 

Là aussi, tu es tout à fait en droit de demander une augmentation d’à-valoir ! Pour cela, tu annonceras tout simplement à ton nouvel éditeur le montant de ton premier à-valoir et tes prétentions pour le second.

D’ailleurs, si chez ton premier éditeur tu as eu un faible à-valoir (moins de 1 500 €), c’est le moment idéal pour mentir et arrondir la somme… Aucune honte à ça, c’est de bonne guerre et ça fait partie de la règle du jeu !

 

 

Les arguments pour négocier ton deuxième à-valoir.

 

L’argument principal est tellement évident que je ne devrais même pas avoir à l’écrire ici : « l’augmentation de l’à-valoir pour un deuxième roman est une tradition éditoriale ».

C’est tout, point à la ligne, on n’en parle plus.

 

Or, la plupart des éditeurs sont des crétins radins mégalos et ils apprécieront de t'entendre les supplier une minute ou deux.

« Le premier s’est pas trop mal vendu, je veux donc être payé davantage. »

« Le premier s’est bien vendu, je veux donc… »

« Le premier s’est très bien vendu, je veux donc… »

Etc. Etc.

 

Cela en sachant qu’un éditeur considère qu’un roman s’est pas trop mal écoulé à partir de 30 % d’exemplaires vendus par rapport au tirage initial... Lui, il ne te dira jamais que c’est une bonne, ou une honnête vente, mais il le pensera, crois-moi.

 

 

Donc : deuxième à-valoir, augmentation ! Il n’y a pas à tortiller du cul pendant six mille ans là-dessus.

 

 

 

Avant de terminer, un petit conseil personnel.

 

L’à-valoir est considéré comme un revenu et il doit être, à ce titre, inscrit dans ta déclaration de revenus, donc déclaré au fisc.

 

Si tu ne le fais pas, avec un peu de malchance, les impôts te débusqueront en se basant sur les déclarations URSSAF de ton éditeur. Les joies des rappels d’impôts, avec indemnités de retard et autres pénalités s’offriront alors à toi. Je connais des gens qui en ont fait l’expérience  : mieux vaut éviter la chose.

 

Te voilà prévenu.

 

 

 

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