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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 16:26

 


 

 

Camarade lecteur, nous allons aujourd'hui aborder un point parmi les plus infâmes du monde de l'écrit : les faux éditeurs à compte d'éditeur mais en fait c'est plutôt du compte d'auteur.

 

Eh oui. C'est fâcheux, mais ça est.

 

 

J'ai mentionné le nom de l'éditeur le plus célèbre à pratiquer cette ignominie dans le titre de mon article et ne le répéterai pas (pour des raisons juridiques évidentes, car on ne peut plus s'exprimer dans ce pays c'est une honte).

Appelons donc cet éditeur : le Toto.

 

Un lecteur de ce blog m'a alarmé sur le Toto et sa nocivité potentielle auprès des auteurs aspirant à l'édition. J'ai ensuite pu me procurer, très facilement, le « contrat d'édition » que propose le Toto aux pauvres gens qu'il compte dévorer tout cru (un vrai Stoni en mode infiltré !!).

 

 

 

Ami lecteur, comme tout bon écrivain non édité que tu es, tu cherches une maison pour faire imprimer ta prose.

Et comme souvent, tu envoies ton roman (ou tes poésies, ou ton essai) à un soi-disant éditeur à compte d'éditeur : le Toto.

Étonnamment, tu reçois très vite une réponse et elle est positive. Tu es super content !

 

Sauf que.

 

Sauf que voilà, c'est, une fois de plus, une super arnaque.

Bienvenue dans le monde terrifiant de l'édition à compte d'éditeur mais c'est pas non plus du compte d'éditeur, en fait c'est plutôt du compte d'auteur.

 

 

Mettons les points sur les i, puisque nous sommes dans le domaine de l'écriture.

 

Chez le Toto, le fonctionnement est simple.

 

Le Toto ne te donne pas d'à-valoir.

 

Cela dit, le Toto ne te demande pas non plus du fric pour « financer les frais d'édition » de ton roman - donc ce ne serait pas de l'édition à compte d'auteur.

 

 

 

Comme le Toto est finaud, il prétend « jouer un rôle important dans l'édition française » avec une place envieuse dans le classement des éditeurs par chiffre d'affaires (bon, il est pas dans le Top 50 non plus, mais toi tu te dis, c'est pas mal quand même). Le Toto possèderait des dizaines de milliers de titres dans son « catalogue ». Tu es tout impressionné.

Le Toto s'enorgueillit également d'avoir édité les premières œuvres de maints auteurs ultra connus. Déjà, si le Toto n'a édité que « les premières œuvres » de ces dits auteurs ultra connus, ça devrait te mettre la puce à l'oreille, mais passons.

Le Toto possède même ses propres librairies, un truc de ouf.

 

Alors toi tu te dis, putain, mais c'est le contrat du siècle !

 

 

Mais quelle est la réalité, derrière ce mirage ?

 

La voici. Le Toto est surtout connu pour être l'éditeur des universitaires qui voudraient bien faire publier leurs travaux (mémoires, thèses, ouvrages divers et variés) mais qui ne peuvent pas passer par un éditeur professionnel. De ce fait, ces gens-là éditent chez le Toto.

Le problème, c'est que le Toto ne se limite pas « aux sciences humaines » (soit, le mémoire de Master I de Julien Dupont sur la métempsychose au IIIème siècle avant JC), mais qu'il souhaite aussi « faire de la littérature » (soit, cramer vos droits sur votre œuvre jusqu'à la fin de votre vie).

 

 

 

 

Comme d'habitude, j'explique tout.

 

 

 

 

 

 

 

Chez le Toto, c'est toi qui te tapes tout le boulot !

 

 

 

Problème n° 1 : tu vas à la Fnac et y'a pas un seul livre du Toto en rayon. Bizarre...

 

Problème n° 2 : le Toto t'envoie très vite un contrat d'édition (chose super étrange, mais tu ne le réalises pas encore). Le courrier d'accompagnement commence bien :

 

« Nous avons le plaisir de vous informer que le manuscrit que vous nous avez envoyé a été retenu pour la publication dans la collection : roman érotique. »

 

Ouh là là, t'es jouasse !

 

Le courrier poursuit :

 

« Nous vous invitons maintenant à nous fournir votre document sous la forme d'un prêt-à-clicher, c'est-à-dire une mise en page de votre ouvrage selon les normes fournies ci-contre. »

 

Diantre, mais de quoi s'agit-il donc ? Comme tu n'y connais rien au monde de l'édition, tu crois que c'est normal.

 

Alors tu découvres quatre pages intitulées « CONSEILS PRATIQUES AUX AUTEURS POUR L'ELABORATION D'UN PRET-A-CLICHER ».

En gros, les mecs te demandent de faire toi-même la correction, la mise en page, bref, tout le travail éditorial que doit normalement faire un éditeur.

 

Tout est prévu. Le format de la page au millimètre près, la pagination, les pages de garde, la mise en forme du texte (avec la police, les règles de ponctuation), les notes, la couverture, la quatrième de couverture, etc.

 

Mais toi, camarade auteur, tu n'es ni correcteur ni préparateur éditorial. La correction et la prépa, c'est un véritable métier qui ne s'apprend pas comme ça.

Dans un cadre normal d'édition, c'est à l'éditeur de faire accomplir ce boulot par des spécialistes.

Et là, tu dois le faire tout seul.

 

Le bouquet, c'est que le Toto te propose bien de le faire lui-même mais monnayant rémunération !

 

« Un test orthographique et typographique (sur une dizaine de pages) est effectué par nos soins sur chaque prêt-à-clicher. Lorsqu'une relecture complète du document est jugée nécessaire, celle-ci est à la charge de l'auteur (une possibilité de relecture par le Toto est possible sur devis). »

 

Sur devis ? Putain les gars c'est des garagistes ma parole !

 

Le pire reste encore à venir.

 

 

 

 

 

Chez le Toto, tu dois acheter 50 exemplaires de ton livre !

 

 

 

Fête du slip !

 

Chez un éditeur sérieux, professionnel et normal, on te donne gracieusement 50 livres, t'as rien à payer, c'est ce qu'on appelle les « exemplaires d'auteur ».

 

Mais chez le Toto, on se distingue !

 

Le truc est annoncé dès le courrier d'accompagnement (standardisé, bien sûr) glissé dans l'enveloppe du contrat d'édition :

 

« Dans des domaines particulièrement difficiles, comme notamment les secteurs littérature, poésie et théâtre, il vous sera parfois demandé de prendre en charge l'achat de 50 exemplaires de votre ouvrage avec une remise de 30 %. »

 

Note la remise de 30 %, quand je te disais que c'étaient de vrais garagistes ces types-là.

 

En page 4 du « contrat » (qui justement fait quatre pages au total, tu parles d'un contrat – un vrai contrat d'édition en fait au moins dix !), il est bel et bien stipulé :

 

« Achat de 50 exemplaires (-30 %) à régler en cours de fabrication. »

 

Sachant que le tirage initial est « 100/200 ou 300 exemplaires » (autant dire que dalle – voir mon article sur le tirage), ça va, avec cinquante ventes d'assurées par l'auteur lui-même, le Toto ne prend pas trop de risques financiers !

 

 

Le Toto, ou comment te faire enculer en toute maestria par des prétendus éditeurs qui ne font rien d'autre, en réalité, que du compte d'auteur.

 

 

A ce stade, camarade lecteur, retiens une bonne fois pour toutes :

 

UN VRAI CONTRAT D'EDITION A COMPTE D'EDITEUR N'IMPLIQUE AUCUN INVESTISSEMENT FINANCIER DE LA PART DE L'AUTEUR, QUE CE SOIT EN ARGENT OU EN COMMANDE DE LIVRES !

 

Quand un auteur traite avec un vrai éditeur, c'est l'éditeur qui lui donne du fric (à-valoir) ! Et personne d'autre !

 

Un éditeur qui ne vous rémunère pas n'est pas un éditeur !

 

C'est clair ?

 

 

Voir mon article sur un vrai contrat d'édition professionnel :

http://stoni1983.over-blog.com/article-au-secours-je-vais-signer-un-contrat-d-edition-ou-t-es-grave-dans-la-merde-51103947.html

 

 

 

 

 

 

 

Chez le Toto, t'as autant de distribution

que du compte d'auteur (c'est-à-dire aucune).

 

 

Eh oui, le Toto se distribue lui-même, donc autant te le dire, ton roman sera (peut-être) en rayon dans les trois librairies revendiquées par le Toto à Paris, et nulle par ailleurs : bon, en gros, ton livre sera introuvable, quoi.

 

 

Voir mon article sur l'importance de la distribution.

 

 

 

 

 

 

 

Un coup de gueule personnel de Stoni !!

 

 

Je vais te dire un truc, camarade lecteur, les clampins du genre le Toto ou tous les éditeurs à compte d'auteur, ça me fout hors de moi.

 

Ces gens profitent manifestement des auteurs aspirant à l'édition et qui n'y connaissent en rien, en leur soutirant leur argent, mais cela, ce n'est pas encore le plus grave.

 

Ces prétendus « éditeurs », qui croient péter avec la clique germanopratine, alors qu'ils ne connaissent, eux non plus, ni rien ni personne dans le vrai milieu, te crament ta propriété intellectuelle sur ton roman, si d'aventure tu commets l'erreur insigne de signer leurs contrats tout pourris.

 

Quand tu signes un contrat chez le Toto, tu cèdes (pour 0 € !!! un comble !) la propriété intellectuelle de ton œuvre.

Décodage : tu n'auras plus jamais le droit d'exploiter et de faire éditer ailleurs ton roman. Et même après ta mort, tes « ayant-droits » devront attendre 70 ans et des patates pour récupérer leurs droits.

 

Et ça, c'est pas rien.

 

Tu n'es plus propriétaire de ton texte, c'est le Toto et ses trois librairies à 2 francs dans le Quartier Latin qui l'est !

 

La propriété intellectuelle, c'est comme son propre corps : on ne la vend pas à n'importe qui (c'est beau ce que je dis putain).

 

 

 

 

 

 

Par conséquent, camarade lecteur, un bon conseil :

 

NE SIGNE PAS CHEZ LE TOTO (ou consorts).

 

 

 

 

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commentaires

D
A lire, c’est simple, precis et peut servir de reference Syndicat national des auteurs et compositeurs https://www.snac.fr/pdf/cpe-snac-comptes.pdf
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S
Il apparaît Verone, parce que c'est de la pub, Fifi. :)
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F
pourquoi apparait il Editions Vérone en haut de page?
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O
Les forums dédiés aux livres sont passés maître dans l'art de flinguer les éditeurs. A les parcourir on finit par croire que toutes les maisons d'édition sont mauvaises. Pas une seule qui vaille la peine qu'on s'y intéresse. Je n'en ai pas trouvé une seule portée aux nues par les internautes. Pourtant des auteurs leur font suffisamment confiance pour leur confier leurs textes. Ce qui, au final, me laisse penser, qu'il n'y en a pas une seule qui soit abominable. A compte d'éditeur, à compte d'auteur, compte participatif ou autoédition, que m'importe. Le marché est ouvert. Que chacun fasse le choix de la proposition de contrat qui semble le plus correspondre à ses attentes et basta!... Que l'on arrête, de grâce, de jeter l'anathème sur toutes les enseignes. C'est plus qu'affligeant. Gallimard c'est bien, Denoël c'est bien, L'harmattan c'est bien, Spinelle c'est bien, Edilivre c'est bien, Julliard c'est bien, Beaudelaire c'est bien, Nathan c'est bien... Bref, je dis que toutes le sont si on y trouve son compte. Point final. Vivez et laisser vivre saperlipopette!!!....
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H
Le fait est qu'il n'ya plus de vraies maisons d'éditions dans le sens classique du terme. Mais il est facile de l'expliquer: c'est la crise. Les gens ne lisent plus. Il semblerait que des auteurs connus peinent à faire 300 ventes. Avec l'avènement des nouvelles technologies, ce sont les jeux électroniques qui ont le vent en poupe. Quand, il y a dix ans, vous preniez le métro parisien vous voyiez tout le monde avec un livre ou un journal en main. Aujourd'hui tout ce monde passe son temps à se chauffer les neurones, accroc à des jeux débiles, sur les smartphones. Tout va à l'eau. Et la culture avec.
Répondre

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