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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 13:22

 

 

 

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J'ai reçu des messages, ces dernières semaines, de lecteurs du blog qui me « reprochaient » gentiment d'être un peu (beaucoup) démoralisant lorsque je parle d'écriture et surtout d'édition. Ces lecteurs voudraient bien être édités à leur tour.

 

D'abord, je vous glisse un lien vers un article qui – c'est rare chez moi, j'en conviens – aborde l'édition sous un angle positif.

 

 

Aujourd'hui je vais vous parler d'écriture, car l'écriture, voilà quelque chose qui peut épanouir, rendre heureux. Elle est aussi une source de bien d'efforts et de déceptions : mais quel travail ne l'est pas ?

 

 

Mon article « comment commencer un roman » est très-très-très lu par les gentils et vénérables visiteurs de ce blog. La plupart d'entre eux débarquent là-dessus depuis google. Avec pour requêtes : « je veux commencer un roman », « par où commencer un roman », etc. Et ils tombent donc sur ce texte mi-poétique mi-flemmard, qui ne dit pas grand-chose et ne répond guère à leurs questions, sinon pour affirmer : ouais c'est pas facile de commencer un roman.

 

Je m'apprête donc à répondre plus sérieusement à cette grande question : « comment commencer un roman ??? C'est vrai quoi putain ! »

 

On m'a déjà posé la colle. Des lecteurs, principalement, lorsque je suis en dédicace ou en rencontre.

Ma réponse a toujours été évasive. De toute façon, je crois qu'il existe autant de réponses qu'il n'y a d'auteurs.

 

Une chose est sûre : je galère grave ma putain de race quand je commence un roman.

 

 

Un roman, c'est une alchimie bien complexe qui m'échappe complètement. Une sorte d'accident de laboratoire. Je me retrouve avec un monstre-de-Frankenstein-bébé-éprouvette dont je n'ai pas forcément voulu, alors il faut faire avec. Je suis toutefois drôlement content qu'il soit vivant.

 

Une deuxième chose est sûre. Le roman, au début du processus d'écriture ou à son terme, n'est jamais celui que j'imaginais en écrivant les premières lignes.

 

Un roman, ça vient, ça part.

 

Je ne fais rien de très particulier pour commencer un roman.

A la base, j'ai quelques idées. Une idée générale du genre d'histoire que je veux raconter. Des scènes. Des personnages. Souvent, ceux-là changeront en cours de route... De physique, de mentalité, de caractère, de passé.

Ces idées m'habitent depuis un moment. J'ai déjà des idées pour un prochain roman lorsque j'en termine un... Il y a des idées qui se sont développées pendant des années, sans que je les ai touchées, préférant alors me consacrer à une autre histoire. Et puis, il y a des romans qui se sont présentés comme ça, d'une manière impromptue, du jour au lendemain. Bam je me réveille, un beau matin, avec une vague allure romanesque.

 

Ces idées, je ne sais qu'en faire.

Je les laisse mûrir, ou pas. Je les étudie avant de m'endormir.

Je me dis qu'elles sont plutôt bonnes. Ou plutôt mauvaises.

J'ai des romans, dans la tête, que je n'écrirai sûrement jamais. Trop complaisants, trop vains, trop autobiographiques...

 

Je n'ai pas de conseils particuliers à donner pour commencer un roman.

Il faut juste essayer de se faire plaisir.

Ce que j'aime, quand j'écris, c'est inventer un petit univers. Je crois que ce devrait être la seule motivation sérieuse de l'auteur qui se met à écrire : se faire plaisir. Bien sûr il y a des histoires qui sont douloureuses à raconter, et plaisir n'est peut-être pas, dans ce cas, le mot le plus adéquat. On les raconte pourtant, ces histoires, parce que leur rédaction nous soulage, nous fait du bien. Il y a bien un peu de positif là-dedans.

 

Hélas le petit univers est parfois long à se constituer. Je continue à (essayer d') écrire pour atteindre ce plaisir-là. Les premiers temps de rédaction sont, chez moi, rarement jouissifs. Je cherche un peu tout à la fois : les lieux, l'action, la narration, les mots, les personnages...

 

Ce n'est pas très valorisant ni très glorieux.

 

Je travaille seul. C'est bien pénible. Je refuse toute lecture jusqu'à la fin de mon premier jet.

 

Le premier fichier Word que je crée, pour le nouveau roman, ne sera pas celui avec lequel je le terminerai... Je modifie mon histoire à mi-chemin, je change tout. Je réécris tout... Je me retrouve avec des machin.doc, machin1.doc, machin2.doc, machin3.doc...

 

Certains romans avortent. On les commence, on ne les finira jamais... Ou alors sous une forme bien différente.

 

Il y en a qui écrivent un bouquin en quelques semaines. Je les appelle des éjaculateurs précoces. Je les envie ! Moi, je suis long à la détente. Je mets des mois et des mois à pondre un truc à peu près viable... Surtout depuis que je suis édité...

 

Quand je parle de mon « nouveau roman », je suis très circonspect. Je n'en parle qu'à mon mec. Et je choisis mes termes : « mon nouveau projet », « le texte sur lequel je travaille en ce moment », « le petit texte que je fais ».

Je n'ose pas dire « roman » tant qu'il n'est pas terminé.

Superstition. Manque de confiance en moi.

 

En vérité, cette phase laborieuse du début du roman ne prendra fin qu'avec le premier jet. Là, je pourrai enfin le qualifier de roman. Avant de passer encore au minimum six mois à réécrire et peaufiner la chose...

 

 

 

 

 

A lire aussi : mon article Quand on finit un roman, peut-on et doit-on en être satisfait ?

 

 

 

 

 

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