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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 11:43

 

 écrivain chimpanzé

 

 

Il y a peu, un lecteur m’adressait ce message.

 

 

Cher et vénérable Stoni,

 

Je cherche depuis quelques temps à faire éditer un manuscrit, sans grand succès comme tu t'en doutes. J’ai découvert des maisons d’édition numérique, qui proposent même, parfois, de vrais contrats à compte d’éditeur. Crois-tu que ce soit l’avenir de l’édition ? Est-ce une bonne solution ?

 

Je tiens à préciser que je te trouve extrêmement intelligent et ton blog est le plus beau de la terre.

 

Bien à toi,

 

Un secret admirateur

  

 

 

Ha, l’édition numérique ! Un vaste sujet… qui m’inspire un court jugement péremptoire.

 

 

Disons, pour commencer, qu’il y a deux sortes d’édition numérique. L’édition numérique à compte d’éditeur (« à la demande ») et l’édition numérique en auto-édition. Il existe probablement des éditeurs numériques à compte d’auteur, mais cher lecteur tu as désormais compris que l’édition à compte d’auteur devrait être interdite par la loi, et on en parle plus.

 

 

L’édition numérique à « compte d’éditeur ».

 

L’éditeur a ouvert une structure d’édition sur le ouaib, parce que le ouaib c’est le futur et que bientôt, pense-t-il, il n’y aura plus de livres papier mais des livres numériques que tout le monde lira sur écran ou sur des tablettes dévouées à cet effet.

L’éditeur numérique te propose vraisemblablement une édition à compte d’éditeur, ce qui signifie : que tu n’as aucun frais à engager et qu’il est censé te payer puisqu’il acquiert les droits de ton texte. Ce qui signifie aussi que tu as cédé les droits sur ton texte et que celui-ci ne t'appartient plus. Comme un éditeur à compte d’éditeur classique sur papier, quoi.

 

 

Il existe néanmoins de grosses différences.

 

 

D’une, je ne suis pas convaincu par le livre numérique. La lecture sur écran d’ordinateur reste, pour le commun des mortels, harassante. Les tablettes sont loin d’être totalement démocratisées. Quant à lire un bouquin sur son téléphone intelligent (type i-phone)... Dans un futur beaucoup plus lointain, oui, c’est possible, le livre numérique sera la norme. Mais pour l’instant, ça ne l’est pas, et être édité sur internet revient, à mes yeux, à purement et simplement se ghettoïser à fond du ballon.

 

Un éditeur numérique distribue des livres dématérialisés. Parfois, il propose de les imprimer aux clients qui souhaitent un format papier. Dans ce cas-là, il n’empêche qu’il demeure un souci primordial : le livre n’est pas présent en librairie. Et là, l’auteur est tout de même un peu beaucoup lésé.

 

Je ne sais pas si tu as compris, camarade auteur, mais c’est la présence en librairie qui fait l’écrivain, en France et en 2012. Si tu es visionnaire et que tu veux anticiper les méthodes du futur, va te faire éditer dans le monde virtuel, c’est comme tu veux. Mais moi, je suis le genre de mec qui vit dans l’instant présent. Tu veux être un écrivain qui part avec le maximum de chances d’exister un tant soi peu dans l’univers de l’édition ? Fais-toi éditer par un éditeur bien représenté en librairie. C’est-à-dire un éditeur bien diffusé. Y’a pas de mystère. Y’a pas de secret. C’est ainsi.

 

Un éditeur numérique ne bénéficie d’aucun circuit de distribution. Son truc, justement, c’est qu’il ne distribue pas en librairie. Mais sur internet. Ton livre sera donc une URL parmi des centaines de milliards d’URL.

Certes, en librairie, ton livre sera un titre parmi les 700 de la rentrée littéraire. Fais tout de même tes comptes : 700 contre 700 milliards, choisis ton camp, camarade.

 

Tu auras saisi que je suis extrêmement sceptique vis-à-vis de l’édition numérique et je te déconseille vivement de signer avec l’une de ces boîtes. Les maisons d’édition numérique n’ont aucun avenir et aucune importance dans le monde de l’édition. D’ailleurs, je pense que ce genre de structures sont créées par des mecs qui se piquent d’une lubie « je veux être éditeur moi aussi », mais qui n’ont pas l’apport financier, ni l’apport professionnel, pour fonder une entité viable et sérieuse. Tu vois un peu le tableau.

Le chiffre d’affaires d’une maison d’édition numérique doit plafonner autour de 10 à 100 € par mois, aussi je te laisse présager le montant de l’à-valoir qu’on te proposera, si toutefois on t'en propose un…

 

Or, les maisons d’édition numérique savent tromper leur cible : les jeunes auteurs inexpérimentés et influençables. Sur leur site ouaib, ces éditeurs mettent souvent en avant des textes signés par des écrivains assez célèbres. L’auteur inexpérimenté est impressionné : tiens, s’ils publient ce gars-là, c’est que ça n’est pas trop mal !

Hélas, j’ai vu ce processus depuis l’intérieur. Les éditeurs numériques approchent des écrivains un peu réputés et leur tiennent un discours pseudo militant à deux euros cinquante : « donnez-moi un texte pour que je le publie, vous aiderez les circuits indépendants et vous passerez pour un mec vachement sympa ». Les écrivains sont des êtres sensibles à la flatterie. Ils aiment passer pour des mecs vachement sympas. Donc ils lâchent gratos une nouvelle, un récit court, une connerie, à l’éditeur numérique qui en fait ses choux gras. Les textes d’auteurs réputés publiés de la sorte sont : soit des trucs impubliables chez leurs éditeurs classiques, soit des trucs pourris que tout le monde leur a refusés. Sans déconner. Ne te laisse pas impressionner par ces viles manœuvres.

 

Autre constante des éditeurs numériques : leurs couvertures « virtuelles » sont soignées, ce qui concourt également à influencer l’auteur inexpérimenté. Les livres sont jolis, ça a l’air sérieux… Oui, les livres sont toujours jolis quand on exploite un stagiaire graphiste non rémunéré. Ne te base pas sur ce critère-là…

 

 

 

Lire cet article du blogueur Ludovic Mir pour connaître un autre avis éclairé.

 

Finalement, l'édition numérique fait assez penser à l'édition à compte d'éditeur sans distribution ni débouché : voir l'article sur l'Harmattan et celui sur les éditeurs pourris.

 

 

 

 

 


L’édition numérique en auto-édition.

 

En gros, tu confies ton texte à un éditeur numérique qui s’occupe de fabriquer ton bouquin en format numérique ou papier, lorsque des lecteurs en passent la commande. Mais tu conserves tes droits sur ton œuvre.

 

Là aussi, l’auto-édition ne bénéficie d’aucun réseau de distribution. En choisissant cette formule, tu as certes la possibilité de vendre ton bouquin autour de toi, mais tu ne seras pas présent en librairie ni nulle part – sauf si tu es allé toi-même démarcher une librairie.

C’est un choix que font nombre de jeunes auteurs aujourd’hui. Si tu te sens l’âme d’un commercial…

Je serai honnête. Se faire connaître de la sorte me semble presque impossible. Ensuite, cela dépend de tes motivations d’auteur. Si tu cherches à proposer un joli bouquin à ton entourage, bien relié, bien fait, et que tes ambitions s’arrêtent là, pourquoi pas.

 

Faire sa propre publicité et sa propre diffusion est une sacrée affaire. Dans un cadre éditorial classique, ces deux domaines sont d’ailleurs gérés par des personnes dont c’est le métier.

Sache que même un attaché de presse qui bosse pour Gallimard aura du mal à faire connaître un primo-romancier dépucelé chez la Blanche. Alors imagine un peu le boulot.

A toi de voir…

 

Tu trouveras un autre discours sur l’auto-édition et beaucoup plus d’informations à ce sujet toujours chez le blogueur Ludovic Mir.

 

 

 

 

 

 

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