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8 octobre 2009 4 08 /10 /octobre /2009 14:05



 

Je crois que le « grand débat » qui sévit dans les commentaires de l’article « Théorie immédiate » : l’intersubjectivité, une histoire de cul a influencé mon inconscient.

 

Voici le « rêve » que je fis cette nuit.

 

Dans un bar muni d’une petite scène, dans une ambiance très intimiste faite de bougies et d’éclairages tamisés, les trois héros mâles de la série télévisée Les camarades ont visiblement trop bu.

 

Précision importante : tous les trois portent des barbes à la Karl Marx.

 

Ils montent sur scène, tandis que joue la chanson Nowhere to run.

 

Sur cet air, ma foi fort entraînant, les trois hommes entreprennent de gigoter avec le rythme, et dégainent des cigares – qu’ils n’allument pas.

 

Les voilà tout à se trémousser en faisant semblant de fumer leurs cigares.

 

La salle applaudit, amusée par ce spectacle improvisé.

 

L’enthousiasme de l’assistance est encourageant, et les trois hommes se déshabillent entièrement.

 

Nus, ils prennent alors trois nouveaux cigares. Ils en tiennent donc un dans chaque main.

 

De la main droite, ils miment de fumer avec leurs bouches.

 

De la main gauche, ils miment de fumer avec leurs bites.

 

La salle s’esclaffe, enchantée.

 

Le ressort comique s’avère être le parallèle entre les visage barbus fumant, et les pénis, auréolés de leurs toisons de poils pubiens, fumant également (une toison de poils pubiens qui, je dois l’avouer, est bien plus touffue qu’à l’ordinaire).

 

Là-dessus, je me suis réveillé (sans être en érection, faut-il le préciser, mais passablement consterné).

 

Je pose la question à mon lectorat effaré : quelle interprétation freudienne et/ou dialectique pour ce rêve ?

 

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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 15:02


"Les camarades" se font des hot dogs.


 

  Rassemblant le peu de forces qu’il me reste, depuis mon état de larve (et depuis les tréfonds de la praxis…), je vous avoue aujourd’hui un plaisir ô combien coupable : je regarde la série télévisée Les Camarades, actuellement diffusée sur France 5.

 

Ce soir, le deuxième épisode commencera à 20h35.

 

Il y a quelque temps, cette série fut diffusée sur France 2, et je la ratai. A vrai dire, je n’avais pas la télévision. Je ne l’ai toujours pas, mais cet été, Aniki investit dans un équipement de télévision sur ordinateur, afin que nous puissions tranquillement mater le Tour de France.

Désormais, nous avons accès aux programmes des chaînes « analogiques » et de la TNT, à volonté.

 

La semaine dernière, je repérai dans le programme télé du Monde – que je lis régulièrement – l’annonce du premier épisode.

 

Trois garçons et trois filles, six résistants communistes, dans les tourments de la Libération. Ils ont vingt ans. Ils sont « camarades » dans tous les sens du terme : à la fois amis et militants.

 

Etant moi-même un stal chevronné, je me piquai de visionner ce programme.

En toute sincérité, je ne m’attendais pas à un chef d’œuvre. Mais bon… Un minimum, toutefois…

 

Avez-vous déjà lu le drôlissime et unique roman de John Kennedy Toole : La Conjuration des imbéciles ? Le héros, Ignatius Reilly, prend un plaisir malsain à aller au cinéma voir des comédies musicales. Ces spectacles l’horripilent, mais il persiste et signe, allant jusqu’à hurler son dégoût, sa consternation et son effroi dans la salle – ce qui rend les séances assez folkloriques.

Tel fus-je lundi dernier devant mon écran d’ordinateur, et tel serai-je ce soir : à faire des commentaires à tire-larigot et à pousser des cris d’horreur.

 

En effet, Les Camarades est une série d’une nullité dialectique totale.

Le problème, c’est que Les Camarades est également une série d’une nullité scénaristique complète.

 

Pour résumer l’affaire, prenez six débiles dont l’âge mental plafonne autour des quatre ans (voire deux ans, pour certains). Il s’avère qu’ils sont communistes. Ma foi ! Vous aurez droit à des images d’archive sur l’histoire du Parti Communiste Français (un des rares et maigres intérêts de la série), entre chaque tranche de vie, pour resituer la chose. A noter que l’enchaînement entre la fiction et l’archive se fait par un passage au noir et blanc très subtil, en fin de séquence fictionnelle. Attention, c’est du Orson Welles, les amis ! Après, les six débiles pourraient tout aussi bien être de droite, que membres de la SPA, ou tout simplement des citoyens lambdas. Parmi les rebondissements à coucher dehors du scénario (idylles contrariées, conflits familiaux – et je vais peut-être chercher trop loin…), vous aurez des répliques « communisantes » tombant comme des cheveux dans la soupe : « Oh mais arrêtez un peu avec Maurice Thorez !!! » ou « Tu ferais mieux de coucher avec un prolétaire !!! ».

 

Là-dessus, ajoutez une musique assourdissante, omniprésente, qui se distingue par son incohérence inepte avec l’action.

Lorsqu’une héroïne évoque les camps de concentration, où elle a été déportée, un accordéon entame un petit air de goguette !

 

Oui, c'est vrai, la série prétend aborder des sujets graves. En tant que tels, ils le sont parfois : la déportation donc, la torture, la trahison, l’avortement illégal… A l’image de la tristement célèbre erreur du septième art Monsieur Batignole, là où le bât blesse, c’est qu’on est presque gêné de voir ces sujets traités avec aussi peu de profondeur, et avec autant de bêtise. Une bribe maladroite leur est consacrée, malheur après malheur, avec son lot de dialogues convenus, son absence béante de psychologie et cinq minutes chrono de développement… Ça vire à l’insulte directe envers les gens qui ont vraiment vécu ces choses-là…

 

Pantins malencontreusement animés, les personnages ne laissent aucune trace, aucune saveur, rien d’authentique, de contradictoire, pas même la moindre sympathie… La galerie de clichés vous servira sur un plateau d’argent : le prolo niais instrumentalisé par le Parti (les prolos sont forcément des semi mongoliens, n’est-ce pas), la ritale pulpeuse avec des yeux bleus (oui parce qu’une ritale avec les yeux noirs c’est trop typé méditerranéen, quand même !), la grande bringue intello à forte gueule (et connasse, comme toutes les filles émancipées), le torturé existentialiste qui expie un secret de son passé (genre grand séducteur ténébreux), la fille de bourgeasses traumatisée par les camps (écorchée vive en mode subversion à la Sagan, c’est dire), le voyou fils de pute roublard (on se demande pourquoi il est communiste, celui-là) et… la mère maquerelle au grand cœur, resucée pour la millionième fois dans le cinéma français, elle nous aurait manqué, tiens ! C’est d’ailleurs dans le bordel de cette dernière que se retrouvent tous les protagonistes… Dans le genre débilité foutraque, on ne fait pas mieux !

 

Le pire, c’est qu’on sent des moyens financiers très importants, puisque les décors sont crédibles, les costumes aussi, l’époque bien reconstituée – je ne suis pas historien, mais, pour ça, on y croit.

Jouir d’un aussi confortable budget, pour pondre une bouse aussi pathétique, ça fait mal au cœur. Je me demande si des pays étrangers ont eu l’audace d’acheter cette chose. J’ose espérer que non.

 

Mon aveu sera : j’entretiens ainsi une fascination morbide pour cette « œuvre » télévisuelle.

 

N.B. : Une chose est à saluer. Pour l’instant, pas d’anticommunisme primaire ! Attendons les épisodes suivants…

 

 

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17 septembre 2009 4 17 /09 /septembre /2009 22:03

Je souffre d'une forme légère de la grippe dite "A" (après avoir été porcine, mexicaine, etc...).

Très prochainement, vous saurez tout sur mon quotidien de malade pestiféré.

Pour information : je compte survivre.

Pour fêter l'évènement contagieux, voici la rediffusion de mon illustration "Cours connard, la grippe porcine arrive".

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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 16:29




 

L’autre jour, j’ai reçu le nouveau catalogue IKEA.

 

A quel point ces cons de Suédois maîtrisent le code (= la façon dont la classe dominante va coder tout son projet, pour ne pas dire sa réalité brute), ça fait pleurer.

 

J’ai passé une heure à me plonger dans le merveilleux monde de l’intersubjectivité capitaliste.

 

Arrêtez d’extrapoler.

Dans trois siècles, ce qui dirigera la Terre, ce ne sera plus le capitalisme, ni le communisme.

Ce sera IKEA.

 

Le siège social planétaire (et son gouvernement globalisé) sera basé à Älmhut, Suède.

Vous irez voter quand vous achèterez une nouvelle table LACK.

 

Et vous appellerez vos enfants BILLY.

 

Sous ce nouveau régime international, seront condamnés ceux qui ne pratiquent pas le covoiturage. Leur peine sera d’intégrer la classe des 80 % d’êtres humains voués à fabriquer les meubles IKEA (loi des 80/20).

 

 

 

 

 

 

 

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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 16:00

 

Un copain :

- T’en as pas marre, d’écrire ?

Moi :

- Ben, si. Hier, je relisais à voix haute le semblant de roman que j’ai pondu récemment.

- C’est chiant, ça !

- Lire à voix haute ? A fond. En plus, j’étais tout seul sur mon canapé, avec mes putains de feuilles, et je lisais pour les murs. A un moment, j’ai déclaré pour mon seul public : mais quel boulot de chiotte, personne n’en voudrait ! Et je me suis vraiment demandé pourquoi je continuais à faire ça.

- Ecrire ?

- Ouais. Je me suis dit que, au lieu de raconter des histoires à la con, putain, je ferais mieux de lutter pour établir le stalinisme et faire ouvrir des goulags. Quand je vois tous les boulets dans mon entourage, j’en conclus qu’il n’y a que ça à faire, de toute façon.

 

Le copain se marre.

 

Blague du jour.

 

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8 septembre 2009 2 08 /09 /septembre /2009 19:23

 

Un jour, Antoine de Saint-Exupéry créa un petit personnage déprimant, déprimé, suicidaire, morne, qui se fait chier à cent francs de l’heure, et franchement rasoir.

 

Ce fut : le Petit Prince.

 

Moi, je dis qu’il faut le guillotiner, au plus vite.

 


 


 

Avez-vous jamais lu une scène plus cruelle que celle-ci ? Le renard et le Petit Prince (à l’article du suicide, comme pendant tout le long du livre) lient connaissance.

 

Le renard regrette ne pas pouvoir manger autant de poules qu’il le souhaite, à cause des chasseurs, qui veillent au grain.

 

Alors, il interroge le Petit Prince sur sa planète d’origine (un astéroïde chiant à la con).

 

 

 Le renard parut très intrigué :

 

« Sur une autre planète ?

— Oui.

— Il y a des chasseurs sur cette planète-là ?

— Non.

— Ça, c’est intéressant ! Et des poules ?

— Non.

— Rien n’est parfait », soupira le renard.

 



Ah, ce « non », sec et brutal, qui casse tout le rêve d’un renard un tant soi peu visionnaire !!!

 

Pauvre, pauvre renard ! Et aucune consolation ! Pas un mot de réconfort !

 

 

Cerise sur le gâteau, ce « rien n’est parfait » soupiré… Saint-Ex, tu étais un pur sadique mental.

 

Il ne manquerait plus qu’il y ait un monde idéal, tiens !

 

Franchement le genre de livre à vous flinguer (avec le Petit Prince).

 

 

Et encore, ce petit con n’a pas les couilles d’utiliser une arme à feu. Il recourt au serpent. Quelle lavette.

 

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 14:51

 

En attendant mon compte-rendu de lecture de Max Dorra

 

 

 

  Profitant des aménagements sociaux-démocrates de ma ville à la municipalité non moins sociale-démocrate, je suis allé, hier soir, assister à la projection gratuite, en plein air, d’un documentaire intitulé Lyon la Movida.

 

  Pour résumer ce film, je dirais que des gens (vieux) racontaient ce qu’ils ont fait (jeunes) dans le domaine artistique, télévisuel, musical, « évènementiel », fashionable, etc…

En fait, c’était quoi ?

C’étaient les branchés de l’époque, les contre-cultureux, les Jean-François Bizot et Alain Pacadis locaux. Performances, sexe, drogues, rock et vidéos…


  C’étaient des gens qui ne travaillaient pas.

 

  Il est très difficile d’écrire sur les branchés (quelle que soit leur époque), sans pour autant verser dans la diatribe. Et la diatribe ne m’intéresse pas.

Ces gens s’accomplissent par une telle exaltation de leur être de classe, que la première réaction qu’on a, face à leur spectacle (ou leur happening…), c’est bien sûr le jugement moral.

Aniki m’accompagnait, et, au sortir du documentaire, il m’a soufflé :

 - C’étaient des bons, ceux-là…

Ce qui, dans sa bouche, était bien entendu ironique.

Je lui ai répondu en haussant les épaules :

 - Ce sont des gens de droite – même s’ils prétendent le contraire – mais, tu sais, ils ne sont pas malfaisants… Tant qu’ils font leurs trucs entre eux… Moi je m’en fous.

 - Quelle époque, je n’aurais pas aimé la vivre.

 - Moi non plus, mais tu n’aurais jamais vécu comme eux, de toute façon.

 - Tes parents, c’est ça qu’ils ont vécu, non ?

 Je suis en effet issu d’un couple de contre-cultureux.

Mais…

 - Ils étaient pauvres. Donc, ils ne fréquentaient pas ce genre de milieux. Le problème des pauvres, entre autres avec la drogue, c’est que, puisqu’ils maîtrisent beaucoup moins bien le code, ils ne savent pas la doser.

 - Et ça a donné quoi ?

 - Ça a donné qu’ils ont vu des gens mourir d’overdose d’héroïne. Et que eux-mêmes ont failli en mourir. Telle est la réalité de l’idéologie bourgeoise de la transgression : le principe de plaisir pour les uns, le principe de réalité pour les autres. Il n’y a pas de plus essentielle réalité que la mort, la mort de jeunes gens. Chez les pauvres, la drogue, on en meurt. Ce n’était pas marrant.

 - Et malgré ça, tu n’es pas dans le jugement moral ?

 - Non, je suis dans le jugement objectif. La mort est objective.

 - Pourquoi pas le jugement moral ? Qu’est-ce que tu lui reproches ?

 - Il n’est pas un hyperréalisme radical. Je souhaite faire tabula rasa de la morale.

 Vous allez me dire, je souhaite faire tabula rasa de beaucoup de choses…

 

  Si je parle de ce film, c’est parce qu’un petit « évènement », un mini-happening dirons-nous, a eu lieu avant le début de la projection.

Et ça, c’était fendard.

Le réalisateur, Jean-Claude Chuzeville, micro au poing, a présenté succinctement son film par ces mots (que je cite approximativement de mémoire) :

 - Voilà le film que j’ai réalisé… Je vous préviens, vous risquez de trouver ce film stupide. C’est en tout cas ce qu’en a pensé la région Rhône-Alpes, qui a refusé de le subventionner après l’avoir visionné. Donc, si après la projection, vous souhaitez me foutre des gifles, je serai au stand buvette, et vous pourrez vous en donner à cœur joie.

 

 Je dois dire que c’était très marrant.

 

 Merci à toi, Jean-Claude Chuzeville.

 

 Et puis je te fous une baffe virtuelle à l’occasion, tiens, puisque t’en réclames !!!

 

 


 

 

 

 

 

 

 

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31 août 2009 1 31 /08 /août /2009 17:36


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7 août 2009 5 07 /08 /août /2009 16:10

 



  Un soir, je prends un verre avec un jeune camarade.


  Tout parti politique a son Club Mickey, organisation satellite pour les jeunes, entre jeunes (ce à quoi je ne vois rien à redire).


  Pour ma part, tombant dangereusement sur la pente des vingt-six piges, je n’en fais point partie. Je me suis contenté d’adhéré au bon vieux parti des familles, basta.

D’ailleurs, à l’époque où, naïf et audacieux, je pris ma carte, je ne connaissais même pas l’existence des Clubs Mickey.


 Cela dit, le Club des Vieux Stals et le Club Mickey Stal sont en relation constante, un membre du Club Mickey Stal pouvant tout à fait être aussi membre du Club des Vieux Stals, et vice-versa.


 J’apprends ainsi du jeune camarade (eh oui, plus jeune que moi, le con ! ), que le Club Mickey s’apprête à expédier une centaine de leurs membres de l’autre côté de l’Atlantique.

 - Aux Etats-Unis ? fis-je, pris d’une soudaine excentricité.

 - Non, à Cuba. Ça t’intéresse ? Le but, c’est d’observer un pays qui expérimente la révolution.

 L’offre est sympathique, mais je refuse aussitôt.

Casanier, vivant moins par expérimentation directe que par procuration (pondant de temps à autre des œuvres littéraires qui laissent le fabuleux monde l’édition parisienne pantois), bourré d’habitudes, charmé par le train-train quotidien filé au côté de ma moitié, bref, n’ayant jamais eu le goût de l’aventure (du moins, ne l’ayant plus), je donne pourtant l’argument suivant :

 - Ça coûterait trop cher.

 - Ouais, on a un peu de mal à réunir le fric.

 Le camarade tète sa paille, découragé face à cette difficulté.

 - Tu m’étonnes, répondis-je. C’est combien, le voyage tout compris ?

 - Mille huit cents euros.

 - Ah ouais, non, je peux pas.

 A cet instant seulement, je réalise que, même si mon compte en banque abritait des centaines de milliers d’euros, je n’irais pas.

Etant casanier, vivant moins par expérimentation directe que… etc.

Puis, superficiel à ma façon, et vaincu par le matraquage idéologique, je réserve mes économies à l’achat d’un Dax (bécane géniale qui « claque sa race », verdict unanime de mes poteaux).

Bien entendu, pour le salut de ma réputation de stal patenté, je me tais.

 - Mais c’est pas toi qui paies, précise le camarade.

 J’en bats des cils de surprise.

Il m’éclaire :

 - On demande des subventions.

 - Pourquoi ?

 - Ben, pour le voyage.

 - Comment ça ?

 - On cherche du financement, à droite à gauche. C’est pas évident.

 - Tu veux dire que les jeunes qui partent ne payent rien ?

 - Bah, s’ils veulent, mais franchement, quel jeune lycéen ou étudiant pourrait donner mille huit cents euros ?

 Me dévisageant, il rajoute au dernier moment :

 - Ou un jeune travailleur.

 - Mais, s’ils veulent partir, c’est normal, non ?

 - C’est trop cher.

 - Mille huit cents euros ? Je trouve que, avec l’hébergement et la bouffe compris, ça va.

 - T’as toi-même dit que c’était trop cher !

 - Oui, mais bon, c’est pas mon rêve absolu de partir pour Cuba. J’ai d’autres priorités.

 Genre, le Dax, répète une voix dans ma tête.

Et puis, les bouquins à acheter, le combustible littéraire (tabac) à renouveler, les bouquins, le combustible littéraire… ouais, ça sonne mieux que le Dax.

Le jeune communiste en désorbite des yeux incrédules.

 - Ah bon ? C’est pas ton rêve absolu, Cuba ?

 - Franchement, non.

 Etant une pure monstruosité culturelle qui reflète parfaitement les contradictions de mon époque, mon rêve absolu, à moi, c’est les Etats-Unis.

D’où ma soudaine excentricité du début de la conversation.

Encore une fois, je ferme ma gueule.

 - Pourquoi ?

Je l’ai déçu. Ces pauvres jeunes communistes, je suis toujours en train de les décevoir.

 - Bah, j’en sais rien !

 - T’as rien à en foutre, encore ?

 - Oh non ! Je sais pas. C’est pas mon truc, enfin, je respecte leur pays et tout, c’est bien pour eux, mais voilà.

 - T’es pas curieux ?

 - Ah non… Enfin si… Mais pas à ce point.

 Le Dax, en revanche, putain là je suis curieux.

Je décide mentalement de m’infliger une heure de lecture supplémentaire le lendemain – lecture ardue de philo, sinon quel intérêt – histoire de rééquilibrer ma dialectique décadente du frivole et du sérieux. Chez moi, le frivole commence à faire chier sa mère, pour tout dire. Le sérieux a besoin de se requinquer.

Je préfère détourner la conversation :

 - Mais franchement, je suis surpris que ce soit gratuit pour les participants.

Dommage que le Dax ne le soit pas, gratuit. Dans ce cas, je foncerais. Bordel, le frivole devient trop puissant.

A la fois, pensé-je, cet investissement ne représenterait-il pas le loisir auquel tout travailleur a droit ? Est-ce réellement un bien de consommation ?

 - T’as l’air de penser à autre chose, Stoni. Tu m’écoutes ?

 - Oui oui.

 - Ben je te disais que ce serait inégalitaire, tu vois, que ce soit payant. Y’en a qui pourrait partir, d’autres pas.

 - Ah bon ?

 - Quoi : ah bon ?

 J’abandonne, l’heure allant.

Après avoir bien rêvassé sur le Dax, en marchant jusqu’à chez moi, j’essaie de comprendre pourquoi la « gratuité » toute relative du voyage m’a autant surpris – voire dérangé.


  Là où j’ai grandi, là d’où nous venons, mes proches, mes poteaux, bref, mon entourage non-communiste, le voyage n’était pas banal.


Si nous partions en vacances avec nos parents, à l’âge de la momitude, nous étions déjà bien contents.


Le voyage, c’était le trajet pour rejoindre le lieu d’où notre famille avait été déracinée au gré du Capital : campagnes, plaines, montagnes, îles, pays étrangers.


Parmi ceux d’entre nous qui firent des études supérieures, aucun ne pratiqua le « Erasmus » bruxellois – soit, une bourse qui permet aux étudiants de passer une année dans un pays de la généreuse Union Européenne. La bourse ne couvrant que très rarement les frais totaux d’une expatriation, bien entendu…


Nous n’avions pas pour autant perdu le rêve de prendre l’avion – ce qui, pour nous, relevait de l’odyssée spatiale.

Alors, nous travaillâmes. Parfois, nous immigrâmes.

Et si nous étions au chômage, nous attendions la prochaine mission d’intérim.


Pour moi, ce fut l’Amérique du Nord. Je partis au Québec, grâce à Aniki, qui m’emmenait. Parce que notre départ fut précipité (rencontre – coup de foudre – coupure épistémologique – « tu viens avec moi ? »  - « ok » ). Sinon, j’aurais économisé, et je me serais autofinancé. Ce n’était pas un voyage touristique, ni des vacances. C’était une immigration. Nous y restâmes deux ans.


Pour un copain, ce fut le Brésil. C’était un rêve, il se le paya, sur son smic. Il y passa deux semaines, et en revint plein d’un étrange alliage de dégoût et de fascination.


Un autre partit en Australie. Immigration. Economisant sur son salaire de… de Français homme à tout faire à Sydney (serveur, jardinier, cuistot, plongeur, jardinier, cuistot, etc.), il s’offrit ensuite une croisade de prolétarien dans les archipels océaniens.




Dans tous les cas, à chaque fois, ce fut un peu l’histoire de Toto va à la conquête du monde.

Ce n’était pas anodin.

Mis à part moi, finalement, personne ne se vit jamais offrir le billet.


J’aurais peut-être pu prendre le temps de raconter Toto le pauvre fils de prolétaires va à la conquête du monde, le camarade aurait été moins surpris par ma propre surprise.

Mais il est parfois très difficile de résumer une praxis à quelqu’un provenant d’une toute autre praxis. La praxis… Si vous préférez, résumer tout ce qui compose votre monde, ce que vous êtes, d’où vous venez, et ce que vous faites.


Je ne crois pas que le camarade soit d’origine bourgeoise, ou petite-bourgeoise, et ça n’a aucune importance.

Ce qui était dérangeant, dans sa réaction, c’était son incapacité à concevoir qu’un jeune puisse travailler.

Et son embarras, face à la possibilité que seuls les jeunes qui auraient travaillé partent en voyage.


Bien sûr, je n’imagine même pas le cas du jeune financé par ses parents, parce qu’il ne fait pas partie de ma praxis. Cela dit, en quoi aurait-ce été si troublant ? Les étudiants font moins la fine bouche quand il s’agit de passer une année Erasmus je ne sais où ailleurs – je doute vraiment que leurs parents n’y soient pour rien.


 Alors, il subsiste cette vague réticence, si commune, face au travail salarié, des jeunes ou des vieux. Celui des jeunes est quand même moins commode… ça voudrait dire qu’ils ne sont pas étudiants… Et ça n’est pas bien, ça.


 A praxis contre praxis, choc des praxis et clash des praxis, j’ai préféré me taire.


 Après tout, on s’en fout.



 

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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 15:15


Exclusivité : je viens d'apprendre en regardant le Tour de France que Sarkozy est à l'hosto !


Ce matin, le Président de la République Française faisait son footing, puis, est foudroyé par un malaise !

Il vient d'être hospitalisé pour des examens supplémentaires !

Nous avions déjà remarqué de premiers signes de fatigue, toujours sur le Tour de France - regardez la vidéo où le pauvre monsieur Sarkozy débloque grave :
http://www.elysee.fr/webtv/media/interview-sur-la-17eme-etape-du-tour-de-france-par-gerard-holtz-et-laurent-jalabert-video-12-1272.html


Bien sûr, pas un mot sur les grands sites d'information, sauf sur le BLOG DE STONI !

L'Elysée distille des informations au compte-goutte : http://www.elysee.fr/documents/index.php?lang=fr&mode=view&cat_id=8&press_id=2807

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