.
.
.
.
Le jour de la rentrée, dans le métro, les passagers descendent tous au même arrêt. L'arrêt des entreprises. Ceux qui travaillent dans les bureaux prennent la sortie nord, ceux qui travaillent dans les ateliers la sortie est. J'en fais partie. On regarde par terre. On est fatigués. On a la tête dans le cul. On marche vite, quand on descend de la rame. Résonne ce battement des pas sur le sol caractéristique des matins de boulot. Le bruit des pieds et le silence des langues. Personne ne parle. On fait la gueule.
Puis, au milieu, une vieille et son petit-fils avancent selon un autre rythme. Les gens les dépassent. Indifférents. Altiers. Agacés par le détour que ce couple boiteux leur a fait exécuter. La vieille et le gosse, main dans la main, lents, traînassent. Le gamin veut voir le métro repartir. Ses yeux s'éclairent.
Nous sortons tous de la station. Il y en a qui courent après leur bus. Un homme attend devant les tourniquets, exception vestimentaire, le maillot de corps mal lavé, le short de vacances et les sandales aux pieds. Il gêne les gens pressés, lui aussi. Il faut le contourner. Le gosse lâche la main de sa grand-mère, se précipite sous le tourniquet, quitte la station en ouvrant les bras et se jette contre la bedaine de cet homme, qu'il étreint. Il crie : "tonton". Le gars sourit. La joie simple, pleine et désintéressée, du petit garçon. Le laps d'une errance mentale, j'imagine la journée qu'il va passer, chez cet oncle, peut-être une sortie à la piscine municipale, des promenades au centre commercial et le jeu de football dans la cour de l'immeuble.
.
Et nous, les autres, qui rejoignons nos boulots.
.
J'avais oublié qu'il se passait des choses intéressantes, dans le reste du monde.
.
.
.
.
commenter cet article …