Les fidèles lecteurs du blog de Stoni le savent : entre Max Dorra et moi, c'est une longue histoire, non pas d'amour, mais d'épistémologie.
Déjà, Maxou (eh oui, je l'appelle par son petit nom) fait partie des très officiels parrains de mon blog. Vous comprenez, il m'a subventionné en m'offrant un livre de lui. Ce qui est très sympathique et généreux de sa part, je tiens à le rappeler.
Maxou et moi échangeons de brèves correspondances quand la fantaisie m'en prend.
Vous saurez tout sur notre aventure duale grâce à la catégorie d'articles : Affaire Max Dorra.
Tout avait commencé par un article signé par Maxou, paru dans Le Monde, ce splendide quotidien qui me permet de me tenir au courant des états d'âme de la bourgeoisie.
Eh bien, Maxou a récidivé.
Le 2 mars dernier, Le Monde publie son « point de vue » : La maladie de la valeur, moderne épidémie. Oui parce que Maxou, il fait comme les anglophones, il met l'adjectif avant le nom. Moderne épidémie, et non pas épidémie moderne, donc.
La dernière fois, Maxou nous avait fait le coup « la télé c'est pas bien et les gens ils sont pas gentils de la regarder ».
Je ne sais pas ce qui lui est arrivé entre temps (même si j'ai ma petite idée, ha ha ha), mais Maxou a changé de chaîne. Désormais, il nous fait le coup « les gens ils se prennent pour des tables, à trémousser leurs culs ».
Ben ouais. C'est la nouvelle thèse de Maxou. Il est original, notre Maxou national.
Je vais restituer l'intégralité de cet article, en précisant une bonne chose : j'en ai pas compris la moitié.
La première fois que je l'ai lu, j'étais au taf. Y'a des moments où j'ai rien à faire, alors je vais sur Internet et tout. Quand je l'ai lu au taf, l'article de Maxou, j'ai pensé que j'avais pigé que dalle parce qu'il y avait du bruit autour de moi. Je l'ai relu à la maison, avec une petite tisane, bien installé. Rien n'a changé : toujours pas pigé.
Je vais donc mettre les passages que je n'ai pas compris en gras, en lançant un appel à mes lecteurs, voire même à Maxou : mais nom de Dieu, qu'est-ce qu'il veut nous faire comprendre ?
Compétitivité, rentabilité à court terme, évaluations individuelles, suppressions de postes. Suicides à France Télécom, Renault, PSA, Thales...
"Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés." Nulle maladie n'a été si longtemps méconnue. Aucun traité de médecine, aucun manuel de psychiatrie n'en a jamais parlé. Elle se présente en effet comme une forme de la "normalité", celle que nous recommande l'idéologie régnante relayée par les grands médias. Difficulté supplémentaire : cette pathologie met à mal l'opposition objectif-subjectif, bref, les cloisonnements universitaires (sociologie, psychologie...).
(Alors là, je dois quand même avouer que ça commence très mal, mais je comprends.)
La maladie de la valeur, si contagieuse, est due à une sorte de virus qui attaque l'être en son noyau. Pour en contrecarrer les effets, ou même simplement en parler, la plus grande prudence s'impose. D'autant que cette peste s'accompagne d'une sorte de déni collectif si puissant, qu'il faut prendre bien garde de ne pas être considéré soi-même comme fou, face à cette folie dont on se croit épargné.
Dans un chapitre du Capital, Marx dépeint le tableau clinique saisissant de cette impressionnante affection. C'est une table qui en est atteinte. Devenue marchandise elle a instantanément oublié, dès que le virus l'a infectée, le travail humain nécessaire à sa fabrication et s'est alors mise à danser, face aux autres marchandises, tout en se contorsionnant comme si elle cherchait à les séduire.
(Ça y est, ça part total en cacahuètes. De l'aide ??)
La possibilité d'une transmission à l'homme fait tout le danger de cette maladie de la table folle. Des mimétons, sortes de prions idéologiques, provenant de ces objets endiablés, peuvent en effet se diffuser à la quasi-totalité d'une population. Ils font alors, d'hommes et de femmes atteints sans le savoir, de simples marchandises capables dans une sorte de cécité (un des signes de la maladie) de se rendre spontanément au marché pour s'y tortiller à leur tour. Jouant ainsi le jeu que l'on attend d'eux, celui d'une concurrence libre et non faussée, ils font l'objet d'échanges dans une atmosphère de "fête", sur une musique de bazar. Le spectacle est indescriptible, et d'autant plus inquiétant que, dans cet univers où tout est classé donc classant, la violence n'est jamais très loin. D'autant que certains de ces humains-marchandises, laissant croire qu'ils ont plus de valeur que les autres, en profitent pour les dominer et les exploiter impunément.
(Oh putain, je crois qu'il nous fait du Debord, là.)
On a le plus souvent affaire, d'ailleurs, à des associations de malades, groupés autour d'un chef - en général le plus atteint. Chacun de ces réseaux a sa "langue" propre, dont les mots, infectés, sont porteurs de ségrégation sociale, de mépris - source d'humiliation et de haine. Le désir même, dans le monde de la valeur, est dévoyé, réduit, par une sorte d'addiction, à se chercher des substituts. N'importe quoi pourvu que l'on y trouve l'estampille, la "griffe" d'un groupe prestigieux parce que dominant.
(Euuuh ????)
Cela seul fait mesurer l'appauvrissement engendré, dans le monde de la valeur, par l'idéologie de la "performance", de la "communication", du "management", une idéologie scientiste (qui n'a rien à voir avec la scientificité véritable) fétichisant le chiffre, objectivant les êtres, supprimant l'affect, interdisant le rêve : un monde dépourvu de sens. "C'est mon n + 1, mon n + 2", dit-on dans certaines grandes entreprises pour désigner ses supérieurs hiérarchiques.
Ainsi le moi, ce carrefour, lorsqu'il est atteint par la maladie de la valeur, devient lui-même une valeur d'échange. Cette valeur d'échange, liée à sa propre image aux yeux des autres, à leur regard évaluateur, signifie au moi un rôle dans lequel plus ou moins de sens parviendra tant bien que mal à se couler -, ce dont dépendra sa force d'exister.
(Euh ????? Quoi ???? Pardon ???)
C'est dire que la pensée elle-même n'est pas épargnée. D'où l'importance d'une action de prévention. Apprendre, très tôt, à penser autrement. A résister.
(Là je comprends, Maxou est obsédé par le rôle prégnant des intellectuels dans ce qu'il aimerait être une révolution. On avait déjà vu ça dans son inénarrable Contre la cécité volontaire.)
Pourquoi parler de maladie, de virus, à propos de la valeur ? Un virus ne se reproduit qu'en parasitant le noyau d'une cellule dont il subvertit le génome en y greffant son propre code. La valeur, de même, introduit au coeur d'un être, de sa substance - à son insu - une signification étrangère, infantilisante, trompeuse parce qu'elle est vécue comme un sens. D'autant que toujours s'enchevêtrent la valeur vénale et le mythe de la "force virile", la violence symbolique qu'induit la domination masculine. "En avoir ou pas."
(Ha ha ha. C'est marrant.)
L'intérêt de la métaphore biologique tient à la nature même des virus - des filaments d'acide nucléique - qui en fait des écritures vivantes. Les virus peuvent avoir pour origine, en effet, des fragments d'acides nucléiques "échappés" d'un noyau cellulaire. D'où leur capacité de s'y réintroduire grâce à cette similarité, à la faveur d'une sorte de faux en écriture. Dans un monde où les mots deviennent des virus, certaines phrases peuvent tuer dans la mesure où leur contenu, le ton, l'attitude, la position symbolique de celui qui les profère leur permettent, parce qu'ils affectent, d'envahir la mémoire d'un individu.
(Hein ? Ça me rappelle mes pires cours de biologie en sixième, sur la mitose.)
Allant droit à l'enfance, ces mots, ces représentations, en dictant leur loi et en l'imposant font douloureusement revivre le rôle ancien qu'ils ont réveillé. Ils inscrivent un faux destin : "C'était écrit ." Touché à l'enfance, on se sent alors - étrange certitude qu'apporte l'angoisse - "nul", "coupable", "exclu". On croit être, et on s'est fait avoir. Un tour d'illusion à la fois ontologique et politique.
(Le pauvre, il a été traumatisé dans son enfance ? Enfin c'est ce que j'ai cru comprendre.)
Il n'est ainsi guère étonnant que, sous un masque ou un autre, lorsque se perpétuent, se reproduisent les inégalités sociales les plus insolentes, une déprime puisse frapper les humains stigmatisés par un jugement de valeur. Cette déprime peut être due à l'effondrement d'un moi, de son image, de sa cote, l'origine du krach étant souvent multiple : souffrance au travail, chômage, mais aussi discrimination quelle qu'elle soit, liée à l'ethnie, par exemple, ou à l'âge. Y aurait-il - horreur ! - un marché du désir ?
(Ha ha ha !! Marché du désir !! Nous savons très bien où t'as piqué ça, Maxou ! Vieille canaille ! )
Lorsqu'il en arrive à croire qu'il ne suscitera plus le désir, qu'"au-delà d'une certaine limite son ticket n'est plus valable", que la source de sa force d'exister lui est désormais inaccessible, un être peut en venir à se supprimer. On serait autorisé à parler de destruction d'âme déguisée en suicide. On est loin, ici, des considérations hypocrites sur "le stress au travail" et les remèdes dérisoires que l'on prétend y apporter. La maladie de la valeur tue parce qu'elle prive de sens des êtres. Isolant les individus, elle leur dissimule la réalité : un autre monde est possible.
(J'ai pas compris la conclusion, sauf que Maxou voudrait qu'on passe au communisme. Là dessus, on est d'accord.)
Euh voilà, c'est fini.
Y A-T-IL QUELQU'UN POUR M'EXPLIQUER LE RESTE ???