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28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 16:59

 

  Je me pose la question.

Si quelqu’un a l’expérience de parents bourgeois, qu’il m’indique la réponse.

 

  Dans le cercle des mes amitiés, chacun subit des parents hors normes, tous plus dingos les uns que les autres.

Pour ma part, je me coltine des géniteurs pas mal dans leur genre. Mes amis sont à peu près d’accord sur le fait que j’ai les plus gratinés.

Les leurs font fort aussi.

 

Au Parti, j’entends souvent des camarades socialement bien lotis s’extasier sur « la simplicité de vivre de la classe ouvrière ».

J’ai écouté des intellectuels prétendre que « la névrose est un privilège de classe, la classe ouvrière élargie, et les pauvres, ayant des relations familiales normales ».



 

 

Témoignage d’un premier poteau :

 - Ma daronne est persuadée que, dans la petite ville où mes vieux habitent, il y a des gens qui la suivent.

Moi, toujours très intrigué par les histoires tordues :

 - Et c’est vrai ?

 - Non, bien sûr !

 - Mais à son avis à elle, qui peut bien la suivre ?

 - Des gens. Elle sait pas qui, mais elle les a remarqués. Elle nous fait des crises de paranoïa, ça lui arrive. Mais le pire, c’est quand elle est persuadée que je trame des complots contre elle, avec ma grand-mère.

 - Pourquoi ?

 - Parce que j’ai appelé ma grand-mère, pour lui demander comment je fais cuire le poulet rôti. Je savais pas faire, tu t’en doutes.

J’attends la suite.

Qui ne vient pas.

 - Et alors ?

 - Ben, c’est ça, le complot. C’est que j’appelle ma grand-mère, pour savoir comment on cuisine le poulet rôti.

Je grimace, je n’y comprends rien.

Mon ami m’explique, l’air impatient – l’énigme lui semblait claire comme de l’eau de roche :

 - Ma daronne trouvait ça louche, que je veuille faire du poulet rôti. Et que j’appelle ma grand-mère, et non pas elle, ma mère, tu comprends.

 - Non, je comprends pas.

 - Bah, y’a rien à comprendre. C’est ma mère, genre. Quand on est tous les trois réunis – ma daronne, ma grand-daronne et moi – elle est jalouse, quand je rigole à une blague de ma grand-daronne. Elle pense que je fais ça pour l’humilier.

 

Témoignage d’un deuxième poteau :

 - T’es allé voter, aux Européennes ? lui demandé-je, simple curiosité.

 - Non, j’avais rien à en foutre.

 - Moi non plus, rien à en foutre.

 - Et puis je suis encore inscrit chez mes parents, et ça aurait voulu dire que je devais aller les voir, si j’allais voter.

 - Tu t’es embrouillé avec eux ?

 - Ouais, mon père veut plus m’adresser la parole.

 - Pourquoi ?

 - Parce qu’il pense que mon petit frère va devoir payer mon loyer, bientôt.

 - C’est le cas ?

 - Non, mon petit frère est en Allemagne, comment veux-tu qu’il paye mon loyer ? Simplement, mon daron s’est fait le trip tout seul. Comme au cinéma, en seize neuvième et tout le bordel, il a imaginé l’histoire de A à Z.

 - Mais il t’adresse pas du tout la parole, quand vous êtes tous les deux dans la même pièce, il te dit rien, que dalle, même pas bonjour ?

 - Il fait comme si j’étais pas là. Bon, c’est chiant, tu devines bien. Je lui dis : « salut papou » et il reste là, à cligner des yeux, l’air de rien. A la fois, je suis habitué, il fait ça souvent. Quand j’étais petit, il m’a pas adressé la parole pendant six mois.

 - T’avais quel âge ?

 - Huit ans.

 - Et pourquoi ça ?

 - Parce que j’avais écrasé, en bicyclette, des plants de tulipes, dans le jardin.

 - Nan ?

 - Si, je te jure.

 - Et il t’adressait pas du tout la parole ? Pendant six mois ?

 - Ouais, je m’en souviens bien. Du premier au deuxième trimestre de l’année scolaire. Il me parlait pas, tu vois. C’est tout. Le matin, quand on se levait, il disait bonjour à mes frangins, mais pas à moi.

 - Putain, c’est complètement puéril.

 - C’est pas pire que la fois où ma vieille a voulu se jeter du premier étage de l’immeuble.

 - Ah ouais ?

 - Ça m’avait pas trop inquiété, parce que, le premier étage, c’est pas si haut, en fait. Elle se serait pas fait tellement mal.

 - Elle l’a fait ?

 - Non, mon vieux l’a menacée avec une boîte de pois chiches.

 - Quoi ?

 - Ouais, il s’est pointé vers la fenêtre, que ma mère avait déjà à moitié enjambée. Il a brandi une conserve de pois chiches et a gueulé : « si tu sautes, je te la balance en pleine tronche, rien à foutre que tu te sois vautrée sur le trottoir ! ».

 - Et alors, qu’est-ce qui s’est passé ?

 - Ma mère, ça lui a foutu les jetons, la boîte de pois chiches. Elle a pas sauté.

 - Pourquoi ?

 - C’était une boîte d’un kilogramme. T’imagines, tu te prends ça dans la tronche ?

 - C’était quand ?

 - Bof, y’a deux ans, je crois.

Je précise que nos parents ont tous dépassé la cinquantaine.

 

Témoignage d’un troisième poteau :

 - Une année où on allait au bled, mes vieux m’ont oublié sur une aire d’autoroute.

J’éclate de rire.

 - C’est pas marrant. Tu te vois, à dix-sept ans, tout seul sur une putain d’aire d’autoroute chez les espingouins ? Il faisait nuit, en plus. J’étais allé pisser. Quand je suis revenu sur le parking, y’avait plus notre bagnole. J’ai cherché partout, pendant une heure, j’ai gueulé : « papa, maman, c’est pas drôle ! », et puis je me suis résolu : ils m’avaient oublié.

 - Après, il s’est passé quoi ?

 - Je me suis réfugié dans la boutique d’une station essence, où des camionneurs ont cru que je tapinais – j’étais bras ballants, hagard, planté sous les néons. La honte ! Trois heures plus tard, la bagnole de mes parents se la ramène.

 - Ils devaient être salement emmerdés.

 - T’es malade ? Que dalle ! Je me suis fait engueuler, ouais.

 - Ah bon ?

 - Mon père a gueulé, jusqu’au ferry, que j’aurais dû me manifester.

 - Te manifester ? Mais du moment qu’ils étaient partis, c’était cramé, pour te manifester.

 - Ecoute, j’ai pas argumenté, j’aime pas les causes perdues. Il était aussi très en rogne, parce qu’il avait fait demi-tour au bout de cent kilomètres, ce qui voulait dire qu’il avait bousillé deux cents kilomètres d’essence, tout ça parce que je m’étais pas manifesté.

 - Et t’as su à quel moment ils se sont rendu compte que t’étais foutrement pas à bord de la voiture ?

 - Quand mon père a voulu boire la thermos à café.

 - Hein ?

 - J’étais préposé à la thermos. Dès qu’il voulait une tasse de café, il disait : THERMOS ! Et moi je devais lui servir une tasse. Au bout de cent kilomètres, donc, il braille : THERMOS ! Mais aucune tasse se présente. Là, ils se sont rendu compte que j’avais disparu. Faut dire que, tout de suite, ils ont cru que j’avais fait une fugue. Ouais, cette nuit-là, il était bien en pétard. Au voyage du retour, il a préposé ma sœur à la thermos.

 - Ah.

 - Ouais, c’était plus sûr, tu comprends.

 

 

 

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commentaires

S
J'amènerai la semoule.<br /> Voudrais-tu nous fournir la merguez ?<br /> Bon, je vais me coucher.
Répondre
L
Du poulet, des pois chiches, un arabe, c 'est bien parti pour faire un couscous.
Répondre

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