Blog d'un jeune écrivain... en direct depuis les tréfonds de la praxis. Ma vie matérialiste, ma cigarette électronique, du marxisme-léninisme et tous mes malheurs d'auteur publié.
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Ha ha ha ! Qui est donc le petit malin qui m’a posé cette diabolique question ? Le style, c’est quoi ? Comment avoir un bon style ?
Je crois que, demander à un écrivain ce qu’est le style, c’est comme demander à un religieux ce qu’est Dieu.
Chaque auteur vous fournira une réponse différente…
Je vais vous dire ce que j’en pense.
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Le style, c’est notre manière de « réaliser » une idée, cela avec efficacité.
Ne commencez donc pas à vous arracher les cheveux : j’explique tout de suite.
Je ne suis pas un grand admirateur de « style ». Je ne lis pas tel auteur pour son « style ».
Quand je lis un écrivain, c’est parce que son univers m’attire, parce que ses histoires me parlent, parce que la sauce prend. Je n’ai jamais lu Houellebecq (je prends un exemple parlant pour une majorité de mes lecteurs) car son univers ne m’attire pas.
Je ne sais pas si un auteur peut me rebuter par son seul « style ».
Il y a parfois des procédés d’écriture qui m’agacent, mais justement, pour moi, ce n’est pas du style.
Je suis resté très hermétique au roman L’honneur perdu de Katharina Blum de Heinrich Böll. L’histoire est racontée comme un rapport de police et j’ai trouvé ce procédé assez pénible. Je dirai pourtant que ce n’est pas le style de l’auteur qui m’a repoussé, mais justement ce procédé, que j’ai trouvé trop grossier, trop « voyant », pour être qualifié de style.
Le style est cette mélodie, cette fluidité, qui fait qu’une histoire est racontée sans même qu’on se rende compte qu’on nous la raconte.
Retranscrire une idée avec efficacité : cela doit fonctionner. Ecrire un roman, c’est faire passer le faux (la fiction) pour le vrai, pour le réel (réaliser), et cela sans qu’on puisse voir les effets spéciaux.
Quand vous regardez un film, vous ne voulez pas voir de micro dans le champ. Vous ne voulez pas être gêné par le mauvais jeu des acteurs. Pourquoi ? Parce que vous ne croyez plus à l’histoire. La magie est rompue. Un roman, c’est pareil. Vous devez faire passer un gros mensonge (une histoire inventée ou romancée) pour une absolue vérité.
Je crois que les « effets de style » sont comme les micros dans le champ. Ça casse. Ça ralentit.
Le style doit être au service de votre propos, et non pas votre propos au service du style.
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Dans mon cas personnel, j’ai su trouver mon « style » en épurant au maximum mon écriture et en la simplifiant radicalement.
Comme beaucoup de (très) jeunes auteurs jamais édités – j’avais vingt-trois ou vingt-quatre ans à l’époque – j’avais tendance à en faire beaucoup dans mes récits. Consciemment ou pas, je pensais qu’un auteur devait écrire avec au moins quelques mots compliqués et quelques figures de style...
Puis, quand j’ai fait lire mon manuscrit à des amis de mon âge, je me suis rendu compte qu’ils ne comprenaient pas toutes mes phrases et j’ai commencé à me poser des questions.
Les premiers retours d’éditeurs que j’ai eus sur ma prose allaient dans ce sens.
Attention, je ne vous dis pas de bannir tout vocabulaire complexe de vos textes.
Je vous dis d’aller au plus simple, au plus vrai, au plus radical.
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Plus vous simplifiez, moins vous avez de chance de vous planter.
Plus vous simplifiez, plus vous cernez le réel.
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Quand j’écris, je ne me dis pas « je vais faire une métaphore ».
Je me dis : « comment je vais retranscrire cette idée imagée, cette notion abstraite, que je veux pourtant faire saisir à mon lecteur, et cela le plus efficacement possible ? ».
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Avant de conclure, je vous avoue que mon style est en constante évolution. Hélas !
J’aimerais avoir un style « tout prêt », un style que je n’aurais pas à travailler. Je suis sûrement encore trop jeune pour ça.
Même si, aujourd’hui, j’ai une certaine maîtrise de la narration, je dois me résoudre à accepter l’humilité d’apprendre encore, d’évoluer, de changer toujours. Je ne sais pas si je suis très clair.
Je veux dire par là que le « style » n’est pas une science absolue. Vous devez sans cesse le pratiquer pour l’entretenir, et il aura toujours des choses à vous apprendre, jeunes (et moins jeunes) néophytes.
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Bonus : pour aider à épurer votre écriture, vous pouvez relire mes conseils à ce sujet.
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Toi aussi, expose ton idée du style