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Blog d'un jeune écrivain... en direct depuis les tréfonds de la praxis. Ma vie matérialiste, ma cigarette électronique, du marxisme-léninisme et tous mes malheurs d'auteur publié.

Au secours, mes romans n’intéressent personne ! Que faire ?

 

 

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Au cours de cet été torride, que je passai dans quelque impensable libation éhontée (et dont je ne piperai mot), je reçus ce message d’une fidèle lectrice du blog.

 

 

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Cher et honorable Stoni,

 

Avant toute chose : bonnes vacances à toi, tu le mérites bien !

 

J’ai un problème.

Mon entourage est courageux, et j'apprécie sa franchise : c'est quelque chose d'assez rare je pense pour un écrivain. Il me signale gentiment qu'il n'aime pas ce que je fais, et certains n'hésitent pas à me faire comprendre que s'ils refusent de me lire, c'est que mes écrits sont trop chiants. Ouais. Carrément. Je préfère cela à une hypocrisie pourvoyeuse d'illusions.

Et pourtant, je fais des efforts : mon but n'est pas de faire de l'élitisme à deux balles ! Mais j'ai en moi des images, des effets, des thèmes, des messages que je veux rendre, et je m'astreins à m'en rapprocher toujours un peu plus : faut-il renoncer à ce qui me fait plaisir, aux thèmes et aux réflexions qui me touchent pour avoir un jour la chance d'être éditée ? Est-ce que ma manière d'écrire est plomblante par nature, car moulée dans une culture classique que je n'arrive pas à dépasser ? Ma capacité à faire chier le monde entier est-il un aveu de ma médiocrité ? Je ne sais pas, je t'avoue que je suis en plein doute. Et toi, qu'en penses-tu ?

 

Merci d’avance pour ta réponse, ô notre grand guide à tous.

 

Signé : une fidèle adoratrice

 

 

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Fichtre ! Ce message me sidéra.

Il y a peu, je vous révélais que je pensais avoir fait le tour des sujets « caca écrivain ».

 

Mais en voilà un, pourtant crucial, qui m’avait échappé : le douloureux problème intitulé « mes romans n’intéressent personne » (ou sa variante « les gens trouvent ça chiant ce que j’écris »).

 

Ce saumâtre sujet est à la hauteur d’un Stoni mode saint-bernard qui, tout à coup, retrouva sa verve bloguesque afin de voler au secours de cette charmante jeune personne.

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Quelle sera ma réponse à ce message ?

 

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Une première chose. J’ai expliqué dans plusieurs articles que, à mon avis, il ne sert absolument à rien de demander à vos lecteurs (entourage proche, amis, conjoint, etc) ce qu’ils pensent de votre roman. Ou s’ils ont aimé. ON S’EN BAT LES COUILLES. Vos lecteurs doivent vous servir à corriger LE ROMAN POUR QU’IL SOIT COMPREHENSIBLE, et éventuellement L’ORTHOGRAPHE, LA GRAMMAIRE. Voilà. Le reste on s’en fout !

 

 

J’en ai longuement parlé dans ces deux articles :

 

Des tuyaux pour mieux écrire

 

Les sites web participatifs de correction et de relecture

 

 

 

Voilà une chose que vous devez intégrer, vous les auteurs « débutants », sinon vous n’allez jamais vous en sortir.

 

Ô, lectorat incrédule ! Je vais te raconter une histoire : la mienne.

 

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J’ai commencé à écrire mes premiers romans « sérieux » vers 16 ou 17 ans.

 

Et tu sais quoi ?

 

Toute ma jeunesse, personne ne s’est intéressé à ce que j’écrivais. Mes amis ne lisaient pas, et quand ils faisaient une exception pour ma personne, ils abandonnaient mes œuvres romanesques au bout de dix ou vingt pages.

Je n’ai jamais connu un grand succès, adolescent, auprès de mon entourage.

Les caricatures que je dessinais en cours suscitaient bien plus d’intérêt !

 

Pourtant, j’aimais ça écrire, et j’étais assez frustré devant l’ennui qu’inspiraient mes textes !

 

J’ai ramé pendant des années à la recherche de lecteurs. Malgré tout, j’ai continué à écrire, car cela m’amusait.

Lorsque j’ai rencontré Aniki,  il a bien voulu lire mes magnifiques histoires enchanteresses. Voilà pourquoi j’ai décidé de vivre avec lui, d’ailleurs. Non je rigole, il y avait d’autres raisons. N’empêche, ça m’a fait plaisir. Enfin !

 

Aniki m’encouragea les années qui suivirent. Aniki et… Aniki et c’est tout.

 

Jusqu’à ce que je sois publié, pas grand monde ne s’est penché sur mes romans !

 

Malgré tout, j’ai été édité. Ben, je vous avoue, ça n’a pas changé grand-chose. Certains de mes amis ont daigné lire mon premier roman de bout en bout. Ils n’ont pas été très enthousiastes. Ce n’était franchement pas leur truc. Ensuite, ils ne sont plus donnés cette peine.

 

Et pourtant ! Pourtant j’ai été édité, pourtant j’ai eu mon lectorat, et vous connaissez la suite.

 

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Je ne sais pas quel genre de bouquin vous écrivez, mais vous devez être conscients que la plupart des gens lisent des choses pour se détendre.

Je ne critique pas cela. C’est un simple constat.

 

Si d’aventure vous écrivez des choses qui ne « détendent » pas, vous risquez d’avoir un peu de mal à débusquer des lecteurs bénévoles.

 

Ne croyez pas pour autant que vous ne serez jamais édités. Il existe un marché pour les romans « qui ne détendent pas ». Certes, vous vendrez probablement moins de bouquins qu’un auteur de romans à lire sur la plage, mais ça ne vous empêchera pas de faire votre petit bonhomme de chemin dans d’autres secteurs.

 

Méfiez-vous de ce que les gens peuvent penser de vos textes. Ce n’est pas du tout un indicateur de qualité.

 

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O
Effectivement, les auteurs doivent s'en taper de ce que pensent les proches, mais pas seulement les proches ... Il doivent se ficher de ce que tous les autres pensent, ou alors ils écrivent pour des raisons alimentaires comme on irait gagner sa croûte à l'usine du coin et du coup ils tremblent de ne pas être appréciés, ils se soumettent à la loi de l'éditeur ou du public.<br /> Pour le coup j'avoue que j'ai un certain mépris pour ces auteurs qui pissent de la ligne à la commande.
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C
Yes !! Lol ! Merci Stoni. Ah oui, il va falloir relire ce que vous avez promis ;-) Ce qui est dit est dit ! La politique... D'abord je ne m'y intéresse même pas, ou plutôt, si : j'écoute et reste consternée. Ca devrait être essentiel au service du peuple de la "cité" ; il n'en est rien. <br /> <br /> Merci aussi à Christine. <br /> Je reformule autrement, tout de même : les personnes qui émettent le type de phrase ou de question (dans mon entourage) n'ont même pas parcouru une ligne, ni un mot ! Je crois en effet que c'est un cliché contemporain : on n'a pas parlé de vous un peu partout, donc ... c'est suspect :-)) ca je veux bien le croire, pour les conseils. C'est plutôt la réflexion que je m'étais faite : "mais quand même je ne vais pas écrire selon ce qui marche ?!". 'Sont gonflés, les gens !!! Beaucoup ri à la dernière phrase. Très bien vu (Findus et la télé). <br /> <br /> <br /> Merci à tous les deux. <br /> <br /> Mais vraiment Stoni, je préfère venir ici. Réactif, je veux bien le croire. Mais au fait qu'est ce que vous êtes aller faire là-bas ? Une mission ? Vous allez nous ramener Depardieu ! Cetta bande s'autédruira dans les 5 secondes.
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C
Ah oui, ... "pas faire long"... tout est relatif !!!
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C
Bonjour, <br /> Pour une fois je ne vais pas faire long car je ne pense pas que vous lisiez passiez encore - souvent - ici. Je me suis rendue sur FB. C'est autre chose, quoi !<br /> Il y a 3/4 d'h que je dodeline, opine du chef, suis surprise, passe quelques secondes à ramener mon visage vers l'écran après un éclat de rire bienvenu ! (non non, les cervicales ca va, merci !)Merci pour ces conseils (bon c'est trop tard pour cette fois car j'envoie mes manuscrits mardi raaah non j'en peux plus mais ça sera utile pour après), fou-rires notamment sur la tour infernale de France Culture. Quant à la modestie que vous mettez à nous raconter votre expérience, chapeau. C'est touchant c'est drôle et talentueux. Et j'ai ENFIN ma réponse sur l'entourage dont que l'on n'a pas à sonder pour se juger. Vous avez connu vous les amis de la famille qui prennent l'air miséricordieux pour demander "et elle en vit, de ça ?". Nombreux sont ceux qui n'accordent pas le bénéfice du doute d'un quelconque talent, mais la profonde assurance que without fame, vous ne pouvez être que ... mauvais sans même avoir lu UNE ligne de votre prose. Ca c'est énervant et je crois assez général. Je ne pose pas en victime unique. <br /> Merci donc. Je m'en reviendrai vous lire ! <br /> Corine
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S
Merci à toutes les deux d'être intervenues dans les commentaires.<br /> Vous aurez droit à un emploi fictif quand je serai au pouvoir.<br /> <br /> Je ne poste plus de nouvel article mais je surveille toujours les commentaires sur le blog.<br /> Sinon venez chercher bonheur sur facebook où je suis un peu plus réactif.
C
Hello Clotilde<br /> Non, tu n'es pas la seule, si cela peut te rassurer. Les gens qui critiquent feraient mieux d'aller contempler leurs propres radis au fond du jardin - pour rester polie :)))<br /> <br /> Figure-toi que j'ai l'outrecuidance (j'adore ce mot !) de vouloir vivre de ma plume. Après tout, pourquoi pas ? Je suis publiée depuis près de 15 ans et cela ne constitue qu'une moitié de mes sources de revenus. Me voilà obligée de changer à nouveau d'éditeur, de recommencer tout ce cirque à zéro, sans garantie que ça marche, grrr...<br /> Mais c'est ainsi, et je suppose que cela est valable aussi dans n'importe quel secteur d'activité. On verra bien...<br /> <br /> Cela ne me pose pas trop de problèmes, mais il en va tout autrement dans mon entourage. On me fait des commentaires souvent assez ahurissants et parfois blessants - même si les personnes en question ne cherchent pas à me blesser délibérément. On me rabâche des lieux communs à la truelle, on me donne des conseils que je n'ai pas demandés (t'as qu'à écrire des bouquins de cul, mdr ! Tu vois, Fifty Shades of Gray, ça marche, lol !), on me met en garde contre je ne sais quels périls, on me trouve bien culottée de vouloir "mieux". J'ai envie de leur répondre qu'ils vont évidemment refuser l'augmentation proposée par leur patron, qu'ils ne désirent rien, n'aspirent à rien et que leur vie est de toute façon déjà parfaite entre Findus et la télé. Mais je me tais, c'est préférable.<br /> <br /> Bon courage à toi !
C
Hello Stoni<br /> Tes textes ici sont tous très drôles et aussi très justes ! Quand tu racontes qu'ado, tu étais bien seul avec tes textes, j'ai l'impression de lire mon double ! Toutes tes réflexions sont frappées aux coins du bon sens.<br /> Pour ma part, je suis publiée à compte d'éditeur depuis douze ans et - tiens-toi bien - ma famille n'a JAMAIS lu aucun de mes livres, pourtant agréables à lire, imprégnés d'humour anglais, pas chiants du tout ! Dans ma famille, on ne lit pas, on n'aime pas les &quot;intellos&quot;. Néanmoins, ils ne se sont jamais moqués de moi, ils m'ont juste ignorée.<br /> Quant à faire lire ses textes par des proches, c'est du suicide et du temps perdu. J'ai appris toute seule dans mon coin (et en lisant moult bios d'écrivains célèbres, lol, ça aide !) à devenir mon propre critique.<br /> J'ai testé avec succès une méthode toute simple et infaillible : j'écris quelque chose, puis je laisse reposer au fond de l'ordi pendant mettons trois mois. Après quoi je relis et il est rare que je ne sois pas horrifiée par les lourdeurs, les redondances, le manque de rythme ou des dialogues trop plats. Donc, je rectifie car trois mois plus tard, j'ai encore d'autres idées, je me suis nourrie dans l'intervalle d'autres lectures, etc. et suis capable d'évaluer mes écrits avec pertinence.<br /> Ce n'est pas évident, c'est sûr, mais rien ne l'est, n'est-ce pas ?<br /> J'ai recommandé ton blog à des aspirants écrivains. Réaction par mail de l'un d'eux: &quot;ils racontent tous la même chose&quot;. Oups. Sont-ils donc si étroits d'esprit ?
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