Blog d'un jeune écrivain... en direct depuis les tréfonds de la praxis. Ma vie matérialiste, ma cigarette électronique, du marxisme-léninisme et tous mes malheurs d'auteur publié.
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Au cours de cet été torride, que je passai dans quelque impensable libation éhontée (et dont je ne piperai mot), je reçus ce message d’une fidèle lectrice du blog.
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Cher et honorable Stoni,
Avant toute chose : bonnes vacances à toi, tu le mérites bien !
J’ai un problème.
Mon entourage est courageux, et j'apprécie sa franchise : c'est quelque chose d'assez rare je pense pour un écrivain. Il me signale gentiment qu'il n'aime pas ce que je fais, et certains n'hésitent pas à me faire comprendre que s'ils refusent de me lire, c'est que mes écrits sont trop chiants. Ouais. Carrément. Je préfère cela à une hypocrisie pourvoyeuse d'illusions.
Et pourtant, je fais des efforts : mon but n'est pas de faire de l'élitisme à deux balles ! Mais j'ai en moi des images, des effets, des thèmes, des messages que je veux rendre, et je m'astreins à m'en rapprocher toujours un peu plus : faut-il renoncer à ce qui me fait plaisir, aux thèmes et aux réflexions qui me touchent pour avoir un jour la chance d'être éditée ? Est-ce que ma manière d'écrire est plomblante par nature, car moulée dans une culture classique que je n'arrive pas à dépasser ? Ma capacité à faire chier le monde entier est-il un aveu de ma médiocrité ? Je ne sais pas, je t'avoue que je suis en plein doute. Et toi, qu'en penses-tu ?
Merci d’avance pour ta réponse, ô notre grand guide à tous.
Signé : une fidèle adoratrice
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Fichtre ! Ce message me sidéra.
Il y a peu, je vous révélais que je pensais avoir fait le tour des sujets « caca écrivain ».
Mais en voilà un, pourtant crucial, qui m’avait échappé : le douloureux problème intitulé « mes romans n’intéressent personne » (ou sa variante « les gens trouvent ça chiant ce que j’écris »).
Ce saumâtre sujet est à la hauteur d’un Stoni mode saint-bernard qui, tout à coup, retrouva sa verve bloguesque afin de voler au secours de cette charmante jeune personne.
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Quelle sera ma réponse à ce message ?
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J’en ai longuement parlé dans ces deux articles :
Les sites web participatifs de correction et de relecture
Voilà une chose que vous devez intégrer, vous les auteurs « débutants », sinon vous n’allez jamais vous en sortir.
Ô, lectorat incrédule ! Je vais te raconter une histoire : la mienne.
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J’ai commencé à écrire mes premiers romans « sérieux » vers 16 ou 17 ans.
Et tu sais quoi ?
Toute ma jeunesse, personne ne s’est intéressé à ce que j’écrivais. Mes amis ne lisaient pas, et quand ils faisaient une exception pour ma personne, ils abandonnaient mes œuvres romanesques au bout de dix ou vingt pages.
Je n’ai jamais connu un grand succès, adolescent, auprès de mon entourage.
Les caricatures que je dessinais en cours suscitaient bien plus d’intérêt !
Pourtant, j’aimais ça écrire, et j’étais assez frustré devant l’ennui qu’inspiraient mes textes !
J’ai ramé pendant des années à la recherche de lecteurs. Malgré tout, j’ai continué à écrire, car cela m’amusait.
Lorsque j’ai rencontré Aniki, il a bien voulu lire mes magnifiques histoires enchanteresses. Voilà pourquoi j’ai décidé de vivre avec lui, d’ailleurs. Non je rigole, il y avait d’autres raisons. N’empêche, ça m’a fait plaisir. Enfin !
Aniki m’encouragea les années qui suivirent. Aniki et… Aniki et c’est tout.
Jusqu’à ce que je sois publié, pas grand monde ne s’est penché sur mes romans !
Malgré tout, j’ai été édité. Ben, je vous avoue, ça n’a pas changé grand-chose. Certains de mes amis ont daigné lire mon premier roman de bout en bout. Ils n’ont pas été très enthousiastes. Ce n’était franchement pas leur truc. Ensuite, ils ne sont plus donnés cette peine.
Et pourtant ! Pourtant j’ai été édité, pourtant j’ai eu mon lectorat, et vous connaissez la suite.
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Je ne sais pas quel genre de bouquin vous écrivez, mais vous devez être conscients que la plupart des gens lisent des choses pour se détendre.
Je ne critique pas cela. C’est un simple constat.
Si d’aventure vous écrivez des choses qui ne « détendent » pas, vous risquez d’avoir un peu de mal à débusquer des lecteurs bénévoles.
Ne croyez pas pour autant que vous ne serez jamais édités. Il existe un marché pour les romans « qui ne détendent pas ». Certes, vous vendrez probablement moins de bouquins qu’un auteur de romans à lire sur la plage, mais ça ne vous empêchera pas de faire votre petit bonhomme de chemin dans d’autres secteurs.
Méfiez-vous de ce que les gens peuvent penser de vos textes. Ce n’est pas du tout un indicateur de qualité.
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