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Blog d'un jeune écrivain... en direct depuis les tréfonds de la praxis. Ma vie matérialiste, ma cigarette électronique, du marxisme-léninisme et tous mes malheurs d'auteur publié.

Toute la vérité sur le cannabis (ou : le politique de la drogue douce)

 

 



 

 

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Le cannabis touche donc toutes les classes sociales

un problème insoluble ?

 

 

 

 

Je n'ai jamais aimé le cannabis, ce même pendant mon adolescence. De par chez moi, l'herbe était très difficile à dénicher. Seule la résine (de pitoyable qualité, bien évidemment) circulait. Je dois signaler qu'à cette époque, j'étais loin d'être communiste. Ayant été élevé par des sortes de hippies prolétariens bizarres, je n'étais pas très politisé. Disons que j'étais bien plus familiarisé à l'underground freak qu'à la lutte des classes.



Donc, je n'aimais pas le cannabis. C'était très cher, je préférais dépenser le peu de fric que j'avais dans des vinyles. Et puis, le cannabis, ça ne me faisait rien. Quand, un peu plus tard, j'ai rencontré des petits-bourgeois très fiers de faire « tourner un joint » que je refusai immanquablement, face à leur étonnement méprisant, je répondais : « moi, si j'ai envie de partir, j'écoute de la musique ». C'était vrai. Écouter mes disques me transportait à des années lumière, pendant des nuits entières, seul ou pas. Je veillais jusqu'au lever du jour, le casque du baladeur sur les oreilles. J'adorais me passer The lamb lies down on Broadway à l'aube.

Aucune substance n'aurait pu égaler ce que j'éprouvais lors de cet instant pur, vierge, fragile, presque effrayant de perfection, lumineux.



Le sexe, aussi, me semblait autrement plus attirant et enrichissant que les joints...



Je n'aimais pas l'alcool pour les mêmes raisons. D'abord, dans ma famille, personne ne buvait. Mon père n'y touchait pas, ma mère non plus. Je ne raffolais pas du goût de la bière, et pourquoi me saouler ? J'avais mes disques. Je ne comprenais pas les motivations de mes camarades, lorsqu'ils se bourraient la gueule. Tous, ils devenaient laids, les filles vomissaient, les mecs étaient brutaux avec elles, ils baisaient n'importe comment et avec n'importe qui. C'était ça, s'amuser ? Putain, je préférais mille fois aller à Paris aux soirées Respect du mercredi soir (entrée gratuite sans délit de faciès). Je ne comprends toujours pas les gens qui boivent. Une fois, je me suis saoulé, histoire de voir ce que ça faisait. J'avais dix-huit ans. Je ne me souviens de pas grand-chose. A un moment, j'ai mis la VHS d'un documentaire des Beatles, j'ai regardé en insultant John Lennon (wtf ? ), puis je me suis pissé dessus tandis que je me rendais, à quatre pattes, aux chiottes. Le lendemain, j'ai piteusement lavé mon jean dans un lavabo et je me suis dit que plus jamais je ne recommencerai. Je n'ai donc plus jamais recommencé.



Mais le cannabis avait quelque chose de différent. L'alcool me dégoûtait en tant que tel. Le cannabis me rebutait pour quelque chose de supérieur, de culturel, que je ne comprenais pas bien. Le cannabis me glaçait.

Et puis, je suis devenu communiste, et puis, j'ai enfin compris.



Le cannabis est une formidable initiation au système capitaliste, et un non moins formidable moyen de conversion des masses.

Le propre du capitalisme contemporain est de bousiller la conscience de classe des travailleurs, donc la marche de la lutte des classes, en imposant un dressage idéologique quasi universel. Ce dressage s'adresse tant aux bourgeois, petits-bourgeois, qu'aux couches moyennes, et j'en passe. Le joint fait partie de ce programme.

Le joint. Totem. Tabou.

Le joint est une petite marchandise de luxe. Luxe de bas étage, certes, mais luxe tout de même. En quoi est-il luxueux ? Le cannabis est une marchandise rare du fait de son approvisionnement illégal. Il est également fétichisé par toutes les auras culturelles dont on l'a couronné. Le joint ouvre l'esprit. Le joint transporte. Le joint transcende. Le joint représente un courant. Le joint transgresse.

Comme le système est bien fait, le joint est une marchandise de luxe qui reste abordable. Chacun peut se la payer. Si tu es pauvre, tu auras toi aussi ta petite marchandise de luxe transgressive ! Tu appartiens désormais à la caste supérieure des fumeurs de joint. Tu niques le système (tel le chef d'entreprise qui cherche à niquer le droit du travail – même combat).

 

 

 

 

Voilà toute la puissance de l'hégémonie du signifiant. Tu ne possèdes pas le référent (le véritable mode de vie bourgeois) ? Ah, mais ce n'est pas grave, tu détiens au moins le signifiant, le symbole, c'est-à-dire ton pauvre joint roulé à la sauvette ! C'est déjà ça !



Bon, camarade lecteur, à ce stade, le but du jeu n'est pas de lancer un Scud sur les fumeurs de joints. Avec un tel matraquage idéologique, on ne peut guère leur reprocher d'avoir cédé à ce pitoyable petit luxe bourgeois. De même qu'on ne reprochera pas à Pasolini d'avoir abusé des coupés sport. De même qu'on ne reprochera pas à Marx d'avoir engrossé sa bonne... Je pense qu'il n'y a guère d'intérêt à taxer les fumeurs de joints de social-traîtres. Le cannabis en tant que tel ne me pose aucun problème, c'est la façon dont il est produit et consommé qui me gêne. D'ailleurs, je suis personnellement pour la légalisation (et la nationalisation et la gratuité) de toutes les drogues.

Néanmoins...



Camarade-lecteur ! Si toi-même tu fumes des joints, ne te fouette pas en signe de repentance ! Pense à ceux qui ont d'autres vices capitalistes : les coupés sport, les émissions de télé-réalité, les fringues The Kooples ! Mais tâche de rester conscient du non-dit du joint et répands la bonne parole prolétarienne autour de toi !







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C
<br /> Dans les années 80, ce que je me faisais tartir chez certais copains qui n'avaient en commun que ça. Le cannabis veux-je dire. Ca ne parlait que de ça, plans pour en trouver du bon, projets de<br /> voyages autour de ça, récits de mésaventure ("et alors le flic il s'approche et il me demande mes papiers et moi j'avais la barrette dans la braguette"), et ça tournait en rond, ça tournait en<br /> rond. <br /> <br /> <br /> Perso j'ai fumé deux fois/ La première m'a procuré un fou rire qui était peut-être plaisant sur le coup, mais totalement incompréhensible en y repensant. Je veux dire, rien n'était drôle... Le<br /> second m'a envoyé aux chiottes pour la nuit. En plus, ça coûtait du pognon cette saloperie. J'ai stoppé là... <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Mais franchement, mes copains qui se croyaient rebelles parce qu'ils tiraient sur leurs joints, et la grosse mythomanie là autour, ah là là. Quand ce n'était pas ça, l'époque était de passer des<br /> soirées interminables sur ce qu'il convenait de choisir comme chaîne stéréo (pour les vinyles justement). ce que ça me faisait tartir aussi, ça...<br />
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J
<br /> Moi, je n’avais pas tous ces états d’âme car JE NE PAYAIS PAS l’herbe ou la<br /> résine ! Les camarades venaient chez moi écouter de la musique pendant que les autres faisaient du sport au lycée. Et on écoutait des vinyles…<br /> <br /> <br /> Plus sérieusement, ton développement me fait penser au Capitalisme de la séduction du regretté Michel CLOUSCARD. Encore un effort Cam. Stoni et les éditions Aden t'accueilleront à bras ouverts !<br />
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