Blog d'un jeune écrivain... en direct depuis les tréfonds de la praxis. Ma vie matérialiste, ma cigarette électronique, du marxisme-léninisme et tous mes malheurs d'auteur publié.
Voilà quelques années, les rues de nos grandes villes ont accueilli les vélos dits à « pignon fixe », aussi surnommés « fixies » ou « single speed ». Nombre de braves gens étrangères aux subtilités du monde cycliste n'y auront prêté attention. De prime abord, le fixie est un vélo comme un autre. D'ailleurs, si le néophyte le remarque c'est parce que, bien souvent, il est peint de flamboyantes couleurs, jaune citron, rose fluo, et j'en passe.
Or, la caractéristique fondamentale du fixie échappe à l'honnête homme. Le fixie est équipé d'un pignon fixe.
J'explique.
Sur un vélo normal, nous avons plusieurs vitesses et plusieurs plateaux. Ça ressemble à peu près à ça.
Sur le fixie, il y a une seule vitesse et un seul plateau, si je puis dire.
En général, le fixie n'est pas équipé de freins. Pour t'arrêter, il y a différentes méthodes.
Voilà voilà.
Bon, jusqu'ici, pourquoi pas. Personnellement, je suis content de disposer de vitesses quand je circule en ville, surtout quand une côte s'offre à mes roues, mais, après tout, le masochisme est une tendance psychologique comme une autre.
Le fixie est souvent conduit par une sorte de hipster, c'est-à-dire de branché, qui, comme la plupart des branchés à vélo, fait n'importe quoi sur la route (grillage de feu rouge à gogo, doublage de voitures sur la droite, etc).
Pourquoi pas. Moi, je m'en fous. Si le hipster a envie de se faire écraser, c'est son souci, le penchant suicidaire est une tendance psychologique comme une autre.
Seulement, le fixie me posa très vite un problème. Un scandale honteux se cache là-dessous.
Le fixie est, dans la majorité des cas, un ancien vélo mutilé. Et pas n'importe quel vélo. De magnifiques vélos de course, plus ou moins âgés, de marque, de grande marque, de superbes machines, voire même des vélos en carbone, ont été amputés de leur pédalier, de leurs freins, et transformés en risibles gadgets pour citadins.
Quand tu aimes le vélo, quand tu pratiques le vélo, ce n'est pas acceptable.
Ô, pauvre cœur qu'est le mien ! Lorsque, voyant un fixie stationné, je décelai, sous la couche de peinture rose bonbon dont on avait honteusement enduit le cadre, le logo de la marque Bianchi, un fabricant italien de cycles dont le moindre modèle me fait rêver (et le prix aussi, d'ailleurs). Parfois, je reconnus un cadre en carbone dans ces pitoyables fixies. Un cadre en carbone, putain. Je veux dire, un cadre en carbone, c'est le top, le plus léger, c'est avec ça que tu caracoles dans les côtes. Pourquoi foutre un cadre en carbone sur un putain de fixie, un truc qui n'est décemment pas fait pour grimper des montées ?
Et voilà comment, sous le prétexte d'une mode états-unienne, le fixie amputa et assassina tant de beaux vélos qui auraient
pu connaître une seconde vie de cyclotourisme et de promenade. Un crime dont, évidemment, personne n'a encore osé parler.
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