Blog d'un jeune écrivain... en direct depuis les tréfonds de la praxis. Ma vie matérialiste, ma cigarette électronique, du marxisme-léninisme et tous mes malheurs d'auteur publié.
Difficile d’expliquer à des non communistes ce que signifie un « gauchiste » dans notre jargon.
Ça ne veut pas dire « quelqu’un de gauche », comme dans le langage courant.
Ça veut dire quelqu’un qui est de gauche mais qui n’est pas communiste. Ça veut dire les gens de gauche qui veulent que « ça change » mais qui récusent l’URSS (pourtant une économie, avec ses qualités et ses défauts certes, où les choses ont considérablement changé). Ceux qui veulent une autre révolution, un dépassement du capitalisme… les mélenchonistes… puis, les alters de tout poil, les marginaux plus ou moins volontaires… Aux gauchistes, j’assimile volontiers les rebelles sans cause et les anars.
Le terme nous vient de Lénine qui rédigea Le gauchisme, la maladie infantile du communisme, dans un contexte assez différent.
Il y a certains gauchistes qui ne me dérangent pas.
Je les respecte lorsqu’ils s’assument.
Par exemple, les mecs qui tiennent l’épicerie bio que je fréquente. Des écolos, des anars… Politiquement, on est pas du tout sur la même ligne. Mais je les aime bien car ce sont de vrais écolos, de vrais anars. Ils ont fondé leur coopérative, ils vivent réellement de façon alternative, ils vivent pauvrement, ils vivent selon leurs convictions.
Toutes les petites gens, un peu alter, un peu rêveuses, qui travaillent dans le social, qui vivotent, qui restent en dehors des marges... Qui ne gagnent pas beaucoup...
Ils ont voulu vivre autrement et ils le font pour de bon.
Question de courage, de dignité, d’honnêteté.
Ceux que je respecte beaucoup moins, ce sont les gauchistes qui ne s’assument pas.
Hélas, j’ai été amené à en croiser pas mal.
Ils critiquent « le système » - certains allant même jusqu’à se déclarer « anarchistes » - mais ne perdent jamais le nord, ça non : issus des classes moyennes petites-bourgeoises, ils ont bien sûr fait les études qu’il faut pour ne pas devenir pauvre. Ils auront un emploi qui les maintiendront dans leur classe. Certains « anars » bossent même pour l’Etat. Après avoir fait une école d’ingénieur. On crache sur « le système » quand ça arrange, n’est-ce pas.
A trente ans, ils consomment de temps à autre du cannabis (qui est, je le rappelle, le produit petit-bourgeois par excellence) à l’abri du regard de leurs enfants (ils se sont reproduits, en bons conformistes), mais lundi matin ils retourneront au travail pour gagner leurs 3500 € mensuels.
Faut pas déconner, hé.
Chez les auteurs, c’est pareil. Gauchistes devant l’éternel, rebelles, anars, pseudo-guévaristes, évidemment anti-soviétiques, mais qui n’ont jamais refusé les honneurs institutionnels prout-prout, qui n’ont jamais foutu le pied dans une entreprise de leur vie, et qui sont toujours enclins à accepter une bourse accordée par un Etat qu’ils n’ont de cesse de critiquer.
Ça me fait aussi penser aux communistes. A certains camarades. Toujours là pour défendre la classe ouvrière et donner de grandes leçons à son sujet... mais beaucoup choisissent soigneusement de faire les études qui leur promettront de ne surtout pas intégrer cette dite classe…
Je n’aime pas ça.
Et j’ai l’habitude qu’on me traite d’ouvriériste.
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