Blog d'un jeune écrivain... en direct depuis les tréfonds de la praxis. Ma vie matérialiste, ma cigarette électronique, du marxisme-léninisme et tous mes malheurs d'auteur publié.
J'ai eu de la chance, jusqu'à présent. Je n'ai jamais eu de critiques négatives dans de grands médias. Il faut dire que, dans les grands journaux, à la radio, voire même à la télé, la critique négative se fait rare. On parle davantage des livres qu'on a aimés. La mauvaise appréciation est souvent réservée aux auteurs célèbres dont le roman est très attendu.
Lorsque les « jeunes auteurs » sont chroniqués dans les grands médias, ils ont de fortes chances de n'être pas trop mal traités.
Il n'empêche que j'en ai eues, des critiques négatives. Sur des médias moins importants. Ou même par oral, de la part d'un lecteur, lors d'un salon ou d'une conférence.
Pour moi, la critique négative n'est pas la critique mi-figue mi-raisin qui relève tant le positif que le négatif – le style est soigné, travaillé, mais il y a ci, il y a ça.
La critique négative est uniquement négative.
En gros, tu t'en prends plein la gueule du début à la fin. Pas de répit.
On me demande, parfois, ce que ça fait, d'avoir des critiques négatives.
Je réponds que ce n'est pas très agréable.
En vérité, j'ai un ressenti autrement plus véhément.
J'ai dû attendre pour en obtenir des gratinées.
Et quand elles sont arrivées... elles sont arrivées.
Peu importe d'où elles viennent, elles font mal. Y compris de la part d'un obscur blogueur, totalement inconnu, qui vous envoie le lien vers sa chronique histoire que vous puissiez savoir ce qu'il pense de votre bouquin (et, après tout, il a bien le droit de le faire).
Il y aussi celles dont on prend connaissance grâce à un fan, qui vous les envoie avec la promesse d'abattre leurs rédacteurs...
Les fans devraient comprendre que l'on s'en passerait bien, de leurs manifestations de loyauté...
Que dit la critique négative ?
Elle dit que tu as écrit (ou peint / réalisé / enregistré / joué, etc.) un joli tas de merde. Ni plus ni moins. Avec des arguments. Sur cinq ou cent lignes.
On se demande comment un livre aussi débile a pu être édité... Quand on pense au prix que ça a dû coûter en papier chez l'imprimeur... Une véritable arnaque... ça ne vaut même pas deux euros chez Maxilivre... L'histoire n'a aucune consistance... Les dialogues ne sont pas crédibles... D'un ennui mortel... Terminer ce roman m'a demandé un effort olympique... Rien à voir avec le dernier opus de Truc, qui, lui, a révolutionné la littérature (je te raconte pas l'effet que ça te fait si d'aventure tu peux pas encadrer le Truc en question). Du sous Bidule (Bidule étant un auteur connu), du sous Machin...
Comme tu t'en doutes, la première fois, ça fait bizarre.
Mais il y a pire.
La critique négative ad hominem.
En gros, elle vise non seulement ton œuvre, mais aussi ta personne.
Cet idiot congénital a dû être pistonné pour trouver un éditeur... Un inculte incapable d'utiliser un registre de langue convenable... Promotion canapé ?... Racoleur, vulgaire, voilà un pseudo écrivain tout juste bon à jeter aux chiottes... On se demande où il a pu apprendre à écrire, si toutefois il a appris un jour... Poseur... Déviant sexuel... Je l'ai entendu l'autre jour sur telle radio, c'est un vrai connard, j'espère qu'il se fera vite écraser par un camion... Il se la joue... Il ne travaille pas assez ses romans, sans quoi il en écrirait de meilleurs...
Comment tu te sens, après ça ?
Ben...
Au choix : comme une limace aplatie par un trente-huit tonnes sur le bord de l'autoroute (puisqu'on parlait de camion), ou criblé de balles par une rafale d'AK-47 (mais y'en a pas qu'une, d'AK, y'en a quinze – au bas mot).
Là, tu t'énerves. Et t'as envie de répondre.
Qu'est-ce t'en sais si je travaille ou pas mes romans, connard ?
Et tu peux rester en dehors de ma vie privée et de mes relations intimes avec les camions, bordel de merde ?
Sauf que ça ne servirait à rien.
Moi aussi, j'ai dit la même chose après avoir vu un film que je n'avais pas aimé.
Mais là, c'est écrit, noir sur blanc, ça te concerne, tu le lis et ça n'est pas près de disparaître.
Voilà. Tu es écrivain.
Même si tu n'es pas encore mondialement connu et que tes ventes restent tout simplement « satisfaisantes », tu es devenu une personne publique.
Il faut faire avec.
Il n'y a pas à répondre à ce genre de propos.
Des gens me détestent. Me méprisent. Tiennent des discours relativement inquiétants au sujet de ce qu'ils croient que je suis : sur ma vie privée, ma sexualité, ma famille, etc.
J'ai découvert que des gugusses scrutaient la moindre de mes paroles, sur le net, dans les médias, ou même ailleurs, pour les décortiquer et me critiquer, pour analyser ma « position d'artiste » et bien entendu, au final, me discréditer. De grandes discussions sur des forums m'étaient consacrées... Plus ou moins haineuses... Il y a en qui guettent « le prochain livre » uniquement pour le jeter en pâture.
C'est comme ça.
Je n'y peux rien.
Alors, j'ai décidé de ne plus lire les critiques. Bonnes ou mauvaises.
Ce n'est pas facile. Des fois, je craque.
Mais, le reste du temps, je me sens mieux.
Au bout d'un moment, scruter et dévorer ce que des inconnus disent de toi, ça n'est pas très sain...
Je ne suis pas le seul à avoir pris cette décision.
C'est mieux comme ça, je crois.
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