Blog d'un jeune écrivain... en direct depuis les tréfonds de la praxis. Ma vie matérialiste, ma cigarette électronique, du marxisme-léninisme et tous mes malheurs d'auteur publié.
Ah, la nouvelle ! Combien êtes-vous à en écrire, gentils camarades lecteurs stonistes ? Une flopée, j'en mets ma main de romancier à couper. D'ailleurs, ces dernières semaines, j'ai reçu plusieurs messages à ce sujet. Ces jeunes gens, angoissés, souffreteux, insomniaques, étaient torturés par THE question of the edition :
COMMENT FAIRE EDITER UN PUTAIN DE RECUEIL DE NOUVELLES ?
Et moi, j'avais, hélas, une bien triste nouvelle à leur annoncer.
Ah, la nouvelle ! Je n'ai jamais su en écrire. Je suis long à la détente, je n'ai pas l'esprit vif. Pour développer une histoire, il me faut au moins une centaine de pages. Pourtant, j'apprécie la nouvelle. Lisez Carver. Quelle absolue perfection.
Ah, l'édition de la nouvelle ! Que d'espoirs de la part des jeunes auteurs, et quelle pitoyable réalité à accepter.
Voici le dernier mail que je reçus à ce sujet.
Ô honorable Stoni,
Je lis ton blog que je kiffe trop. Je te trouve vraiment trop trop fort, t’es la force puissance 10, mieux que les pokemons ! Sérieusement, tu parles beaucoup du monde éditorial lié au roman dans
ton blog (blog au passage « génial de la mort qui tue », et non j’en fais pas trop, pas du tout), mais j’ai écrit mon premier recueil de nouvelles et je ne sais pas si tous tes conseils
s’appliquent également pour ce genre (enfin, je suppose qu’il y a des similitudes, « faut pas déconner non plus », comme tu dirais).
Peux-tu m'aider, ô admirable Stoni ?
PS : Je suis secrètement amoureuse de toi depuis l'âge de douze ans. C'est dire.
Evidemment, en bon saint-bernard, me voici au garde-à-vous pour répondre à cette subtile jeune femme, et à tous mes nouvellistes de lecteurs par la même occasion.
Un premier élément important à dire sur l'édition de la nouvelle : faire publier ton recueil va pas être coton. Car l'édition de la nouvelle, en France, est quasi moribonde.
Ouais, bon, un roman c'est pas coton à publier non plus, je sais. Mais la nouvelle, c'est encore pire.
Pourquoi ? Parce que les nouvelles ne se vendent pas. Sauf peut-être dans les littératures de genre (je pense à la SF particulièrement), et encore, je doute qu'un jeune auteur de SF puisse se faire déniaiser de l'édition grâce à un recueil. Oui, je sais, c'est débile. Mais ça se passe comme ça, chez McDonald's.
Déjà que le roman se vend mal (voir le baromètre Stoni des ventes de premier roman), mais alors, la nouvelle, à côté, ça fait grave pitié.
Or, si la nouvelle est un style littéraire qui ne se vend pas, tu comprendras que les éditeurs n'en éditent pas, ou très peu. La plupart des recueils édités actuellement sont : traduits d'une autre langue et/ou signés par un auteur qui a déjà fait sa réputation. Vous débusquerez toujours des exceptions. Qui resteront des exceptions.
NOTA MOLTO BENE
Quand je parle de l'édition et des ventes des nouvelles, je parle de l'édition classique, papier, correctement distribuée. Bien sûr, Machinchose éditions, distribuées par Bousin Diffusion, éditera peut-être tes nouvelles. Mais, dois-je le préciser, mon blog traite du monde de l'édition classique de livres qu'on trouve dans les librairies. Je ne parle pas de la micro-édition, ni de l'édition numérique, ni du compte d'auteur, ni de l'Harmattan, ni des petits éditeurs de campagne. Voilà voilà, faut préciser des fois...
Je reviens à mes nouvelles, donc. Clairement, ce n'est pas le format que je conseillerais à un jeune auteur qui n'a jamais été édité...
Nombre d'éditeurs adorent la nouvelle, en lisent, mais n'en publient pas. L'édition est un marché qui obéit aux lois d'offre et de demande. C'est ainsi.
Au jeune auteur qui écrit des nouvelles et qui aimerait les faire publier, voilà mon message. L'écriture est un acte qui doit rester un plaisir. Continue à écrire ce qui te procure de la satisfaction. Rien ne t'empêche de te consacrer à cette forme de narration qui, visiblement, sait t'inspirer. Mais pour tenter une première publication, la nouvelle est plus handicapante encore qu'un roman. Hélas !
Or, rien ne t'empêche d'essayer tout de même. Peut-être seras-tu cette fameuse exception qui confirme la règle.
Tu n'es pas le seul auteur à privilégier la nouvelle. D'ailleurs, beaucoup trichent, aujourd'hui, pour malgré tout en écrire et faire publier... Des primo-romanciers construisent des romans en jouxtant des nouvelles. En tendant un « arc narratif » entre différents textes, tu peux te retrouver avec un manuscrit de roman viable. Cela demande un travail qui est avant tout une œuvre de travestissement. Si ce jeu-là ne te rebute pas...
On m'a aussi demandé si la nouvelle était un genre littéraire à part. Non, la nouvelle appartient au genre de littérature où elle s'inscrit. Par exemple, la nouvelle de SF appartient à l'univers de la SF. A ma connaissance, les tirages et les à-valoirs des recueils sont équivalents au roman, peut-être légèrement moindres.
Pour les courageux qui souhaitent malgré tout tenter l'aventure, la plupart de mes conseils sur l'édition s'appliquent donc à la nouvelle : présentation du manuscrit, appréhension de la mentalité du milieu, premiers contacts avec les éditeurs, négociation, et puis tout le toutim. Visez surtout les éditeurs qui publient le genre de vos nouvelles, et qui ont au moins une fois édité de la nouvelle.
Dans un prochain article, je te parlerai des concours de nouvelles, car j'ai découvert qu'il existait un véritable mythe à ce propos. Et les mythes, sache-le camarade lecteur, sont uniquement faits pour être démontés. Un concours, c'est probablement un jeu. Un concours, ce n'est certainement pas de la littérature.
Une question ?
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