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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 14:26

 


 

 

Une magnifique formule de Trofimov, publiée il y a peu sur son blog, m'a fait re-songer à la vie militante : « Il ne faut pas tant médire du militantisme. Il nous offre des déceptions que rien d'autre ne procure. »

 

Te dire, ô camarade lecteur, que la phrase est d'une pertinence insigne, c'est encore trop peu.

 

Re-songeant à ma vie militante, je re-songeai à toutes les joies et les innombrables peines que j'eus affrontées au sein du dernier parti communisant de France.

 

Et, là-dedans, entre autres, je suis tombé sur la personne du « compagnon de route ».

Qu'est-ce qu'un compagnon de route ? Un compagnon de route c'est un mec qui sympathise avec les idées d'un parti politique, mais qui n'en est pas membre. Depuis longtemps il soutient le parti, peut-être en votant pour lui aux élections, s'y intéresse et, éventuellement, fréquente certains de ses militants. Mais le compagnon de route a choisi de rester indépendant.

Grand bien lui en fasse.

Cela dit, pour avoir été à la pointe de l'arpentage de marchés dominicaux et du boîtage sauvage (distribution de tracts dans les boîtes aux lettres de citoyens innocents), je peux t'assurer que le compagnon de route est, parfois, encore plus chiant que le militant (faut le faire).

 

 

 

Le compagnon de route qu'il est pas trop chiant

 

 

Le compagnon de route qu'il est pas trop chiant c'est celui qui a été membre du parti dans sa prime jeunesse mais qui a, depuis, rendu sa carte.

Celui-là te saoule pas trop : il connaît tout ce que tu as vécu. Ton chemin de croix, il l'a déjà tracé. Il compatit, en fait. Bien sûr, tu sais qu'il a raison et que tu aurais tout intérêt à quitter le rafiot politique, toi aussi. Sauf que tu ne le fais pas. Va savoir pourquoi. Peut-être parce qu'on t'a dit un jour : « une fois qu'on entre au PCF, on en sort pas ».

 

Bref, le compagnon de route ex-camarade tend à se moquer de tes désarrois de militant, parce que, lui, il en est revenu. Cela dit il sera toujours d'un bon conseil et son côté anti-autoritariste est plutôt plaisant (n'importe qui de sensé devient forcément anti-autoritariste, lorsqu'il a pratiqué le militantisme : la démocratie s'arrête aux portes du parti politique, quel qu'il soit...).

 

 

Le compagnon de route qu'est chiant

 

Le compagnon de route qu'est chiant n'a jamais été membre de ton parti politique. Cela dit, il suit la chose depuis le début. En général, il est vachement plus âgé que toi et il commence à te faire la leçon d'histoire, entre l'étal fruits et légumes et la fourgonnette du boucher hallal au marché du coin.

- Même en 1976, je suis resté proche du Parti Communiste !

- Ah oui...

Tu lui as donné un trac sans savoir qu'il était compagnon de route. Putain tu commences à regretter là.

- Et tu sais ce qui s'est passé en 1976, au moins, jeunot ?

Le jeunot c'est toi, évidemment.

- Euh oui je sais, c'est l'abandon de la...

- C'est l'invasion soviétique en Afghanistan ! Vous connaissez pas ça, vous les jeunes !

- Hum...

Sauf que « l'invasion » soviétique c'était en 1979. 1976 c'était l'abandon de la dictature du prolétariat comme modèle de gouvernement.

Faisant fi de sa confusion chronologique, le compagnon de route te saoule pendant une heure. Il est pas méchant, mais il saoule, quoi.

Là-dessus il s'intéresse au tract que tu distribues, quand même. Il se rend compte que dessus il y a la faucille et le marteau. Putain ça lui fait un choc au mec !

- Mais c'est pas un tract officiel, non ?

- Non, c'est avec des copains qu'on l'a fait, on voulait dire que certains militants sont contre le Front de Gauche. Que c'est contesté, quoi.

- Dans un parti politique faut être soudés ! Faut pas vous amuser à faire de la dissidence, comme ça. Bien entendu, vous avez le droit d'avoir vos opinions. Je dis pas ! Mais de là à tracter contre votre propre parti ! Le parti communiste a assez de problèmes, ça suffit, vous trouvez pas ?

Ben non, à vrai dire, je trouve pas.

C'est ça le gros souci avec les compagnons de route qui sont chiants. C'est qu'ils n'ont jamais foutu les pieds dans un parti et qu'ils te donnent des leçons de morale. Putain mec, vas-y juste six mois, dans un parti, militer pour de vrai et tout. Moi je ne te parle pas des petites réunions toasts pinard avec les huiles du conseil départemental. Non, moi je te parle du travail de la base, de traîner tes putains de baskets dans les marchés, dans les rues, à coller des affiches, à aller aux réunions de cellules et toutes ces conneries. Ben on verra, après, si t'as pas envie de distribuer des tracts qui critiquent les orientations « majoritaires » de ton propre parti.

- Je tracte pas contre mon propre parti, au contraire. Je dis qu'il y a encore des gens lucides dans mon parti.

- Mais tu donnes une mauvaise image de la direction du Parti. Tu les fais passer pour des guignols. Ou des staliniens.

- Mais ce sont des staliniens, par la méthode, tout en étant réformistes par l'idéologie. Super mélange.

- Alors, si t'es pas content, change de parti !

Là t'as envie de lui rétorquer : alors, si c'est si bien que ça, va au Parti !

- Hé, si j'ai envie de rester dans mon parti, je fais ce que je veux monsieur. Quand même. Je suis désolé, mais dans ce tract on dit simplement la vérité. Qu'on a jamais été consultés sur le Front de Gauche, nous les militants communistes. Vous ne le savez peut-être pas, puisque vous n'êtes pas au Parti...

 

Le compagnon de route a raison, de toute manière. T'auras beau argumenter... Il est plus âgé que toi et il en a vu des vertes et des pas mûres.

Ok, mais il n'a pas vu la réalité. La réalité c'est s'encarter à vingt ans et des poussières, se faire presser comme un citron, se faire exploiter et insulter comme une merde, se faire traiter de sale stalinien et se faire jeter comme une putain de vieille chaussette (rouge, la chaussette).

 

Pour ça, le compagnon de route ancien militant est cool. Il comprend.

Et il part d'un grand éclat de rire quand tu lui soutiens que tu ne rendras jamais ta carte – enfin, du moins, que tu espères que tu ne rendras jamais ta carte.

Il a pas tort. Y'a franchement de quoi se marrer.

 

 

 

Dialectique. Hyperréalisme radical. N'oublie jamais d'analyser le monde à la hauteur de ta lunette de chiottes.

 

 

 

 

 

 

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commentaires

S
<br /> <br /> Mon bien cher Hermite Camarade,<br /> <br /> <br /> Quelle heur as-tu de vivre parmi les vignes, dans quelque terre généreuse de l'ouest français.<br /> <br /> <br /> Mmh vu la teneur de ton commentaire il me semble que tu es tout à fait capable d'écrire à ton tour une grande oeuvre littéraire, mettant en scène Angela ou de jeunes camarades de la JC en<br /> goguette.<br /> <br /> <br /> Je suis plutôt Beretta 92 ou AK-47 que P33 mais bon, une question de génération je suppose.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Crois-moi bien,<br /> <br /> <br /> Ton fidèle camarade,<br /> <br /> <br /> Stoni.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Stone, tu es stone, et avec les restants du mur des fédérés, tu rebâtiras « Le » parti,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je me suis toujours demandé qui se cachait derrière ce sac en papier digne d’un écrivain de polars de « Greenwich –<br /> village », grâce à John Reed et Jack London, je sais maintenant que nous avons l’ombre nord-américaine d’Hemingway.<br /> <br /> <br /> Tu le sais camarade Stoni, chez nous se sont essentiellement des sacs plastiques, qui nous servent à transporter nos courses, enfin<br /> tant que les directives de l’agent de la bourgeoisie : Leclerc, infiltré dans nos banlieues, ne nous les supprime pas totalement, et à travers un sac plastique tu deviendrais clair, trop<br /> clair.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ton sac est donc (conclusion autoproclamatoire) nord-américain, et c’est là ta principale déviation, car pour un<br /> « orthodoxe » tu es déjà sans le savoir, déviationniste, en effet si c’était celui de mon vendeur de fruits et légumes du marché (situé sur les hauteurs de Paname là où ils ont envoyé<br /> les enfants du Bol d’Air, dont je fais parti, se refaire les joues RRRRRouges) il serait beaucoup trop petit pour planquer ta tête d’autonomiste bolchevick, façon section du Cap Corse. Donc, tu<br /> es un pur produit du tayloro-fordisme et des I.W.W. Cela me rassure car grâce à ton ordi et la révolution informationnelle, tu vas peut-être nous expliquer la stratégie de Pierre Laurent, sinon<br /> dans un roman, au moins en une courte (très courte) nouvelle.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Vétéran à trous (i.e. : Vétéran étant sorti- réentrée), pris dans le nœud du sac, comme toi je connais le spleen de l’aveugle en<br /> sa caverne, mais grâce à Sponville et sa philosophie du désespoir (ou de l’a-espoir) je me soigne. Si j’avais du talent comme toi, j’écrirai :<br /> <br /> <br /> - Une histoire de noir de l’Alabama près à être pendu repensant à Angela à Dynamite – Hill.<br /> <br /> <br /> - Celle d’un syndicaliste de Détroit déjà pendu, errant dans une ville fantôme à la recherche de la noire Ford T4.<br /> <br /> <br /> - Celle d’un mouchard républicain irlandais chargé de reconnaître les agents du P.G.E dans les castings des films de<br /> Ford, <br /> <br /> <br /> - Celle de membres de la J.C se livrant la nuit au C.N à une sarabande derrière les portes fermées du bunker, et soucieux que leur<br /> carrière ne soit pas entachée  par un passé trop porté sur : l’alcool, les camarade(e)s et les cigares castristes.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Donc, pour ton soutien et devant la commission de conciliation du parti, j’affirme :<br /> <br /> <br /> Ce sac n’a rien à voir avec l’Inquisition,<br /> <br /> <br /> - Le Ku-Klux-clan,<br /> <br /> <br /> - Le G. I .G .N,<br /> <br /> <br /> - La mise sous Burqa d’un trans – parti.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je pencherai plutôt pour :<br /> <br /> <br />  - Un repenti des années de plomb, en mal d’inspiration, remontant en<br /> lumière basse tension, son P3 3.<br /> <br /> <br /> - Un partisan de Fontanier et d’Umberto Eco ayant trop bu avec Pifou : « Tropes pas Tropes » et cachant le discours de<br /> sa figure.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> - le dernier des Communards (1/4 de cassis, ¾ de rouge) ayant dévalé la rue des Pyrénées dans une caisse à savon, comme<br /> quand j’étais jeune, pour se prendre de face la porte des bains-douches. Prends soin de toi Poulbot,   <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />                                               <br />                                      <br /> L’Hermite du Moulin de Saquet.   <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
O
<br /> <br /> Vive le tennis, compagnon de route du foot, devenu sport populaire, de bourgeois qu'il était (?)!!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Vivent Na Li et la République Populaire de Chine (en espérant qu'elle le redeviendra, populaire, mais sans nouvelle "révolution culturelle" maoïste sanglante, de préférence)!!<br /> <br /> <br /> <br />
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X
<br /> <br /> moi je suis passée directement du statut "camarade" a "partie dans le fossé" :)<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> <br /> Oui je tiens toujours bon sans clope ! Aucun souci, même !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Pour les réunions au pinard, je suis d'accord, moi aussi j'en ai faites. Mais pas avec les huiles du Conseil Départemental (sauf quand on m'invitait, au tout début, par condescendance, histoire<br /> d'avoir un jeune-précaire-issu-d'un-quartier-difficile-ouvrier à exhiber).<br /> <br /> <br /> <br />
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